fouiller des glacières ou des machines à glaçons

AccueilEntreprise/ Prévisions du marché des machines à glaçons au Moyen-Orient et en Afrique – La demande croissante de produits anti-âge stimule la croissance. Entreprise Prévisions du marché des machines à glaçons au Moyen-Orient et en Afrique – La demande croissante de produits anti-âge stimule la croissance . Data Bridge Market Research Lesmachines à glaçons Histoire des machines à glaçons. Au milieu du XIX e siècle, il fallait se procurer les glaçons dans les Alpes. Des paysans devaient casser des tonnes de glace au bâton de dynamite. Ces blocs de glace atteignaient souvent 100 kilos. On les faisait dévaler les montagnes sur de grands glissoirs. Des paysans travaillaient toute la journée à −20 °C à ce outrouver des glacons en urgence pour machine en panne bordeaux - GELAQUITAINE est le spécialiste en Gironde de la glace pour les professionnels : vente en gros de glaçons, de blocs de glace, de carboglace pour restaurateurs et événementiel. LaTerre. Ce mot fît frémir Nelly qui se mit à trembler, assise en tailleur, complètement perturbée. Le colonel n\u0019était pas un officier pour son look d\u0019éternel Fournisseurde : Glacières | Grande distribution | Glaçons et paillettes - machines. Fournisseur de : Glacières | Vitrines et présentoirs réfrigérés. TECI ET COM fabrique des emballages d'exceptions depuis plus de 30 ans. Nous disposons d'une large gamme de sacs, boîtages, calages, adaptée à vos besoins. Phrase De Présentation Pour Site De Rencontre. Vente de machines à glaçons professionnelles Pour les professionnels de la restauration, disposer d’une machine à glaçons fiable et efficace est un plus à ne pas négliger. C’est pourquoi Procold a sélectionné pour vous les fabriques à glaçons de la marque phare du secteur ITV. Fabricant de machines à glaçons professionnelles, ITV offre une gamme de machines de qualité pour fabriquer des glaçons pour toutes les occasions glaçons en cubes, en paillettes ou en écailles, vous trouverez forcément la machine qu’il vous faut. Procold, votre spécialiste du froid, vous propose donc d’acheter les produits de la gamme de fabriques à glaçons ITV à des prix défiant toute concurrence. Profitez-en ! La machine à glaçons de marque ITV a été conçu pour fonctionner dans des conditions les plus rudes. En effet cette machine à glaçons est dotée d'un condenseur tropicalisé capable de travailler dans un environnement de plus de 43°C et si cela n'est toujours pas suffisant nous proposons des machines à glaçons avec un système de refroidissement par eau. Procold garantie votre machine à glaçons 1an pièce et main d'oeuvre. Comparatif des meilleures glacières électrique de 2019 Les préparatifs pour partir en vacances sont toujours une aventure à laquelle il faut se préparer en avance. Vous devez penser à tous les détails logistiques, y compris à amener tout le matériel pour cuisiner. Cela passe par le transport de la plaque de cuisson et du mini-four. Mais la glacière électrique a beaucoup de succès en ce moment. Non seulement, elle se transporte facilement, mais elle permet aussi de stocker au frais un nombre impressionnant de liquides ou de solides. Notre équipe d’experts a donc testé des dizaines de glacières électriques afin de vous présenter ce comparatif avec les 3 meilleures de 2019. Vous êtes prêt ? Alors on y va ! Comparatif des meilleures glacières électriques Table des matières1 Comparatif des meilleures glacières électriques2 Mobicool Q40 La meilleure glacière électrique de l’année Une allure qui donne La fée électricité est l’allié des détendeurs de cette glacière électrique3 Glacière électrique Mobicool W40 AC/DC Le meilleur rapport qualité/prix Une ergonomie bien pensée et Où emmener sa glacière électrique ?4 Mobicool W48 AC/DC La meilleure glacière électrique pas Qu’est ce que la mousse Polyuréthane?5 Comment choisir sa glacière électrique ?6 Les avantages et inconvénients d’une glacière électrique7 FAQ Nous répondons à vos questions8 Notre verdict sur les glacières électriques9 Comment garder la ligne et bien manger ? Mobicool Q40 La meilleure glacière électrique de l’année Voir le prix Avantages Comme l’atteste la photographie ci-dessus, on peut ranger le câble dans le couvercle Grâce à à ses coins en aluminium, la glacière électrique est solide Inconvénients Ce modèle de glacière électrique ne possède pas de roulettes Une allure qui donne envie Même si on le voit pas sur la photo que nous avons sélectionné, nous devons vous spécifier que cette glacière électrique est connue pour être très solide. Conçue tout en aluminium, son revêtement en est la preuve la plus flagrante. De plus, des coins en acier viennent renforcer sa robustesse légendaire. Malgré ses presque dix kilos, vous pouvez la déplacer grâce à poignées latérales disposées sur les côtes. De ce fait, cette glacière électrique demeure l’exemple type de l’accessoire qu’on peut utiliser partout sans craindre de tomber en panne en cours de terme d’isolation, cette glacière électrique possède un revêtement en mousse polyuréthane. Nous vous expliquerons ses qualités un peu plus tard dans ce comparatif, mais sachez que c’est ce qui se fait de mieux actuellement sur le marché de la glacière électrique. La fée électricité est l’allié des détendeurs de cette glacière électrique En plus, vous pouvez la brancher à l’intérieur comme à l’extérieur. Dans le colis, deux sortes de câbles électriques sont fournis. L’un pour les prises de courant basiques de la maison. L’autre pour l’allume cigare de la voiture. Les deux combinés ouvrent la voie à une utilisation illimitée. Voir le prix Glacière électrique Mobicool W40 AC/DC Le meilleur rapport qualité/prix Voir le prix Avantages La glacière électrique refroidit jusqu’à moins dix-huit degrés La glacière électrique est maniable Inconvénients Cette glacière électrique pèse dix kilos, c’est la plus lourde du comparatif Une ergonomie bien pensée et calculée En plus des deux poignées précédentes sur le précédent modèle, deux avantages viennent compléter le tableau. D’une part, une poignée de transport dépliable va considérablement améliorer le confort des personnes chargées de la transporter. Puis, une fois à terre, des roulettes viennent en renfort pour que la glacière électrique ne tangue pas pendant le reste du trajet. Surtout si ce dernier s’effectue à pied. Pour finir, une nouvelle fois, vous avez le loisir d’optimiser le rangement des accessoires nécessaires à son rattachement à l’électricité. Situé sous le couvercle, un espace est dédié aux câbles. Où emmener sa glacière électrique ? Lorsqu’on l’habitude de pratiquer une activité à l’extérieur, on aime bien avoir son lot de boissons fraîches à portée de bouche. Ainsi, quand on doit attendre que les poissons mordent à l’hameçon. Quand on va à la plage un jour de canicule. Cette glacière électrique peut vous accompagner sans aucun problèmes. Il en va de même pour vos réceptions en maison. Si vous manquez d’un endroit pour stocker vos bouteilles de bière ou autres envies de liquide, la glacière électrique peut accueillir des bouteilles de deux livres couchées à l’horizontale. Vous l’avez compris, en tant que frigo d’appoint, cet objet peut très remplir sa mission sans à avoir à vous lâcher dans le courant de l’après-midi. A vous de vous organiser afin de recharger la batterie avant de vous en servir pendant toute une après-midi. Voir le prix Mobicool W48 AC/DC La meilleure glacière électrique pas cher Voir le prix Avantages Cette glacière électrique est en mousse polyuréthane Autant légère que pratique, la glacière électrique peut contenir beaucoup Cette glacière électrique possède une poignée télescopique Inconvénients Elle ne refroidit pas assez rapidement Qu’est ce que la mousse Polyuréthane? On le voit, ces trois produits sont constitués en majeure partie de ce matériau. Indispensable pour isoler des aliments solides ou liquides, ce revêtement les conserve à basse température. Ainsi pour cette glacière électrique, tout son contenu sera stocké à environ moins seize degré en dessous de la température ambiante. Ce qui peut largement convenir lors d’un pique-nique ou d’un barbecue entre amis. Même les enfants pourront également y rajouter leurs sorbets ou leurs cones glacés puisque la glacière électrique possède un séparateur amovible. Cet élément s’avère indispensable si toute une même famille se sert du produit pendant une longue période. Enfin, à moins de huit kilos, il est facile de s’en servir surtout qu’une poignée télescopique va vous faciliter la tache de l’emmener avec vous en camping, sur la plage, en randonnée. Toutes les combinaisons sont possibles tant cet objet ne prend pas de place au sol ni dans une voiture. En sortie, n’oubliez pas de mettre le câble allume-cigare à sa place, soit sous le couvercle. Voir le prix L'alimentation électrique fixeGrâce à un voltage allant de 220 à 240 volts, vous pouvez brancher ces appareils où bon vous semble. Cuisine, chambre, salon, salle à manger tout est possible. Par exemple, si vous recevez des amis pour une raclette ou pour plancha électrique, stocker vos bouteilles de vin dans une glacière électrique vous permettra d’en profiter à parfaite température jusqu’au bout de la nuit. L'alimentation électrique nomadeCette fois-ci, c’est l’allume cigare qui va faire tout le travail. Situé dans la voiture, celui-ci va vous permettre de recharger votre glacière afin qu’elle puisse vous accompagner dans vos sorties plage, pêche ou encore pratique de sport avec de longue distances randonnée Le volume de stockageCes modèles acceptent autour de quarante voir cinquante litres de boissons. C’est une aubaine pour tout ceux qui aiment se rafraîchir sans à avoir à bouger de leur transat. L'ergonomieSouvent, les roulettes sont ce qu’il a de mieux pour la sortir de chez soi et l’emmener jusqu’à la voiture. Mais les poignées latérales sont sont souvent utiles lorsqu’on a la chance d’avoir quelqu’un de costaud à proximité de soi. Enfin, sur le troisième modèle, la poignée télescopique est un avantage certain pour ceux qui s’en servent tout le temps. Sans se baisser, se pencher ou trop soulever, la glacière électronique va se fondre dans votre quotidien et celui de toute votre famille. Le rangement des câblesLe logement des câbles dans le couvercle est un atout logistique. En effet, pour les plus étourdis, ce compartiment fera office de piqûre de rappel pour ravitailler la batterie de la glacière électrique en courant. Les avantages et inconvénients d’une glacière électrique Avantages La glacière électrique se branche n’importe où allume-cigare, chambre, etc. Elle contient aliments liquides boissons comme solides glaces On peut l’utiliser pour remplacer un petit frigo La glacière électrique est facilement transportable en vacances grâce à un système de poignées et roulettes. Inconvénients Il faut bien s’organiser avant en la rechargeant suffisamment Il faut bien prévoir savoir quelle quantité on emmène et dont on dispose FAQ Nous répondons à vos questions Qu'est ce qu'une glacière électrique ?C’est un objet en forme de gros cabat qui permet de transporter avec soi du solide et du liquide Comment fonctionne une glacière électrique ?Comme on le sait, on peut brancher la batterie sur différentes sortes de prises. Tout d’abord, douze volts. Cela concerne l’embout allume cigare d’une voiture. Quand on a un sortie de prévue avec des enfants en bas âge, ce critère est parfaite. Ensuite, une prise de courant lambda en intérieur fait très bien l’affaire. Cela correspond à 220 ou 230 volts. Combien de temps peut-on laisser brancher une glacière électrique ?L’ensemble de ces informations figurent sur la notice de la glacière électrique. N’oubliez pas de vérifier cet aspect avant de faire votre achat. Quelle glacière électrique choisir ? En premier lieu, vous devez contrôler la capacité de stockage de votre glacière électrique. Ce critère a une base unité en litres. Par exemple, pour ces trois modèles, le taux maximum est de cinquante Litres. De ce fait, le constructeur précise à chaque fois que des bouteilles de deux litres peuvent rentrer mais mises de manière horizontales. En outre, un séparateur amovible vous aidera à vous organiser au sein de l’appareil. En second lieu, vous devez vérifiez le revêtement. Bien sur, la mousse polyuréthane qui isole particulièrement bien les liquides. Mais aussi, savoir de quoi est composé le matériau extérieur de votre glacière électrique. Aluminium ? Plastique ? Toutes les combinaisons sont possibles. Enfin, comme nous vous l’avons expliqué juste au dessus, le branchement à l’électricité est un enjeu majeur pour amortir votre glacière électrique. Ou acheter une glacière électrique ?Tous les magasins de sport ont forcément un coin avec des glacières. En effet, à coté des tentes, matériel de camping ou de randonnée, vous avez forcément le modèle qui vous correspondra le mieux en terme de budget, de fonctionnalités et de capacités physiques et logistiques. Notre verdict sur les glacières électriques Nous espérons que notre petit comparatif sur ces grandes glacières électriques vous a plu. Si vous voulez avoir notre avis sur les glacières 12V 200V, nous vous conseillons de consulter notre guide avec comparatif dédié à ces modèles. Caractéristiques Description • 9 glaçons par cycle • Jusqu’à 12 kg de glace par jour • Réservoir à eau de 3,2 l • Réservoir à glaçons de 1 kg • Couleur silver Caractéristiques détaillées Marque ALPATEC Garantie légale de conformité 2 ans Garantie Garantie 1 an Poids kg Réf. fabricant MG9 Documentation Notice d'utilisation Conseil d'expert • 9 glaçons par cycle • Jusqu’à 12 kg de glace par jour • Réservoir à eau de 3,2 l • Réservoir à glaçons de 1 kg • Couleur silver A la recherche d’une glacière, d'une sorbetière ou d'une turbine à glace pour réaliser de délicieux sorbets, crèmes glacées, granités et glaces faites maison ? De la sorbetière à la turbine à glace Magimix Gelato Expert, Les Secrets du Chef vous propose différentes machines à glace pour réaliser toutes sortes de recettes glacées. Découvrez la glacière, sorbetière ou turbine qui vous convient le mieux chez Les Secrets du Chef ! 29,8 mmgéotechniquegéotechniqueCes risques que l’on dit Ces risques naturels que l’on dit Phénomènes naturels, météorites, volcans, séismes, tsunamis, tempêtes, crues, Pierre MARTIN, mouvements de terrains… sont autant de risques dits naturels, infl uencés toutefois ingénieur ENS par nos aménagements et nos ouvrages, nos décisions et nos comportements nuisibles Géologie, docteur à l’environnement. ès sciences, a créé le Bureau d’Études L’objet de ce livre est de montrer que les actions et les moyens rationnels dont nous Géotechniques et disposons pour prévenir les eff ets de ces phénomènes nat...29,8 mmgéotechniquegéotechniqueCes risques que l’on dit Ces risques naturels que l’on dit Phénomènes naturels, météorites, volcans, séismes, tsunamis, tempêtes, crues, Pierre MARTIN, mouvements de terrains… sont autant de risques dits naturels, infl uencés toutefois ingénieur ENS par nos aménagements et nos ouvrages, nos décisions et nos comportements nuisibles Géologie, docteur à l’environnement. ès sciences, a créé le Bureau d’Études L’objet de ce livre est de montrer que les actions et les moyens rationnels dont nous Géotechniques et disposons pour prévenir les eff ets de ces phénomènes naturels sont nombreux, l’a dirigé durant variés et effi caces. Chaque risque est donc présenté ici sous ses aspects scientifi que plus de quarante et humain les moyens de l’étudier, de le prévenir, de s’en protéger et si possible de le ans ; il consacre prévoir sont analysés. encore aujourd’hui naturels une partie de son Ce guide, véritable référence en la matière, s’adresse à toute personne intéressée temps au conseil et à par ces phénomènes, aux spécialistes de l’environnement, de l’aménagement, aux l’expertise judiciaire. professionnels de la construction, aux juristes, aux administrateurs, aux collectivités territoriales… Il répond de manière efficace à la question que vous vous posez sûrement que risque-t-on en France ? Sommaire Chapitre 1 Des risques de toutes natures Histoires édifi antes - Le système terrestre - Les chutes de météorites - Les éruptions volcaniques - Séismes et autres vibrations du sol - Tsunamis et seiches de lacs - Les phénomènes atmosphériques - Les crues - Les mouvements gravitaires de terrain - Sur le littoral - Les eaux souterraines - L’activité humaine Chapitre 2 Que risque-t-on en France ? La France des risques naturels » - Les caprices de l’atmosphère - Crues et inondations - Mouvements de terrains, activité humaine- De Dunkerque à… Menton - Les séismes - Volcans et météorites - Lois et règlements Chapitre 3 La nature des risques Le risque naturel » - Caractériser le risque - Le bassin de risque - Juguler le risquePierreMartinChapitre 4 Pour aller plus loin Des mots pour se comprendre - L’espace - Le temps - Du hasard au chaos - La modélisation – L’étude géotechnique d’aléa 35 € 1 28/11/06 165718 Code éditeur G11917 • ISBN 10 2-212-11917-8 ISBN 13 978-2-212-11917-6 -HSMCLC=VV^V\[ Pierre Martin Ces risques que l’on dit naturels, Ces risques que l'on dit naturels, DU MÊME AUTEUR Géomécanique appliquée au BTP, G11774, 2e édition, 2005. DANS LA MÊME COLLECTION COLLECTIF EYROLLES. – Règles de construction parasismique, G11595, 2005. G. KARSENTY. – La fabrication du bâtiment, Tome 1 - Le gros œuvre, G01896, 1997. G. KARSENTY. – La fabrication du bâtiment, Tome 2 - Le second œuvre, G01897, 2000., Pierre Martin Ces risques que l'on dit naturels, ÉDITIONS EYROLLES 61, bd Saint-Germain 75240 Paris Cedex 05 Le code de la propriété intellectuelle du 1er juillet 1992 interdit en effet expressément la photocopie à usage collectif sans autorisation des ayants droit. Or, cette pratique s’est généralisée notamment dans les établissement d’enseignement, provoquant une baisse brutale des achats de livres, au point que la possibilité même pour les auteurs de créer des œuvres nouvelles et de les faire éditer correctement est aujourd’hui menacée. En application de la loi du 11 mars 1957, il est interdit de reproduire intégralement ou partiellement le présent ouvrage, sur quelque support que ce soit, sans autorisation de l’Éditeur ou du Centre Français d’Exploitation du Droit de Copie, 20, rue des Grands-Augustins, 75006 Paris. © Éditions Eyrolles, 2007, ISBN 2-212-11917-8 • ISBN 13 978-2-212-11917-6, TABLE DES MATIÈRES Avant-propos 5 Chapitre 1 Des risques de toutes natures 13 - Histoires édifiantes 13 - Une calamité durable ... 13 - Métaphysique d’une catastrophe... 16 - Les tribulations d’un prévisionniste en Chine... 18 - Une prédiction politique » ... 20 - La tendance se renverse ... 24 - Une querelle d’experts amplifiée par les média ... 28 - Une épouvantable aberration politico-administrative ... 30 - Une implantation imprudente »... 36 - Des documents administratifs imprévoyants », des élus responsables... 40 - Vous avez dit catastrophe naturelle » ?... 42 - La mémoire des catastrophes ... 45 – Les limites des modèles de prévision ... 47 - Les infortunes du parasismique... 49 - Le pire des cataclysmes naturels historiques n’a pas été une catastrophe... 52 – Des catastrophes prévues, pas prévenues ... 54 - Adaptation d’un site ingrat... 56 - Efficacité de l’entretien... 62 - Le système terrestre 66 - Organisation et comportement ... 67 - Les cycles naturels ... 70, - Les phénomènes naturels ... 75 - Les phénomènes naturels dangereux »... 77 - L’activité humaine ... 80 - Le paradoxe du risque naturel »... 81 - Les chutes de météorites 82 - Le phénomène... 82 - Le risque ... 90 - Actions... 92 - Les éruptions volcaniques 93 - Géographie... 94 - Le phénomène... 95 - Étude... 108 - Le risque ... 112 – Séismes et autres vibrations du sol 117 - Les vibrations du sol ... 117 - La sismique... 122 - Les vibrations artificielles... 124 - Les séismes ... 131 - Le risque sismique ... 146 - Les actions parasismiques... 148 - Le génie parasismique ... 156 – Tsunamis, seiches de lacs 164 - Les phénomènes atmosphériques 169 - L’atmosphère ... 169 - Le climat ... 170 - Le temps... 178 - La météorologie ... 187 - Les prévisions météorologiques... 188 - La pollution atmosphérique ... 189 - Les crues 191 - Le phénomène... 193 - Étude des crues ... 195 - Causes des crues ... 199 - Effets des crues ... 201 - Parades... 202, - Le risque ... 204 - Actions... 206 - Les mouvements de terrain 209 - Mouvements de pente ... 218 - Mouvements verticaux... 233 - Dommages et accidents de chantiers et aux ouvrages... 239 - Sur le littoral 247 – Variations du niveau de la mer... 247 – Les phénomènes littoraux... 249 – Phénomènes affectant les fonds marins... 253 – Les eaux souterraines 254 - Un peu d’hydrogéologie ... 254 – Perturbations des nappes ... 257 - Pollution des eaux souterraines... 261 - L’activité humaine 262 - Pollution et déchets ... 263 - Effets pervers des aménagements ... 268 - Comportements aberrants ... 270 - N’importe qui, n’importe quoi, n’importe comment, n’importe où ... 270 - L’intérêt général... 270 Chapitre 2 Que risque-t-on en France 271 - La France des risques naturels » 271 – Les caprices de l’atmosphère 277 - Tendances du temps... 277 - Les perturbations dangereuses ... 280 - La prévision météorologique ... 281 - Actions... 283 - Crues et inondations 284 - Inondations ... 285 – Crues torrentielles ... 294 - Crues éclairs en milieu urbain... 298 – Mouvements de terrain, activité humaine 300 – Mouvements de pentes ... 302, - Effondrements... 308 - Terrassements ... 312 - Les ouvrages ... 315 - Pollution et déchets... 318 - De Dunkerque à… Menton 322 - Eustatisme et tempêtes littorales ... 323 - Tsunamis... 3331 - Les séismes 332 - Où ?... 332 - Comment ?... 335 - Quand ?... 336 - Que faire ?... 337 - Zonage sismique de la France... 339 - Séismes artificiels ... 340 - Volcans et météorites 341 - Instrumentation et surveillance ... 341 - Le piton de la Fournaise... 342 - Les Antilles ... 344 - La chaîne des Puys... 345 - Les météorites ... 346 - Lois et RÈGLEMENTS 347 - Élaboration et évolution... 347 - Complexité et complications... 349 - Informer ... 354 - Secourir... 354 - Sanctionner ... 354 - Indemniser ... 356 - La simplicité de la réglementation française est admirée du monde entier ! ... 359 - Utopie administrative... 360 Chapitre 3 La nature des risques 367 - Le risque naturel » 365 - Phénomènes dangereux risques humains ... 367, - Étude des phénomènes naturels dangereux ... 367 - Dommages, accidents, catastrophes... 369 - Évaluer le risque ... 374 - Assurer la sécurité... 375 - Le risque économique... 376 - Caractériser le risque 378 - Spécification du risque... 378 - Estimation du danger ... 379 - Définition des actions ... 382 - Étude du risque naturel » ... 383 - Le bassin de risque 387 - Le bassin de risque naturel»... 387 - Modélisation du site... 390 - Juguler le risque 394 - Que sait-on faire ?... 395 - Les actions de prudence ... 395 Chapitre 4 Pour aller plus loin 407 - Des mots pour se comprendre 407 - Plusieurs sens... 407 - Synonymes... 408 - Impropriétés ... 410 - Contresens... 410 - Néologisme ... 411 - L’espace 412 - L’espace physique... 412 - L’espace du risque naturel » ... 412 - Le temps 415 - Le temps, c’est quoi ? ... 415 - Les temps intemporels ... 417 - Les temps qui passent ... 418 - Le temps cyclique ... 421 - Le temps hélicoïdal ... 422 - La mesure du temps ... 423, - Le temps du risque... 426 - Du hasard au chaos 429 La prospective... 431 - L’irrationnel, la fatalité, le hasard... 433 - La science ... 438 - Géologie et géotechnique... 455 - Pour s’affranchir du hasard... 457 - La modélisation 459 - Modélisation géotechnique ... 460 - Les modèles analytiques ... 463 - Le modèle géotechnique de synthèse... 478 - Représentativité des modèles... 479 - Validation des modèles validité des résultats... 482 - Le coefficient de sécurité ... 483 - Étude géotechnique de l’aléa 487 - Disciplines de l’étude... 488 - Les acteurs de l’étude ... 493 - Étude géotechnique d’aléa ... 494 - Organisation de l’étude ... 496 - Les règles générales d’une conduite ... 502 - Résultat ... 503 Post-scriptum 505 Bibliographie sommaire 506, AVANT-PROPOS Risque, danger, péril Un risque est une menace incertaine dont la réalisation est possible sinon probable ; quels qu’ils soient, quelles qu’en soient les causes, quelles que soient nos précautions, nous prenons de nombreux risques, éventuellement acceptés ou même calculés mais souvent incompris ou même ignorés, partout et toujours dès que nous agissons ou même simplement parce que nous existons le risque nous est inhérent. Un risque que l’on craint devient un danger que l’on redoute et que l’on doit se préparer à affronter si sa réalisation plus ou moins prévisible parait envisageable voire inévitable, puis un péril que l’on doit fuir si elle semble imminente. Les événements naturels dangereux Les chutes de météorites, les éruptions volcaniques, les séismes, les tsunamis, les cyclones, les crues, les mouvements de terrain... sont des événements intempestifs de phénomènes naturels qui peuvent être plus ou moins fréquents et se révéler plus ou moins dangereux en certaines circonstances dans certains sites, les bassins de risque ; les pires peuvent être de véritables désastres écologiques à l’échelle de la Terre. Figure - Événements naturels dangereux, Ces risques que l'on dit naturels Vous avez dit risque naturel » ? Ces événements font ainsi courir à certains de nos aménagements, de nos ouvrages et donc à certains d’entre nous, des risques que l’on dit naturels. En fait, est naturel ce qui appartient à la nature, qui lui est conforme, qui vient d’elle seule, indépendamment de nous, ce qui se produit sans que nous intervenions ou que nous soyons seulement présents ; c’est aussi ce qui est normal, habituel, qui va de soi. Les risques et les catastrophes dont les sources sont des événements naturels ne sont évidemment rien de tout cela. Mais, malgré les explications et les moyens que la science et la technique nous ont procurés, nous qualifions toujours les risques et les catastrophes de naturels » les phénomènes sont naturels, pas les risques et encore moins les catastrophes qui sont humains ; à nous de nous accommoder des risques que nous font courir leurs événements intempestifs qui ne sont dangereux que pour nous ; nous le faisons rarement et nous nous lamentons quand un tel événement nous affecte, imprédictible voire imprévisible, mais possible ou même probable là où il se produit ; nous évoquons alors les caprices de la nature, le vice du sol, le hasard ou la fatalité c’est une survivance de croyances animistes ; nous essayons ainsi de les charger du péché, de nous en absoudre, de nous cacher que ce que nous subissons résulte de notre présence, de nos actions, de nos comportements et/ou des défauts de nos aménagements et de nos ouvrages. Nous devrions plutôt agir, nous comporter, concevoir nos aménagements et construire nos ouvrages en tenant compte des risques auxquels notre présence, et non le hasard ou la fatalité, nous expose à travers eux ; car la nature n’est pas capricieuse, le sol n’est pas vicieux c’est nous qui le sommes ; eux ne sont même pas indifférents ; ils n’ont aucun de nos défauts ; ils suivent simplement leur cours que nous pouvons parfois perturber, mais jamais interrompre ni même détourner. Les phénomènes naturels Plus ou moins fréquents, plus ou moins violents, généralement irrépressibles, les événements intempestifs susceptibles d’être dangereux, péripéties et non anomalies du cours normal, compliqué mais intelligible des phénomènes naturels, sont pour la plupart maintenant assez bien connus ; leurs effets peuvent donc en grande partie être prévenus, les personnes peuvent être protégées et les dommages aux biens peuvent être plus ou moins évités et en tous cas, limités nous pouvons partir quand un tel événement est susceptible de se produire, nous protéger ou nous accommoder de ses effets dommageables par des aménagements, des constructions et des dispositifs de crises adaptés aux risques encourus dans les sites que nous occupons. Pour la plupart de ces événements, on sait à peu près répondre aux questions essentielles, où ?, comment ?, avec quelle intensité ?, dont les réponses conduisent à la prévention et à la protection qui pourraient en amoindrir plus ou moins les effets ; par, Avant-propos contre, on ne sait pas répondre à la question fondamentale, quand ?, qui autoriserait la prédiction et donc permettrait d’éviter les accidents et les catastrophes. Les risques humains Mais si ces événements, les aléas, sont à la source des risques naturels », ils n’en sont pas le seul élément les conséquences de leurs effets que l’on doit prévoir et les décisions que l’on doit prendre sont fondées sur d’autres éléments tout aussi importants, comme la vulnérabilité des installations et des personnes, les enjeux dans le bassin de risque, les moyens de prévention et d’intervention dont on dispose, la détermination et la compétence des décideurs et des intervenants... Quand un de ces événements déclenche une catastrophe, on le considère maintenant comme un excès d’intensité jamais observée ; la catastrophe trouble la conscience collective et les média la présentent comme celle du siècle » ou quasi historique ». Or, aucune série statistique ne montre une augmentation de la fréquence de ces événements ; mais nous voyons en temps réel leurs impacts à l’autre bout du monde et nos aménagements de plus en plus nombreux, complexes, surpeuplés… accroissent sans cesse les ravages qu’ils provoquent ce ne sont pas les aléas qui ont changé, ce sont notre nombre, notre vulnérabilité et nos informations. L’étude des phénomènes naturels dangereux On ne maîtrise jamais les événements naturels imtempestifs ; ils sont toujours des germes de risques ; mais la plupart des dommages, accidents, catastrophes dont ils nous menacent, peuvent être sinon évités, du moins limités si l’on connaît bien les phénomènes en cause ; la démarche scientifique des probabilités, du chaos et/ou des systèmes flous est la seule qui convienne à leur étude, car en l’état de nos connaissances l’irrationnel, fatalité ou hasard, est inacceptable et le déterminisme n’est pas adapté à l’étude des phénomènes naturels, trop complexes. Les disciplines d’études sont celles des sciences de la Terre, géologie, géophysique, géomécanique..., synthétisées et mises en œuvre par la géotechnique. La géotechnique Technoscience de l’aménagement de la subsurface terrestre, la géotechnique permet de définir les conditions générales et particulières dans lesquelles des aménagements et des ouvrages existants ou projetés, répondant à des usages ou à des programmes spécifiques, peuvent être adaptés aux particularités naturelles de leurs sites pour y être maintenus avec le maximum de sécurité, d’efficacité et d’économie on aménage un cours d’eau pour contenir ses crues ; on construit parasismique pour atténuer les effets d’un séisme possible dans une certaine région ; on étudie les fondations d’un bâtiment pour optimiser son coût, limiter le risque économique de sa construction et pour lui éviter des dommages ou même la ruine..., Ces risques que l'on dit naturels Dans un site donné, on peut faire l’inventaire des phénomènes naturels potentiellement dangereux, puis les étudier pour y adapter les aménagements et les ouvrages ou renoncer à les construire là. Et si le site a été occupé avant que l’on ait appris à le faire, ce qui est le cas général dans les vieux pays, on peut organiser des procédures et des moyens d’intervention ; en cas de réalisation du risque, ils limiteront les dégâts et permettront de revenir rapidement à une situation normale. L’étude rationnelle d’un risque naturel » Sur la base de cette démarche, l’étude rationnelle d’un risque naturel » consiste à l’identifier, l’analyser, établir sa probabilité de réalisation, en prévoir les conséquences pour s’en prémunir, le réduire et préparer la gestion d’une crise éventuelle. Cet ouvrage qui n’est ni un manuel ni un traité mais un essai, a pour objet de montrer comment y parvenir. On n’y trouvera pas les habituelles descriptions de catastrophes qui impressionnent subjectivement le lecteur, sans lui donner les explications qu’il attend mes expériences et mes lectures m’ont montré que les mêmes événements racontés par des auteurs différents qui souvent n’y ont pas assisté, pouvaient prendre des tours inattendus, pour étayer des opinions personnelles plutôt que pour présenter objectivement des faits patents. Je n’y soutiens pas de thèse et n’y engage pas de polémique ; j’y expose et y commente des faits. Je m’aventure ainsi sur des terrains instables, tourbeux, glissants ou même interdits, clôturés, minés théologie, philosophie, sciences naturelles, physiques et humaines, techniques diverses, économie, droit, politique... C’est téméraire, mais je ne peux pas faire moins qu’en prendre le risque, assurément négligeable, comparé à celui dont je vais essayer de présenter ce qu’il est ou plutôt, ce que j’en pense. ... Les phénomènes les plus confus et les plus irréguliers ne se produisent pas capricieusement. Ils ont aussi leurs causes... Sénèque, Avant-propos La plaque de Portici Au pied du Vésuve, Portici est l’une des villes qui a le plus durement souffert de l’éruption du 17 décembre 1631, la plus violente et la plus dommageable depuis celle de 79 qui a détruit Pompeï et Herculanum, et ensuite jusqu’à aujourd’hui. Dans les deux cas, la phase paroxystique de l’éruption a été très brève, moins de 24 heures, ce qui n’a laissé pratiquement aucune chance de survie à la majeure partie de leurs habitants. En 1631, des séismes peu violents ont été ressentis dès juillet ; le 16 décembre, le volcan a brusquement produit un énorme nuage, des éclairs et des tonnerres, et a émis de la lave dans la caldeira qui était alors cultivée et habitée ; dans la nuit, de violents séismes et des tsunamis ont commencé les destructions alentour ; le matin du 17, une formidable explosion a décapité le volcan et projeté jusqu’à la côte des blocs, des pierres et des cendres, puis des lahars et des coulées de laves ont atteint la mer, détruisant tout sur leur passage ; à Naples la nuit était totale et il s’y est déposé près d’un demi-mètre de cendres ; dès le 18, le calme est revenu progressivement, avec quelques faibles séismes et projections de cendres, jusqu’au début de janvier 1632. C’est à ma connaissance la première, voire la seule action publique claire, précise et permanente d’information et de prévention d’un risque naturel » dans un bassin de risque ;à ce titre, elle devrait être inscrite au Patrimoine de l’humanité et une traduction en italien devrait être apposée sous elle. Car même à Portici, pratiquement personne ne la connaît ou du moins ignore ce qu’elle raconte ; peu de volcanologues en savent l’existence ! À divers propos, je la cite dans cet POSTERI, Ces risques que l'on dit naturels Photo – La plaque de Portici Pour pérenniser la mémoire de cette catastrophe, une plaque monumentale de marbre d’environ3mde haut et 1,5 m de large a été érigée à l’angle du municipio, sur l’antique via Campania, actuellement corso Garibaldi. Elle décrit l’éruption, phénomènes précurseurs, paroxysme, durée, effets et recommande aux générations futures de fuir sans tarder, dès les premières manifestations du réveil du volcan., Avant-propos VESTRA RES AGITVR DIES FACEM PRÆFERT DIEI NVDIVS PERENDINO ADVORTITE VICIES AB SATV SOLIS IN FABVLATVR HISTORIA ARSIT VESÆVVS IMMANI SEMPER CLADE HÆSITANTIVM NE POSTHAC INCERTOS OCCVPET MONEO VTERVM GEDIT MONS HIC BITVMINE ALVMINE FERRO SVLPHVRE AVRO ARGENTO NITRO AQVARVM FONTIBVS GRAVEM SERIVS OCVVS IGNESCET PELAGOQ~ INFLVENTE PARIET SED ANTE PARTVRIT CONCVTITVR CONCVTITQ~ SOLVM FVMIGAT CORVSCAT FLAMMIGERAT QVATIT AEREM HORRENDVM IMMVGIT BOAT TONAT ARCET FINIBVS ACCOLAS EMICA DVM LICET IAM IAM ENITITVR ERVMPIT MIXTVM IGNE LACVM EVOMIT PRÆCIPITI RVIT ILLE LAPSV SERAMQ~ FVGAM PRÆVERTIT SI CORRIPIT ACTVM EST PERIISTI ANN. SAL. CI IC XXXI. XVI KAI IAN PHILIPPO IV REGE EMMANVELE FONSECA ET ZVNICA COMITE MONTIS REGII PRO REGE REPETITA SVPERIORVM TEMPORVM CALAMITATE SVBSIDIISQ~ CALAMITATIS HVMANIVS QVO MVNIFICENTIVS FORMIDATVS SERVAVIT SPRETVS OPPRESSIT INCAVTOS ET AVIDOS QVIBVS LAR ET SVPPE LEX VITA POTIOR TVM TV SI SATIS ADVI CLAMANTEM LAPIDEM SPERNE LAREM SPERNE SARCINVLAS MORANVLLA FVGE ANTONIO SVARES MESSIA MARCHIONE VICI PRÆFECTO VIARVM Figure – Transcription de la plaque de Portici Tous nos descendants auront intérêt à lire avec la plus grande attention cette histoire que l’on a racontée de nombreuses fois ! Quand de temps en temps, le Vésuve se réveille, ne vous laissez pas surprendre, je vous avertis que dès le lendemain, vous allez subir une horrible catastrophe cette dangereuse montagne se déchaîne, s’embrase et vomit des torrents de lave fétide qui vont fondre sur vous. Mais avant, elle vous préviendra en ébranlant le sol, en lançant dans les airs un nuage de poussière, des flammes, des éclairs et des tonnerres grondant de façon effrayante. Fuyez quand il est encore temps, car elle va exploser, tout ruiner et vous couper la retraite. Abandonnez votre maison et vos biens. Si vous la dédaignez, si vous essayez de lui échapper, si vous vous montrez téméraires, imprévoyants ou cupides, vous périrez. Fuyez sans attendre, sans vous retourner. L’an de grâce 1631, sous 1e règne de Philippe IV, Emmanuel Fonseca, vice-roi Antonio Suarez, préfet de la voirie Transcription et traduction libre du latino-ibérico-napolitain, par l’auteur, DES RISQUES DE TOUTES NATURES - HISTOIRES ÉDIFIANTES L’Histoire du risque naturel » regorge d’histoires édifiantes, d’exemples de ce qu’il aurait fallu faire ou ne pas faire pour qu’un événement intempestif de phénomène naturel ne se transforme pas en une catastrophe ; ceux que je présente ne sont que quelques gouttes d’un océan d’irrationnel, d’ignorance, de prétention, d’aberration, d’erreur, de négligence, d’incompétence, d’escroquerie... que l’on travestit en fatalité, hasard, malchance... pour ne pas perdre la face, se donner bonne conscience ou plutôt fuir ses responsabilités, individuelles mais surtout collectives. Mais je terminerai ce chapitre d’introduction plutôt pessimiste sur une note qui l’est un peu moins le risque naturel» peut être sinon évité, du moins très atténué dans un site adapté aux dangers auxquels il est exposé et/ou pour un ouvrage entretenu attentivement durant toute sa vie. - UNE CALAMITÉ DURABLE Le réchauffement actuel de la planète dont on dit qu’il serait dû aux gaz à effet de serre émis par les hommes modernes, inconscients et inciviques est le sujet majeur d’inquiétude de nos temps d’écologie militante, car il serait la cause d’innombrables catastrophes présentes et futures ; en fait, ce réchauffement a débuté, ilyaenviron 12 000 ans, et ce fut alors et jusqu’à ce jour la pire des calamités. Malgré ce que l’on en dit, on n’en connaît pas très bien les causes, mais les hommes d’alors n’y étaient bien sûr pour rien et n’ont pu, 1 – Des risques de toutes natures qu’en subir les effets dont ils ignoraient évidemment les causes. On sait par contre à peu près ce que les débuts du réchauffement ont fait subir à nos ancêtres et comment ils ont réagi. - LA FIN DU WÜRM En raison de sa violence et de sa rapidité à l’échelle du temps géologique, le réchauffement qui a affecté la Terre à la fin du Würm, la dernière des grandes glaciations du Quaternaire, a été un tel bouleversement climatique et écologique que nous en avons fait le passage géologique du Pléistocène à l’Holocène, et celui archéologique du Paléolithique au Mésolithique. Il n’a pas été monotone vers ses débuts durant lesquels il a été le plus rapide, des stades plus ou moins chauds ou froids, de quelques centaines à un millier d’années chacun se sont succédés ; du début du premier stade chaud du Bölling vers 13 300 before present - avant 1950 jusqu’à la fin du dernier stade froid du Dryas III vers 10 200 la température de surface de l’océan est allée en fluctuant constamment d’environ7à15° en été et1à10° en hiver. En quelques périodes plus ou moins rapides, la majeure partie de l’Europe est alors passée du climat polaire qui était le sien depuis plus de 100 000 ans au climat tempéré qu’on lui connaît depuis environ 9 500 ans les vents dominants froids et secs de NE régis par l’anticyclone sibérien ont viré au SW tièdes et humides, régis par l’anticyclone des Açores ; la plupart des glaciers ont alors plus ou moins fondu de sorte que la mer a transgressé de 120 m, rapidement jusque vers 8 000 puis lentement et par paliers jusqu’à nos jours ; ainsi, l’eustatisme transgressif flandrien a progressivement supprimé toutes les plaines côtières, créé les îles épicontinentales comme l’Irlande vers 9 500 puis l’Angleterre vers 8 300 et noyé les deltas et les basses vallées en créant nos estuaires, fjords, calanques... Les cours d’eau aux débits énormes, ont érodé les moraines et construit les plaines alluviales par sédimentation ; les plaines intérieures se sont transformées en marécages et les dépressions en lacs ; la végétation est passée de la toundra de mousse-lichen-dryas à la steppe de graminées puis aux forêts de bouleau-pin, de pin-noisetier et enfin de chêne-tilleul-orme- frêne par l’intermédiaire de quelques séquences dryas/pin/chêne/dryas... ; les petites hardes forestières d’aurochs-cerfs-sangliers... ont remplacé les grandes hardes steppiques de mammouths-rennes-bisons-chevaux... Dans ce qui est maintenant la France, les hommes de la fin du Paléolithique supérieur habitaient des grottes, des abris sous-roches ou des huttes en groupes d’au plus une centaine d’individus ; ces groupes quasi sédentaires, très peu nombreux et dispersés sur des territoires restreints à peu prés vides qu’ils connaissaient bien, sur lesquels ils trouvaient assez facilement tout ce dont ils avaient besoin, avaient le même genre de vie et appartenaient à une civilisation homogène de l’Atlantique à l’Oural, en bordure de l’inlandsis ; ils fabriquaient en os et bois de renne les pointes de lances, harpons, sagaies qu’ils lançaient au propulseur pour chasser de près de grandes hardes de gros gibier, rennes, chevaux, mammouths... ; bien adaptés à leur environnement, ils avaient le temps et les moyens d’orner leurs lieux de cultes de somptueuses sculptures, gravures et peintures... En à peine plus de 3 000 ans au total, mais au cours d’incessants changements beaucoup plus rapides, ils ont progressivement perdu d’immenses territoires envahis par la mer, leur gibier traditionnel et leur relative sécurité ; pour s’adapter, leurs descendants très, Histoires édifiantes déstabilisés et/ou après un éventuel hiatus, leurs remplaçants du début du Mésolithique ont dû évoluer en colonisant les territoires libérés par les glaciers, en adoptant un mode de vie, des techniques et des instruments, des traditions et des mythes différents... Dans un premier temps, en moins d’un millénaire, des groupes nomades d’au plus une vingtaine d’individus, isolés les uns des autres ont eu une vie précaire sur des territoires très vastes mais inconnus, ce qui a réduit drastiquement leur nombre ; individuellement ou en groupes locaux, ils devaient être fréquemment les victimes directes des éléments et notamment des crues et des mouvements de terrain bien plus violents que ceux qui nous menacent ; l’arc et la flèche leur permettaient individuellement d’atteindre de plus loin un gibier plus petit, plus mobile et mieux dissimulé qui leur fournissait en moindre quantité des matériaux moins adaptés à leurs besoins ; dans cet environnement hostile, l’art pariétal a disparu et la civilisation a régressé en se morcelant de façon régionale voire locale. Puis, ils s’y sont de mieux en mieux adapté à mesure que les conditions climatiques se stabilisaient ou du moins évoluaient beaucoup plus lentement nous sommes les descendants directs des hommes qui ont été les premières victimes de cette calamité et les héritiers de ceux qui se sont adaptés aux conditions actuelles, notamment en créant l’agriculture et l’élevage vers 10 000 dans le Croissant fertile. Il parait que nous subissons encore cette calamité. Figure - L’Europe glaciaire vers le Dryas I, 1 – Des risques de toutes natures - L’OPTIMUM MÉDIÉVAL ET LE PETIT ÂGE GLACIAIRE En fait depuis lors, les fluctuations climatiques, sans être aussi importantes, n’ont jamais cessé le dernier millénaire a connu successivement une période chaude », l’Optimum médiéval, environ 850/1350, une période froide », le Petit âge glaciaire, environ 1350/1850, et une nouvelle période chaude », dans laquelle nous sommes depuis environ 1860. L’Optimum médiéval a permis aux Vikings de s’installer en Islande vers 874 puis au Groenland, la Terre verte, vers 985 ; le Petit âge glaciaire les a chassés du Groenland vers 1400 ; ils n’ont pu rester en Islande que parce qu’ils y disposaient de nombreuses sources d’eau chaude volcanique et en chassant la baleine. En Europe occidentale, l’Optimum médiéval a multiplié les étés secs et les famines, près de dix de 1200 à 1320 ; le Petit âge glaciaire, lui aussi très fluctuant, l’a soumise à une dizaine de décennies d’hivers particulièrement rudes entre 1600 et 1860, deux à trois mois de gel, embâcles fréquents de presque toutes les rivières, glaces en Manche et en mer du Nord, glaciers alpins revenant dans les grandes vallées et détruisant de nombreux hameaux, partout récoltes misérables, inflation du prix du blé, famines, surmortalité... Pour le moment, le réchauffement actuel nous évite tout cela l’eustatisme transgressif flandrien continue à grignoter les basses terres littorales, mais les foires sur la Tamise, les patineurs d’Avercamp, les hussards de Pichegru au Helder... ne sont plus de notre temps. Que subiront nos descendants tant que cette tendance persistera puis quand elle se renversera, ce qui est inéluctable à terme indéterminé ? Cela est d’autant plus difficile à dire que la préhistoire et même l’histoire du climat et de ses variations sont mal connues et que les théories qui essaient de les expliquer et surtout de prévoir celles qui les attendent ne sont que des hypothèses très discutées plus ou moins concurrentes et rapidement variables selon la mode du moment cf. Ainsi, nous ignorons à peu près tout de l’évolution du climat, à court comme à long terme ses facteurs sont trop nombreux pour être tous connus ou même pour prendre en compte ceux qui le sont, et ceux dont on privilégie l’utilisation dans les modèles de prévision varient plus ou moins rapidement de façon apparemment aléatoire, en fait chaotique ; alors, réchauffement, refroidissement ? Chi lo sa ? Comment réagiront nos descendants à l’un ou à l’autre ? Sûrement comme l’ont fait nos ancêtres proches et lointains, d’abord en faisant le gros dos et en régressant, puis en s’adaptant, en inventant d’autres façons de vivre qui satisferont plus ou moins leurs descendants immédiats et qu’à plus ou moins long terme, confrontés à d’autres changements, leurs descendants lointains seront obligés de modifier. Car, comme l’ont dit le Bouddha, Yi Jing, le Talmud et beaucoup d’autres, le changement est la seule chose qui ne change pas ; ainsi va le monde ! - MÉTAPHYSIQUE D’UNE CATASTROPHE Contre le dogmatisme religieux qui enseignait que les catastrophes étaient des épreuves ou des punitions dont la cause était la colère divine, les philosophes européens du XVIIIe siècle ont peu à peu imposé l’explication raisonnée, prélude à la science, qui en cherchait les causes naturelles., Histoires édifiantes LE SÉISME DE LA TOUSSAINT 1755 À LISBONNE Le séisme et le tsunami dits de Lisbonne ravagèrent la façade atlantique, du Portugal à l’Afrique du Nord, car le foyer du séisme était vraisemblablement situé vers 300 km au large du cap Saint-Vincent, sur la faille transformante qui, dans l’Atlantique nord, sépare la plaque Afrique de la plaque Europe ; le séisme , peut-être 8,5 ML magnitude locale, fut plus ou moins ressenti dans toute l’Europe, jusqu’en Russie, et sans doute aussi dans une grande partie de l’Afrique ; le tsunami a atteint5màLisbonne, près de 10 m sur la côte marocaine. À Lisbonne, ils firent en quelques minutes, peut-être 60 000 victimes et entre autres, s’écrouler des dizaines d’églises sur les innombrables fidèles qui assistaient aux offices du matin de la Toussaint 1er nov. 1755 ; [...] Accourrez, contemplez ces mines affreuses, / Ces débris, ces lambeaux, ces cendres malheureuses, / Ces femmes, ces enfants l’un sur l’autre entassés, / Sous les marbres rompus, ces membres dispersés [...] ». Dans toute la chrétienté européenne, cela provoqua un débat autour de l’éternelle et un peu enfantine question pourquoi ? » qui traduit toutes les angoisses humaines. Depuis la nuit des temps, on l’a posée après chaque catastrophe et l’on savait bien qu’il s’en fut déjà produit d’aussi amples un peu partout dans le monde ; quelle que soit la religion locale, la colère divine était toujours évoquée. Mais en raison du jour de fête sacrée, de la sainteté des lieux et de la piété des victimes, celle-là bouleversa les théologiens et les philosophes européens. Punition du vice ? Selon le père jésuite Gabriel Malaguda Dieu nous a punis de nos fautes » ; mais Voltaire objecte […] Lisbonne, qui n’est plus, eut-elle plus de vices / Que Londres, que Paris plongés dans les délices ? / Lisbonne est abîmée et l’on danse à Paris […] ». Vengeance contre l’Inquisition, le colonialisme naissant ? Tanger, Rabat... souffrirent presque autant que Lisbonne... Où donc était le meilleur des mondes possibles » de Leibniz et de Panglos dans lequel tout est bien » ou même pour le mieux », et Pope pouvait-il encore affirmer que tout ce qui existe est bon » ? Candide qui avait assisté au désastre se disait à lui-même » […] si c’est ici le meilleur des mondes possibles, que sont donc les autres […]». Voltaire a ironiquement proposé une réponse désabusée en interpellant les philosophes trompés, qui criez " tout est bien" » ; son célèbre poème lui valut une longue lettre de Rousseau, dans laquelle ce dernier affirmait que les hommes avaient ainsi été punis de s’être risqués à vivre à la ville […]Ce n’est qu’à Lisbonne que l’on s’émeut des tremblements de terre, alors que l’on ne peut douter qu’il s’en forme aussi dans les déserts. Convenez que la nature n’avait point rassemblé là vingt mille maisons de six à sept étages et que, si les habitants de cette grande ville eussent été dispersés plus également et plus légèrement logés, le dégât eût été beaucoup moindre et peut-être nul[…] ». C’était bien vu, mais la cause morale sinon religieuse subsistait., 1 – Des risques de toutes natures Figure - Le séisme de Lisbonne La réponse de Wesley distinguait le péché, cause morale prépondérante, de la cause naturelle quelle qu’elle soit, car le monde de l’époque commençait à prendre conscience qu’il y en avait une. En effet, en 1760, Michell a publié ce que l’on peut considérer comme le premier traité de sismologie, dans lequel il attribue la même cause à un séisme et au tsunami qui lui succède, décrit un séisme comme des vibrations et des ondulations du sol dues à des explosions de cavités souterraines par de la vapeur d’eau surchauffée par le magma volcanique comme celles qui affectaient parfois les premières chaudières de l’industrie naissante, calcule leur vitesse de propagation et détermine la position de l’épicentre ; la théorie et la méthode étaient les bonnes, mais les moyens d’observation et de mesure dont il disposait ne lui permirent pas de caractériser le séisme de Lisbonne comme nous pouvons le faire maintenant. - LES TRIBULATIONS D’UN PRÉVISIONNISTE EN CHINE Depuis, la science nous a permis de limiter notre quête aux causes naturelles, mais nous sommes encore loin d’avoir réponse à tout et l’on va voir que l’irrationnel et/ou la prétention rôdent toujours autour des risques, notamment quand on essaie de les prévoir et d’en prédire la réalisation. - LES SÉISMES D’ANSHAN ET DE TANGSHAN NE DE LA CHINE Quelques cas de prédictions réussies, de catastrophes qui auraient ainsi été évitées, sont généralement présentés comme des victoires de l’esprit sur la matière, laissant entrevoir des lendemains qui chantent et annonçant le prochain Paradis sur Terre où, grâce à la Science, la marâtre Nature sera enfin devenue notre Mère ; à l’analyse, tous ces cas se révèlent fortuits et on peut leur opposer des contre-exemples beaucoup plus nombreux. La, Histoires édifiantes sismologie chinoise, la plus ancienne et la mieux documentée du monde, l’a clairement montré. - Anshan 04/02/1975, ML 7,4 À la suite de deux séismes successifs, ML 6,8 puis 7,2, qui firent sans doute beaucoup plus que les 8 000 victimes officielles dans la région de Xingtai, à l’ouest de la Grande plaine du Nord en mars 1966, les autorités chinoises lancèrent une campagne de prévision des séismes à l’échelle de leurs moyens humains, administratifs et matériels, qui étaient considérables. Tout ce qui était alors réputé permettre la prévision d’un séisme fut étudié, testé puis mis en œuvre, observations scientifiques de terrain et de laboratoire, observations traditionnelles et routinières comme la turbidité des eaux des puits, les comportements anormaux d’animaux... La basse vallée industrielle du Lia-ho, très peuplée, sismiquement calme depuis le milieu du XIXe siècle, fit l’objet de toute l’attention des sismologues chinois, car de nombreux petits séismes se rapprochaient d’elle depuis Xingtai, sans doute le long d’un même système sismique, un rift qui oriente la Grande plaine du nord, le golfe de Bohai et la basse vallée du Lia-ho. À partir du 1er février 1975, les observations scientifiques et traditionnelles semblaient indiquer qu’un violent séisme allait se produire dans la région du Liaoning, vers Anshan-Haicheng-Yingkou, au fond du golfe du Liaotoung ; le 4 février vers le milieu de la journée, les autorités demandèrent aux habitants disciplinés, préalablement informés et entraînés, de sortir de chez eux malgré un froid rigoureux, ce qu’en fait, ils avaient déjà fait d’eux-mêmes, affolés par plusieurs rafales de petits séismes précurseurs, et de se préparer à affronter les effets d’un violent séisme dans moins de 24 heures il se produisit dès le début de la soirée, à 19h36, ML 7,4 ; les dommages matériels furent considérables, car tout a été détruit sur un vaste territoire, bâtiments, ponts, routes..., mais il n’y aurait eu moins d’un millier de victimes dans une région de plus de trois millions d’habitants. Ce qui en fait avait été une prévention populaire spontanée réussie, fut officiellement présentée comme une prédiction qui impressionna d’autant plus le petit monde des sismologues que les Chinois purent en faire état, la décrire et l’expliquer, avec une évidente et plus ou moins légitime satisfaction, à la conférence intergouvernementale sur l’évaluation et l’atténuation des risques sismiques, au siège de l’Unesco à Paris, au cours de la session spéciale de février 1976, ce qui souleva l’admiration unanime., 1 – Des risques de toutes natures Figure - Les séismes du NE de la Chine - Tangshan 27/07/1976, ML 7,6 Malheureusement, l’inévitable contre-exemple ne tarda pas à se produire quelques mois plus tard et un an et demi après Anshan dans la région de Tangshan, à l’est de Pékin, entre Xingtai et Anshan, sans doute sur le même système sismique le 27 juillet 1976, un séisme ML 7,6, plus ou moins prévu, mais non prédit et en tous cas non prévenu, y fit des dommages matériels tout aussi considérables qu’au Liaoning, mais surtout 250 000 victimes selon les Chinois et sans doute plus de 650 000 en réalité ; il serait ainsi le séisme le plus meurtrier depuis deux siècles et peut-être depuis toujours. Par contre, entre août et septembre 1976, la région de Canton est restée dans l’attente d’un séisme qui ne s’est pas produit. - UNE PRÉDICTION POLITIQUE » Péremptoirement avancée sous couvert scientifique, la prédiction peut prendre une forme politique et être tout aussi incertaine voire erronée et donc inefficace voire scandaleuse. LES RUINES DE SÉCHILIENNE ISÈRE Potentiellement très dangereux, un grand mouvement de terrain affecte peut-être la partie haute du versant nord de la vallée de la Romanche, entre Séchilienne et Vizille Isère ; la bordure Est de cette zone plus ou moins stable est marquée par un écroulement rocheux alimentant un éboulis parcouru par une coulée quasi permanente de boue, de débris et parfois de blocs aboutissant quelquefois en pied sur la RN 91, au bord de laquelle se trouvent plus en amont une petite centrale électrique et une usine chimique, dans une zone en principe hors de danger immédiat. Connu de tout temps, cet endroit plutôt malsain, Histoires édifiantes s’appelle fort justement les Ruines » ; en fait, il semble ne s’y être jamais rien passé de très grave des chutes de blocs de quelques m3 en 1726, 1762, 1794, 1833 ; le dernier événement important s’est produit en 1906 dans la nuit du 23 au 24 février, à la suite de pluies abondantes puis de gel/dégel, 80 m3 de matériaux ont obstrué la RN et le 20 mars, il a fallu dynamiter des rochers menaçants. Au cours de l’hiver 1985, le phénomène s’est de nouveau manifesté, mais de façon plus modérée ; or, en aval de ce site, au pied du versant opposé, un lotissement moderne a été implanté à proximité du hameau ancien de l’Île- Falcon, à Saint-Barthélemy-de-Séchilienne ; cet événement dont ils ignoraient l’éventualité, a provoqué l’inquiétude puis justifié l’intervention auprès des pouvoirs publics, de certains habitants du lotissement, nouveaux venus dans ce site, qui redoutaient un éventuel accident du car de ramassage scolaire. Consulté en qualité de secrétaire d’État aux risques majeurs du gouvernement Fabius, mais aussi comme spécialiste ?, H. Tazieff avait alors péremptoirement déclaré que l’Île-Falcon serait rayée de la carte avant dix ans ! Figure - Le site de la coulée des Ruines de Séchilienne À cet endroit, la vallée présente une morphologie de verrou glaciaire typique, alluvions grossières, fond étroit vers la côte 330, bedrock vers 280, crêtes de versants très raides vers 1 100 au Mont Sec ; la surface du glacier maximal aurait été vers la côte actuelle 960. Dans la partie W du rameau externe du massif de Belledonne, le site des Ruines se trouve au croisement du système de failles ≈ E-W de la Romanche et d’un faisceau de fractures subverticales ≈ N-S qui affecte les micaschistes à foliation amont-pendage ou subverticale du Mont Sec et son cortège filonien de quartz-plomb-zinc. Les effets de plusieurs épisodes tectoniques, ante-hercyniens à alpin et peut-être même récents à subactuels ont marqué ce site plus ou moins sismique ; la structure de détail très complexe qui en résulte, superposition de foliation, plis, failles, filons... dont l’élément le plus curieux est une dépression d’effondrement sommitale subcirculaire, conduitàydistinguer plusieurs, 1 – Des risques de toutes natures secteurs dont les comportements de subsurface paraissent plus ou moins différents, indépendants et asynchrones ; en dehors de l’écroulement, de l’éboulis et de la coulée, la morphologie et le comportement général atypique du site sont donc très difficiles à analyser et à comprendre. Il semble que le tiers inférieur du versant soit stable et que c’est l’ouverture gravitaire de certaines fissures de la dépression sommitale, peut-être en relation avec des secousses sismiques qui provoque les éboulements l’éventuelle instabilité actuelle de la partie haute du versant serait due à la poussée centripète de la dépression dont l’affaissement en coin serait subactuel et/ou un effet indirect du retrait définitif du glacier würmien, mais rien n’indique que des événements catastrophiques se soient produits dans ce site depuis cette époque, en dehors de l’étroit couloir de la coulée spectaculaire mais peu épaisse sur du rocher stable. Ces difficultés sont accrues par celles des accès, couvert forestier dense et pentes très fortes, qui ont limité les études à une cartographie de topographie photogrammétrique, à un lever de terrain plutôt mité, au relevé de deux galeries de mine utilisées de 1850 à 1914 et à une galerie de reconnaissance. Les mouvements superficiels sont suivis au moyen d’un dispositif d’auscultation et de surveillance automatique comportant, entre autres, des extensomètres sur le versant instable et un géodimètre sur le versant opposé. Des simulations de scénarios-catastrophes fondées sur des modèles informatiques ont schématisé les effets possibles de grands écroulements susceptibles ? de se produire à termes inconnus en 1985, on a d’abord estimé le volume de matériaux instables limités aux abords immédiats de la niche sommitale à environ 2 Mm3 millions de m3 ; l’écroulement éventuel correspondant couperait alors la RN 91 à gros trafic sans possibilité de déviation vers Briançon et détournerait la Romanche sans la barrer. Un éboulement de 7 Mm3 produirait un barrage et une retenue d’eau à la côte 350 ; la RN serait évidemment coupée, la centrale électrique et l’usine seraient noyées ainsi qu’une partie du lotissement du Grand-Serre en aval de Séchilienne, mais l’Île-Falcon ne serait pas atteinte ; en prévention, on a construit un grand merlon sur l’autre rive et déplacé la route au pied du versant opposé, en ménageant entre eux un chenal de dérivation du torrent. En 1987, l’estimation est passée à 25 Mm3 ; le barrage créerait alors une retenue à la côte 380 ; Séchilienne serait submergé et une partie de l’Île-Falcon détruite ; la rupture du barrage, inévitable à plus ou moins long terme provoquerait une inondation particulièrement catastrophique à l’aval jusqu’au-delà de Grenoble ; cela s’est déjà produit au début du XIIIe siècle, une quinzaine de kilomètres en amont, dans le site analogue du pont de la Vena où il y eut des accumulations de coulées de boue sur chaque versant, au croisement d’une autre zone de fracture de Belledonne et d’un verrou de la vallée de la Romanche ; avant de rompre, le barrage avait retenu un lac qui baignait le site du Bourg et dont l’alluvionnement avait construit l’étroite plaine d’Oisans, remarquablement plate dans un site montagneux. Un écroulement de 100 Mm3 créerait un barrage et une retenue à la côte 430 qui noierait Séchilienne et Saint-Barthélémy, et couvrirait entièrement l’Île- Falcon. En principe, le franchissement routier en galerie du site qui permettrait aussi de dériver le torrent en cas d’accident est à l’étude ; en attendant, le dispositif de surveillance automatique devrait permettre de déclencher les plans de gestion de crise et éventuellement, de secours. Mais passé le délai de dix ans qu’il avait fixé, H. Tazieff élu au conseil général de l’Isère qui supporte la majeure partie du coût des opérations, avait alors déclaré que le risque était, Histoires édifiantes mineur ! En effet, depuis l’événement de 1985, il ne s’était plus rien passé de grave dans ce site et fin 2005, le pied de la coulée était toujours couvert par une végétation dense. Entre temps, on avait joué les scénarios-catastrophes à l’ordinateur, construit le merlon, déplacé la route, établi le chenal de dérivation de la Romanche et commencé les expropriations pour cause d’utilité publique des habitants de l’Île-Falcon, légalement possibles depuis le décret 95-1115 du 17/10/95 si la sécurité des personnes est en jeu à très court terme cf. ce qui n’est pas le cas, et ne peut pas être assurée pour des raisons techniques et/ou économiques par des mesures de protection et/ou de sauvegarde, ce qui serait le cas de réalisation éventuelle d’un scénario-catastrophe, ou bien si le montant estimé des indemnités éventuelles de catastrophe naturelle » est jugé prohibitif ;en 2005 quelques d’habitations étaient encore occupées, car certains anciens habitants ne voulaient toujours pas partir, arguant les avis contradictoires d’experts et notamment ceux de Tazieff, la surestimation du risque, les indemnités trop faibles... Certains se demandent aussi pourquoi seule l’Île-Falcon qui ne serait menacée que par un événement de 25 Mm3 a été expropriée, alors que le Grand-Serre où personne n’a été exproprié, serait noyé par un événement de 7 Mm3. Photo – Écroulement rocheux des Ruines de Séchilienne Cet écroulement connu depuis longtemps menacerait de barrer la vallée de la Romanche. La RN 91 a été déplacée sur la rive opposée ; un merlon protège la route et un lit de dérivation de la rivière., 1 – Des risques de toutes natures Le site semble actuellement très peu actif et heureusement, le scénario-carastrophe redouté sans que l’on précise lequel ne s’est pas encore produit et il ne semble pas devoir s’en produire un dans un délai prévisible ; par contre, il se produira sûrement d’autres coulées à terme indéterminé mais relativement court la construction du merlon, le déplacement de la route et la création du chenal étaient donc des mesures de prévention sinon nécessaires, du moins souhaitables. Ainsi le 24/01/04, à la suite d’un éboulement dont quelques éléments ont atteint le tronçon de route désaffectée, la nouvelle route pourtant à l’abri, a été fermée durant 24 heures, par précaution, en attendant que les experts se prononcent sur l’éventualité d’un événement de plus grande ampleur qui ne s’est pas produit. - LA TENDANCE SE RENVERSE Le cours d’un phénomène naturel est extrêmement complexe ; une façon élémentaire de la modéliser est d’observer les variations temporelles d’un paramètre plus ou moins arbitrairement choisi pour la représenter. Les courbes ainsi obtenues sur des laps de temps relativement longs ne sont jamais monotones mais elles montrent parfois une tendance dont l’extrapolation à plus ou moins long terme peut conduire à la prédiction d’un événement paroxystique qui ne se produira peut-être pas parce que la tendance se renversera à un moment et d’une façon imprévisibles. LA CLAPIÈRE AM En aval de Saint-Étienne, le versant est de la vallée de la Tinée est animé par ce qui parait être un énorme et quasi permanent mouvement de terrain, fauchage superficiel affectant un panneau de près de 100 ha dénivelé de 650 m ou glissement profond d’un volume atteignant peut-être 50 Mm3 ; le phénomène parait s’étendre vers l’amont, ce qui accroîtrait le volume instable de plus de 5 Mm3. Quoi qu’il en soit, il bombarde fréquemment le pied du versant de débris, pierres et blocs pouvant dépasser 1 000 m3 ; il alimente ainsi un énorme éboulis de pied, une clapière, obstruant souvent la route qui en longeait le pied sur plus d’un kilomètre, poussant vers l’ouest la rive gauche de la Tinée qui érode donc sa rive droite et sa plaine alluviale cultivée, environ 300 m entre 1970 et 2000 ; un repère sommital s’est déplacé de 125 m horizontalement et 80 m verticalement en une quinzaine d’années. À terme indéterminé que l’on a quelque temps crû proche, il menacerait de barrer la vallée, formant un lac qui submergerait le village et dont la débâcle inévitable à plus ou moins long terme provoquerait une inondation catastrophique à l’aval, jusqu’à Nice., Histoires édifiantes Figure - Le site du mouvement de terrain de La Clapière - Évolution du phénomène La principale formation instable du versant est un ensemble migmatitique très altéré appartenant au socle hercynien du Mercantour remanié au Tertiaire son soulèvement alpin aurait alors entraîné la réactivation du faisceau de failles normales de la Tinée, NW/SE subvertical, qui oriente la vallée et peut-être aussi les surfaces de rupture de l’éventuel glissement profond, ainsi que son écaillage par deux autres réseaux de failles dont l’un découperait le versant en compartiments limités par les vallons adjacents qui bornent latéralement la zone instable ; il aurait aussi provoqué le décollement gravitaire vers le SW de sa couverture secondaire au niveau du Trias gypseux dont on suppose la présence en pied de versant et sous les alluvions, car l’eau des sources y est séléniteuse. Dans la zone profonde stable, la foliation métamorphique d’origine aurait une direction parallèle à la vallée et un pendage amont de 30 à 80°; au-dessus sur environ 200 m d’épaisseur, la foliation aurait basculé jusqu’à l’horizontale sans glisser ; dans la zone superficielle, la foliation serait renversée, aval pendage et donc apte aux glissements bancs sur bancs. En fait on connaît mal la structure de ce site ; extrêmement accidenté, les surfaces actives de ruptures y sont nombreuses, très ébouleuses et fortement dénivelées ; il est ainsi localement dangereux de s’y promener, très difficile d’y effectuer des reconnaissances géophysiques et géotechniques, impossible d’y faire des sondages profonds et encore moins des galeries de reconnaissance. Les nombreuses équipes qui y interviennent sans, 1 – Des risques de toutes natures coordination soit pour la surveillance et la prévention soit pour des études universitaires privilégient leurs propres points de vue, tectonique, hydrogéologie, géotechnique... L’instrumentation classique de surveillance permet de caractériser et de suivre les déplacements superficiels ; par des mesures hydrauliques et climatiques de débits et durées de réponse des sources en fonction des pluies et de la fonte des neiges, physico-chimiques de réactions d’altération/colmatage et de dissolution/précipitation..., l’hydrogéologie propose et étaye certains schémas de comportement ; la géomécanique ne disposant pas de données spécifiques en profondeur privilégie la manipulation de modèles numériques stéréotypés plus ou moins adéquats, à partir d’hypothèses de comportements qui ne le sont pas moins et d’observations de surface très fragmentaires ; en faisant varier tout cela, on obtient à peu près tous les résultats que l’on veut, du fauchage superficiel tel qu’on l’observe, au gigantesque écroulement instantané qui a fait frémir les foules et parait n’être plus d’actualité, en passant par le même plus ou moins lent ou par des éboulements localisés plus ou moins vastes et rapides, avec des effets indéfinis et des conséquences imprévisibles mais sûrement très différents. Le modèle géomorphologique et géodynamique le plus probable du phénomène est celui d’une vallée glaciaire dont un compartiment de versant composé de roches schisteuses très altérables a été déstabilisé vers la fin du Würm, quand le glacier qui l’avait surcreusée jusqu’à près d’une centaine de mètres au-dessous du niveau actuel de la plaine alluviale ne l’a plus buté. L’aspect général de la subsurface du site est celui d’un fauchage gravitaire ; la morphologie synthétique de l’ensemble est celle d’un glissement complexe, vaste ensemble fractal d’une multitude de glissements élémentaires aux comportements plus ou moins indépendants et de dimensions extrêmement diverses ; le déplacement vers la plaine alluviale du pied globuleux à pente raide de ce glissement, 40 à 45° entre 1 100 et 1 350 m d’altitude, est peut-être entretenu par la dissolution de l’éventuelle formation gypseuse en pied et sous-alluviale, mais les fluctuations climatiques et météorologiques locales, sécheresse, fortes précipitations, fontes des neiges... ainsi que l’érosion en pied par le torrent, paraissent déterminantes dans l’évolution du phénomène qui ainsi n’est évidemment pas périodique mais chaotique. Photo – La Clapière Ce mouvement de terrain très vaste et très complexe menace de barrer la vallée de la Tinée ; la RD 2205 a été déplacée sur la rive opposée ; une galerie de dérivation de la rivière a été construite., Histoires édifiantes Il semble que pour la période actuelle, il ait démarré au début du siècle, peut-être avant, car vers 1710, la Tinée aurait été barrée par un écroulement dans cette zone qui donc s’activerait de loin en loin ; l’escarpement sommital actuel serait apparu en 1937, mais la carte topographique à 1/25 000 1980 et les cartes géologiques à 1/80 000 1898 et 1967 et à 1/50 000 1954 ne figurent pas de mouvements de terrain dans cette zone ; en 1970, on a observé les premières chutes de blocs sur la RD 2205 en pied ; on a commencé à s’intéresser à ce mouvement au début des années 80, car la circulation sur la route, la seule de la vallée, paraissait d’autant plus dangereuse qu’elle était devenue plus importante en raison de l’ouverture de la station de ski d’Auron et de celle du col de Restefond. Un comité d’experts assisté par un dispositif de surveillance, extensomètres, inclinomètres sur la zone instable, réseau de cibles sur cette zone et à sa périphérie, périodiquement visées automatiquement depuis le versant opposé, dont les mesures sont télétransmises au laboratoire de l’Équipement de Nice a fonctionné à partir de novembre 1982. Ce dispositif à été progressivement augmenté à la suite d’observations alarmantes et/ou d’utilisations d’appareils plus performants en 92 onyajoint des géodimètres à laser ; en 96, on a multiplié les cibles et rendu les stations plus accessibles ; s’y ajoutent maintenant les moyens satellitaires classiques, stations GPS, télédétection, interférométrie radar... Ce dispositif coûte très cher, mais chaque fois que l’on aurait voulu l’alléger, un événement inquiétant, chutes de blocs, accélération du mouvement de certaines cibles... en a dissuadé les responsables. Au cours de l’été 1985, les mesures de déplacements superficiels semblaient indiquer que le lent mouvement de reptation jusqu’alors observé, passait à un énorme glissement rotationnel ? - cf. ; il a paru accélérer jusqu’à atteindre parfois localement 80 mm/j dans le courant de l’été 87. Par extrapolation de la courbe vitesse/temps, on a crû pouvoir annoncer que la rupture en masse se produirait à l’automne 1988. En fait, après une forte accélération entre janvier 86 et novembre 87, la tendance s’est brusquement renversée une forte régression s’est produite jusqu’en janvier 91, puis une quasi-stase jusqu’en 2003 malgré d’autres courtes accélérations, novembre 1996, novembre 2001... ; à la fin de l’été 2005, il ne s’est heureusement toujours rien passé de grave ! Pourtant, ce calme apparent relatif n’est sans doute que provisoire, mais pourrait durer fort longtemps ou bien cesser sans long préavis. Il est donc nécessaire de prévenir et d’être très vigilant le site et ses abords immédiats ont été interdits d’accès ; une route nouvelle sur l’autre versant a été inaugurée le 28 juillet 1985 ; dès le 6 août, de très grosses chutes de blocs et un bourrelet de pied ont rendu l’ancienne route inutilisable ; il était temps ! Apparemment moins utile à court terme, une galerie de dérivation du torrent, longue d’environ 2 km, a été creusée au pied de l’autre versant pour éventuellement éviter la formation d’un lac de barrage en cas d’écroulement rapide d’un volume d’au moins 2,5 Mm3. Des arrêtés de catastrophe naturelle » ont aussi été pris en mai et novembre 1987 pour permettre l’évacuation et l’indemnisation préventives » de quelques habitations et entreprises dans une zone non menacée directement. Le seuil d’alerte a été fixé à la vitesse moyenne de déplacement de 80 mm/j atteinte pendant l’été 87 ; on a depuis observé localement et temporairement 130 ou même 170 mm/j sans qu’heureusement rien de ce qui a été prévu » ne se soit encore passé., 1 – Des risques de toutes natures Cela entretient donc une polémique technico-politique, d’autant plus acerbe que sur l’autre versant, la nouvelle route n’est pas des plus stables, que la galerie de dérivation, après avoir perturbé les eaux souterraines et provoqué quelques affaissements, subit maintenant des déformations alarmantes, que les coûts de ces ouvrages, de la surveillance et des indemnisations parait exorbitant et que l’économie de la commune a été durement affectée par une situation paraissant indéterminée sinon incertaine. Plusieurs stéphanois sont allés s’établir ailleurs ; ceux qui sont restés sont sceptiques, ironiques ou excédés ! - UNE QUERELLE D’EXPERTS AMPLIFIÉE PAR LES MÉDIA Multiplier les experts sur une même étude ou surtout en période de crise multiplie... les querelles d’experts. L’ÉRUPTION DE LA SOUFRIÈRE DE LA GUADELOUPE - 1975/77 La Soufrière de la Guadeloupe est un volcan réputé très peu actif, avec quelques éruptions phréatiques peu dangereuses en près de quatre siècles ; mais c’est une montagne jeune, culminantà1467 m, qui s’est édifiée à la suite d’éruptions très violentes dont l’étude géologique a permis de reconstituer la courte histoire. Du reste, son activité ne peut faire aucun doute, car, en dehors des périodes d’éruptions, d’abondantes fumerolles aux odeurs évidemment sulfurées, s’échappent avec un bruit d’enfer, de larges et profondes fractures béantes qui s’ouvrent sur l’abrupt versant SW et sur le chaotique plateau sommital de son dôme ; ilyaaussi de nombreuses sources chaudes sur la Basse-Terre, le long de la côte caraïbe au NW du volcan, notamment à Bouillante où se trouve une centrale géothermique ; l’activité du volcan est aussi associée à un bruit sismique continu et à des séismes parfois violents et destructeurs comme celui de 1843. Durant l’été 1976, la vieille dame » a produit une violente éruption phréatique qui n’a pas fait beaucoup de dégâts directs. Depuis juillet 1975, on observait une sismicité anormale sur la Basse-Terre, avec des chocs de plus en plus nombreux et violents, jusqu’à atteindre ML 4,6 en août 1976, tandis que les foyers sismiques montaient de5à3km de profondeur sous le dôme. Pendant ce temps, les manifestations éruptives, ouvertures de fissures dans le dôme, jets de vapeur et de gaz, projections de blocs et de cendres, lahars... étaient devenues impressionnantes le lahar du Carbet atteignait presque la très touristique troisième chute de cette ravine ; la banlieue résidentielle de Saint-Claude paraissait pouvoir être bombardée par des blocs dont certains pesaient plusieurs tonnes et effectuaient des vols de près de 2 km de portée ; une fine couche de cendres s’étendait sur Basse-Terre, la préfecture de l’île, à une dizaine de kilomètres au SW, en contrebas des fissures les plus actives du dôme. Avec en mémoire les victimes des éruptions précédentes de la montagne Pelée et de la Soufrière de Saint-Vincent, et sur les avis d’experts qui n’excluaient pas une explosion violente, l’évacuation prudente de 72 000 personnes a été décidée le 15 août. Le volcan s’est ensuite peu à peu calmé et les gens ont pu revenir chez eux dès la fin de cette même année 1976. Des manifestations extérieures se sont poursuivies jusqu’en mars 1977 ; le relatif calme sismique initial est revenu depuis 1978., Histoires édifiantes Figure Le site de la Soufrière Au cours de cette éruption, on a vu et entendu des experts dont l’inévitable Tazieff, s’affronter doctement, véhémentement et vainement pour décider s’il était opportun de se fier aux indications de la géophysique plutôt qu’à celles de la géochimie, alors qu’il était surtout urgent et indispensable de prendre en toute sérénité, des décisions motivées et raisonnables dont pouvaient dépendre les vies de plus de 50 000 personnes ; cette tragi- comédie scientifico-médiatique bien française, a beaucoup nui au travail des vrais spécialistes, a altéré leur crédibilité ; elle a affolé les gens et fait passer des péripéties polémiques au rang d’événements qui, pour les média en attente de scoop, suppléaient au manque de bonne volonté du volcan refusant d’exploser. Il en est résulté des actions hâtives et mal préparées, un joli désordre politico-administratif, puis une longue querelle hargneuse, à propos d’une crise sérieuse, inattendue mais possible, subie et gérée au jour le jour par des décideurs mal informés, le modèle de ce qu’il faut éviter en cas de réalisation de risque naturel». Depuis, un observatoire permanent a été installé dans les hauts de Saint-Claude, assez curieusement à moins de 3 km du volcan, dans une zone apparemment très menacée. On considère comme plus ou moins exposé, un tiers de la Basse-Terre, au sud d’une ligne allant de Marigot sur la côte caraïbe, à Sainte-Marie sur la côte atlantique, en passant par le morne Moustique. La prévention est un art bien difficile, mais la prédiction d’événements catastrophiques qui ne se produisent pas à terme annoncé peut s’avérer beaucoup plus désastreuse pour les gens théoriquement exposés que pour ceux qui les préviennent et parfois les alarment. Je vous dirai plus loin pourquoi je pense que la prédiction des événements destructeurs de tous les phénomènes naturels ne nous est pas accessible et ne le sera peut-être jamais. Je tacherai aussi de vous rassurer en vous montrant qu’à condition d’être attentif et prudent,, 1 – Des risques de toutes natures on peut dans la plupart des cas, n’en subir que des effets, certes souvent très dommageables, mais presque jamais catastrophiques. Mais les hommes se montrent rarement attentifs et prudents ; ils adoptent même très fréquemment, des comportements aberrants, généralement pour des raisons futiles, sans commune mesure avec les risques pris. - UNE ÉPOUVANTABLE ABERRATION POLITICO-ADMINISTRATIVE Selon R. Aron, l’histoire ne tient pas compte des catastrophes évitées ; la notion de catastrophes qui ne se sont pas produites est en effet un non-sens avec des si on mettrait Paris en bouteille. Par contre, on ne compte pas les catastrophes dites naturelles » provoquées, mais qui auraient pu être évitées ; en fait, elles le sont à peu près toutes, catastrophes provoquées » est un pléonasme pour ne pas en provoquer, il faut et il suffit de ne pas être là, où et quand un événement naturel dangereux est susceptible de se produire ; vous trouvez cela évident et/ou stupide ? Voici ce à quoi peut conduire un comportement humain aberrant face à un tel événement. LE 8 MAI 1902, À SAINT-PIERRE DE LA MARTINIQUE La montagne Pelée est l’éponyme des éruptions volcaniques les plus immédiatement dangereuses, les éruptions péléennes ; l’éruption type de 1902, est en effet la première qui ait été scrupuleusement étudiée et décrite scientifiquement par Lacroix puis par Perret et ensuite par beaucoup d’autres ; elle constitue donc une référence essentielle en volcanologie. Malheureusement, elle est plutôt restée célèbre pour avoir entraîné un holocauste dont on dit rarement qu’il a été dû au comportement aberrant des pouvoirs publics, à une horrible manipulation politico-administrative ; cela implique qu’on lui attribue aussi une place particulière dans l’étude du risque volcanique, et même du risque naturel », celle du contre-exemple, de ce qu’il faut éviter de faire à tout prix. - Le volcan Située sur la marge ouest de la plaque caraïbe, vers le milieu de l’arc de subduction des petites Antilles, à l’extrémité nord de la Martinique, la montagne Pelée n’émet même pas quelques fumerolles qui montreraient qu’actuellement, elle n’est qu’assoupie. C’est un strato-volcan calco-alcalin, empilement de blocs et de pyroclastites plus ou moins cimentés, enrobant un axe d’andésite, racine de deux dômes juxtaposés. Il forme un cône, φ ≈ 15 km, dont les 3/4 de la circonférence sont des rivages marins ; son sommet, le dôme de 1929, culmineà1397 m ; sa surface est striée par un réseau dense de ravines rayonnantes. Les dômes, de 1902 au NE et de 1929 au SW, occupent le fond dit de l’étang Sec, d’une demi-caldeira d’effondrement préexistante, ouverte au SW ; en partie ceinturés par sa paroi subverticale, leurs pieds sont encombrés d’éboulis. Le substratum est constitué par l’appareil fissural du morne Jacob qui s’étend largement au sud, et par celui effusif du piton Conil qui pointe localement au nord du cône ; ces deux appareils sont, Histoires édifiantes séparés par la dépression structurale NE-SW de Saint-Pierre dont les parties nord et est sont couvertes par le tiers terrestre de la circonférence du cône. Figure - La Martinique et la montagne Pelée La première phase d’activité de l’arc antillais se serait manifestée de -50 à -25 Ma millions d’années. La phase actuelle aurait débuté vers -5 Ma, d’abord au morne Jacob ≈ -5/-2 Ma, et aux pitons du Carbet ≈ -2/-1 Ma, puis au piton Conil 100 bars, lors de violents dégazages en fin de course au pied du dôme ; en grande partie constituées d’air, elles ne sont pas toxiques, pas très chaudes, 5 à 600°, très peu denses, ≈ 0,05, et véhiculent en suspension des particules magmatiques très vascularisées à la température du magma, > 1 000° ; formant de très hauts nuages, elles dévalent à plus de 100 m/s ; franchissant aisément les coteaux à contre- pente, elles s’étalent largement dans le site et affectent irrégulièrement des zones très vastes aux limites floues. La morphologie, demi-caldeira plinienne prolongée par de profondes ravines, de la partie SW du cône où se produisent les principaux événements de toutes les éruptions, parait régie par la structure de l’appareil orientée selon la direction NE-SW de la dépression structurale ; c’est ainsi que le dôme de 1929 est situé au SW du dôme de 1902 et que la demi-caldeira, ouverte au SW, dirige la plupart des nuées dans cette direction. D’un point de vue strictement volcanologique, la montagne Pelée est un volcan plutôt modéré l’éruption de 1902 aurait éjecté ≈ 0,2 km3 de matériaux, un peu moins que celle de la Soufrière de Montserrat ou du Saint Helens, ≈ 0,35 km3, beaucoup moins que celle du Pinatubo, ≈ 6 km3, et encore moins que celle du Krakatoa, ≈ 15 km3, du Tambora, ≈ 80 km3, du Katmai Cent mille Fumées, du Laki... Fig. - La catastrophe À l’aube du XXe siècle, Saint-Pierre passait pour le petit Paris des Antilles au bord d’une magnifique plage sous le vent, près de 30 000 habitants dont environ 8 000 créoles, de belles maisons de pierre bordant l’élégante avenue Victor-Hugo, une cathédrale, un théâtre, un hôpital, un lycée, des usines pour produire le sucre et le rhum, des entrepôts pour stocker les fûts dont ils étaient pleins, un port pour les expédier, en fait la plage et des mahonnes pour charger de nombreux bateaux de commerce au mouillage, une courte jetée, un petit phare... et au nord, une montagne conique, presque toujours couronnée de nuages, d’où de nombreux torrents descendaient radialement. Un siècle après, quand on vient de Fort-de-France par la route de la côte et qu’à la sortie d’un petit tunnel percé au pied d’une falaise de pyroclastites et laves de l’appareil du Carbet, on double la pointe Sainte-Marthe, on découvre une somptueuse marine, la mer, la plage, la montagne et ses éternels nuages, les torrents..., mais plus de belle ville, seulement un gros village de guère plus de 6 000 habitants, qui serait triste s’il n’était pas antillais, quelques ruines saisissantes dont celles de l’ancien théâtre, de l’église du Fort, la rue Levassor déblayée des cendres accumulées sur près de trois mètres de haut, un petit musée dans lequel, afin que l’on n’oublie pas, Perret a rassemblé d’émouvantes et terrifiantes reliques de la vie de tous les jours, avant que ce paradis ne devienne un enfer, le 8 mai 1902., Histoires édifiantes Figure - Avant - Pendant - Après On présente toujours la nuée ardente qui ce jour-là a ravagé Saint-Pierre et ses alentours, comme une abominable catastrophe naturelle » dont était responsable un volcan particulièrement imprévisible. Bien évidemment, il était impossible d’empêcher que la ville et ses environs fussent ravagés par la nuée du 8 mai et toutes celles qui la précédèrent et la suivirent ; mais les 28 à 30 000 victimes qu’on lui impute, durent uniquement leur triste sort à une incroyable aberration politico-administrative dont on évite toujours d’exposer les détails il n’est pas exagéré de considérer que le volcan n’a pas été pour grand-chose dans cette consternante et cruelle histoire. La montagne Pelée était connue comme un volcan dès avant l’arrivée des Européens sur l’île les Caraïbes qui avaient peut-être assisté à une éruption au XVIe siècle, l’appelaient, 1 – Des risques de toutes natures montagne de Feu ; sa morphologie et l’existence de volcans actifs dans d’autres îles des petites Antilles, ne permettaient pas d’ignorer sa nature environ 160 km plus au sud, la Soufrière de Saint-Vincent était alors très agitée depuis plus d’un an et avait eu une violente explosion le 7 mai, ce que les autorités de Saint-Pierre savaient, ignorant toutefois qu’une nuée ardente y avait fait plus de 1 500 victimes ; du reste, depuis la colonisation, deux éruptions phréatiques, apparemment inoffensives de la montagne Pelée, s’étaient produites en 1792 et 1851 ; et s’il est vrai qu’à cette époque, la volcanologie n’était qu’une branche mineure de la géologie et de la minéralogie, le comportement dangereux des volcans était loin d’être inconnu. À partir de 1889, des fumerolles et des petits séismes indiquaient une reprise d’activité. En février 1902, leur intensification ne laissait aucun doute sur le réveil du volcan, notamment à Sainte-Philomène, hameau du Prêcheur, village situé au nord de Saint-Pierre, zone sous le vent du volcan la plus directement exposée aux pluies de cendres, au pied du versant SW sous l’ouverture de la caldeira qui dirige les avalanches pyroclastiques et les lahars. Le 23 avril, l’éruption commençait par une phase phréatique, étang Sec rempli d’eau brûlante au sommet, crues des torrents, pluie de cendres, détonations, grondements, tremblement continus ; le 25, elle entrait dans une phase explosive avec émission d’énormes panaches de vapeur et de pyroclastites, zébrés d’éclairs selon les sages recommandations de la plaque de Portici Fig. qui, depuis l’éruption de 1631, met en garde les habitants des versants du Vésuve, il aurait fallu partir sans attendre ; elle était malheureusement ignorée des Pierrotins ; l’équipage d’un bateau napolitain, qui connaissait évidemment le Vésuve et peut-être aussi les recommandations de la plaque, appareilla bien qu’il n’en eût pas l’autorisation. Mais le 27 avril des élections législatives infructueuses avaient eu lieu et un scrutin de ballottage était prévu pour le 11 mai ; les autorités politiques et administratives ne pensèrent donc qu’à empêcher le départ des électeurs les adversaires polémiquaient stupidement sur la nécessité ou non de partir, dont ils avaient fait une marque de spécificité politique ; de son côté, l’administration organisait imperturbablement le second tour ; elle faisait publier les avis rassurants d’une commission d’ experts » locaux hâtivement réunie dont le seul membre ayant des connaissances scientifiques était le professeur de sciences naturelles du lycée ; elle alla même jusqu’à charger la troupe d’arrêter un début d’exode sous prétexte d’éviter les pillages. À partir du 2 mai, ces comportements étaient manifestement devenus aberrants ; une excursion sur la montagne avait même été organisée pour le 4, qui était un dimanche ; elle n’eut finalement pas lieu, car l’éruption s’amplifiait sans cesse, pluie de cendres continue couvrant toute la région d’une couche s’épaississant d’heure en heure le 5, lahar destructeur et meurtrier sur la rivière Blanche au nord de Saint-Pierre, suralimentée par la vidange de l’étang Sec et petit tsunami sur la côte à son arrivée dans la mer ; le 6, rupture de câbles téléphoniques sous- marins par un courant de turbidité déclenché par un séisme, et toujours les cendres... On n’était pas loin de la description de Pline que quelques lettrés locaux devaient bien connaître, ainsi que du déroulement de l’éruption de la Soufrière de Saint-Vincent. Mais les autorités étaient toujours aussi rassurantes l’élection devait avoir lieu le 11. Quelques personnes avisées, mais passant pour couardes et inciviques, forcèrent le blocus ; grand bien leur prit, car l’élection n’eut pas lieu le 8 mai vers7h50, la tristement célèbre nuée ardente ravagea un secteur SW du volcan d’environ 60 km², axé sur la rivière Blanche,, Histoires édifiantes manifestement orientée par l’échancrure de la caldeira sommitale de l’étang Sec ; Saint- Pierre et les villages alentour n’existaient plus ; environ 30 000 citoyens, dont le gouverneur de l’île et sa femme venus sur place pour rassurer les gens à la demande du maire, furent victimes du formalisme électoral et de l’aveuglement politico-administratif ; tout était dévasté sur le versant SW entre Sainte-Philomène et Saint-Pierre les gens succombèrent quasi instantanément à l’onde de choc et à de cruelles brûlures externes et internes par contact, ingestion et inhalation ; les constructions furent soufflées puis brûlèrent ; près d’une vingtaine de bateaux à l’ancre brûlèrent et sombrèrent... Mais ce n’était pas fini d’autres nuées se produisirent les 20, 26 et 30 mai, 6 juin, 9 juillet. Celle du 30 août, la plus violente de toutes, acheva en apothéose cette incroyable histoire un à deux milliers d’habitants du secteur du Morne-Rouge, plus haut sur le versant SE du volcan, au NE de Saint-Pierre, demeurés là on ne sait trop pourquoi, y laissèrent la vie. Au total, plus de 100 km² furent dévastés. Ensuite, il n’y eut plus d’explosions, mais un débordement quasi continu de magma dégazé très visqueux ; filée par une large fissure sommitale, la célèbre aiguille surgit ainsi début novembre ; à la fin du mois, elle dépassait 200 m de haut et atteignit au maximum 260 m environ ; elle s’accrut et s’écroula plusieurs fois, disparut en septembre 1903, puis le volcan s’assoupit jusqu’en 1929. Commençait alors une autre histoire, presque aussi spectaculaire, mais heureusement moins dramatique. - Ensuite L’éruption de 1902 est célèbre ; presque aussi violente d’un point de vue strictement volcanologique, on parle beaucoup moins de celle de 1929, sans doute parce qu’elle n’a fait pratiquement aucune victime ; en effet, d’abord elle ne fut pas explosive, ensuite Saint-Pierre était toujours une ruine inhabitée et enfin grâce à Perret, on avait pris la précaution qui s’impose en pareille circonstance, faire évacuer la zone menacée ; c’est ce que recommande la plaque de Portici et ce que l’on a fait à partir de 1995 autour de la Soufrière de Montserrat dont les seules victimes furent des téméraires ou des cupides revenus dans la zone interdite en 1997. Néanmoins, les deux éruptions ont été matériellement tout aussi catastrophiques et s’il s’en produisait une autre analogue, elle le serait autant on ne peut rien contre une éruption durant laquelle se produisent en continu des pluies de cendres, la montée d’une aiguille de lave très visqueuse et à intervalles plus ou moins rapprochés, non seulement des nuées ardentes, mais aussi des avalanches pyroclastiques, des lahars, des petits tsunamis, des glissements sous-marins et des petits séismes. L’action directe est évidemment impossible. La surveillance est absolument nécessaire, car la prévision de la phase dangereuse d’une éruption en cours est possible le volcan est de bonne composition, il monte lentement en puissance et prévient toujours avant de se déchaîner si l’on avait mis les gens en alerte dès février, si on les avait fait partir dès le 25 avril, au début de la phase explosive, l’élection du 27 aurait été différée et... 30 000 vies auraient été épargnées., 1 – Des risques de toutes natures Une bonne carte de risque avec les trajets possibles des nuées ardentes, avait été établie par Perret ; elle avait évité une nouvelle catastrophe et lui avait permis d’observer de près l’éruption de 1929 en toute sécurité. L’observatoire du morne des Cadets, à une dizaine de kilomètres au sud du volcan, offre une belle vue d’ensemble de la zone dangereuse, à la limite de laquelle il se trouve. Cette zone couvre à peu près le quart nord de l’île, du Carbet sur la côte caraïbe à Marigot sur la côte atlantique, en passant par Font-Saint-Denis et le morne Jacob. Saint-Pierre, beaucoup moins peuplé qu’en 1902, est toujours aussi exposé, comme le sont aussi tous les villages alentour, au total, environ 20 000 personnes. Pour justifier la présence permanente de cet observatoire, parfois contestée eu égard à l’apparente tranquillité actuelle du volcan, on peut rappeler qu’il avait été établi dès 1903, que l’éruption dite de 1902 s’est en fait poursuivie jusqu’en 1905, qu’ensuite le volcan est redevenu calme de sorte que l’observatoire avait été abandonné par lassitude en 1927, après quoi le volcan s’est de nouveau manifesté de 1929 à 1932 et de façon peut-être aussi violente qu’en 1902, sans toutefois qu’il se soit produit des explosions ! L’observatoire actuel est équipé de balises GPS, géodimètres à laser, inclinomètres, sismographes, magnétomètres, de moyens de télédétection, de tomographie sismique et d’analyses d’éventuelles fumerolles... pour contrôler en permanence la forme et le comportement du volcan ; plusieurs équipes se consacrent aux divers aspects de la volcanologie locale, afin d’en comprendre l’évolution ; on espère ainsi prévenir les effets catastrophiques du réel danger qu’il représente par l’information, la précaution et la prévention en période de stase, la protection et la gestion en temps de crise, les secours en cas de catastrophe. Tout cela incombe aux pouvoirs publics qui, s’ils sont actuellement moins inconscients et/ou cyniques, ne sont guère plus efficaces ; on préfère toujours tuer Cassandre plutôt que l’écouter, et après une catastrophe, on prend des mesures qui se révéleront dépassées à la prochaine. Ilyaàpeine plus de 100 ans, la catastrophe du 8 mai 1902 a donné à la France le triste record mondial de victimes directes d’éruptions volcaniques qui, par ailleurs, ne sont jamais très meurtrières par elles-mêmes. Peut-on donc qualifier cette catastrophe de naturelle » ? Peut-on croire que la fatalité et/ou le hasard sont à l’origine des catastrophes que l’on dit naturelles », quel que soit le phénomène en cause, séisme, mouvement de terrains, inondation... ? Pour les hommes, la nature n’est ni capricieuse ni malfaisante elle est neutre. Les phénomènes sont naturels, pas les risques et encore moins les catastrophes qui sont humains. Dans certains sites et dans certaines circonstances généralement connus, certains événements de l’évolution normale d’un phénomène naturel peuvent être dangereux on doit donc se comporter et agir, aménager et construire en tenant compte d’éventuelles réalisations de tous les risques naturels ». - UNE IMPLANTATION IMPRUDENTE » Mais on continue à construire dans les lits majeurs des cours d’eau et on fait souvent pire ailleurs. L’urbanisation moderne s’est développée de façon débridée voire irresponsable, sans tenir compte des particularités naturelles de sites périphériques, beaucoup moins favorables que le site d’origine, noyau relativement sûr de l’agglomération. Elle a, Histoires édifiantes notamment aggravé la vulnérabilité des zones dangereuses connues et a même créé de nouvelles zones dangereuses, car la plupart des élus, plus préoccupés par la prochaine élection que par la réalisation hypothétique ou à terme lointain d’un risque, sont enclins à satisfaire les intérêts immédiats de leurs électeurs avant d’assurer leur sécurité. LA CRUE DU BORNE DU 14 JUILLET 1987 La catastrophe du Grand-Bornand Haute-Savoie, très limitée dans l’espace, le bas d’un village de montagne, et le temps, moins de quatre heures, n’en aurait pas été une s’il n’y avait pas eu de camping au bord du Borne, torrent alpin tributaire de l’Arve seulement quelques champs inondés et/ou érodés, quelques portions de routes, un ou deux ponts emportés..., la routine ! Cette catastrophe n’a pas été vraiment naturelle le Borne est un torrent connu pour ses violentes crues d’été ; dans la nuit du 8/9 juillet 1879, l’une d’elle avait été catastrophique, routes coupées, ponts emportés, maisons écroulées ; une autre, presque aussi violente, s’était produite en juillet 1936..., 1 – Des risques de toutes natures Figure - Le site de l’inondation du Grand-Bornand L’établissement du Plan d’exposition aux risques naturels prévisibles Per - cf. pour la commune du Grand-Bornand avait été prescrit par le préfet de Haute-Savoie le 12/04/85 mais n’était pas encore publié en 1987 ; il visait explicitement les risques d’avalanches et de mouvements de terrains, mais aussi celui de crues torrentielles, contrairement à ce qui a parfois été dit pour évoquer la fatalité. En 1973, un camping avait été ouvert en aval du cimetière, sur un terrain agricole riverain du torrent, où il n’y avait jamais eu de construction habitée. Cette installation était donc potentiellement d’autant plus dangereuse qu’elle fonctionnait essentiellement en période de risque maximum. Et de fait à partir de mai 1987, il plut de façon quasi continue sur les Alpes de Savoie ; le Borne et son affluent le Chinaillon étaient en crue normale permanente ; les sols de leurs bassins versants étaient saturés ; le 14 juillet à partir de 17h30, de violents orages, ≈100 mm en ≈3 heures, sur le massif des Aravis étaient repérés par les radars-météo ; dès 18h, les, Histoires édifiantes pompiers du Grand-Bornand devaient aller secourir les hameaux d’altitude ; vers 19h, en partie à cause de la rupture d’un embâcle sur le Chinaillon, le Borne roulant à plus de 3 m/s, 200 m3/s d’eau plus que boueuse alors que son lit mineur n’en permettait qu’une cinquantaine, ravageait entre autres le terrain de camping, y emportant voitures, caravanes et campeurs ; 23 y laissèrent la vie ; par chance, l’hélicoptère de la Protection civile qui passait par là pour aller un peu plus loin en reconnaissance put sauver 26 réfugiés sur un îlot inaccessible par la terre, emporté peu après ; vers 20h, tout était terminé, la pluie s’était arrêtée et l’onde de crue était passée. Expression d’un risque identifié mais négligé, restait un désastre dû à la méconnaissance du passé, à une implantation risquée, imprudente » ! mais conforme au règlement d’urbanisme selon la commission d’enquête, à une gestion de crise inorganisée... Et s’engageait une consternante affaire politique, administrative et judiciaire dès le lendemain, le Délégué aux risques majeurs, R. Vié le Sage, avait écarté la thèse de la fatalité, position politiquement très incorrecte puisqu’elle avait pour corollaire l’existence de responsabilités ; désavoué par son ministre de tutelle A. Carignon et âprement critiqué par son prédécesseur H. Tazieff, il dut démissionner le 17 juillet. Photo – Le Borne canalisé Le terrain de camping était situé entre le cimetière et l’immeuble récent. Jouant sur les mots de prédiction et prévision, sur le fait que le Per était prescrit mais pas encore publié et sur celui que le temps de retour d’une telle crue aurait été de plus de 250 ans malgré 1879 et 1936, les élus et la commission d’enquête ont longtemps soutenu que l’administration, État et commune, n’avait rien à se reprocher, car le terrain de camping était conforme au règlement d’urbanisme, correctement aménagé et exploité la catastrophe était due à un événement de force majeure et donc imprévisible ; la justice administrative, d’abord favorable à cette thèse de la fatalité qui exonère quiconque de toute responsabilité, l’a infirmée en appel, en retenant que d’autres crues catastrophiques s’étaient déjà produites dans ce site et que donc on n’avait pas pris les mesures de prévention nécessaires, car, nonobstant le Per, le code de l’urbanisme et le code des communes obligent l’État et les communes à assurer la sécurité des citoyens et à prévenir les risques auxquels ils sont susceptibles d’être exposés ; les justices pénale et civile n’ont pas établi de responsabilité personnelle. Maintenant, le Borne est canalisé dans sa, 1 – Des risques de toutes natures traversée de l’agglomération et un petit monument a été érigé en aval du cimetière ; mais on a construit deux immeubles à l’emplacement du camping ; ils sont plus hauts que la plus grande crue théoriquement possible et protégés par des perrés les catastrophes sont vite oubliées ! - DES DOCUMENTS ADMINISTRATIFS IMPRÉVOYANTS », DES ÉLUS RESPONSABLES Naguère impensable, la mise en cause personnelle d’élus impliqués » de près ou de loin dans une catastrophe est devenue courante ; les maires légalement garants de la sécurité de leurs administrés sont en première ligne et risquent une condamnation correctionnelle. L’AVALANCHE DU PECLEREY À CHAMONIX-MONTROC, LE 9 FÉVRIER 1999 En montagne, les avalanches étaient et demeurent les plus fréquents mais sauf très rarement les moins graves des phénomènes naturels dangereux. Naguère, les couloirs qu’elles parcourent habituellement étaient connus des montagnards qui n’en étaient que très rarement victimes la tradition et l’expérience évitaient qu’ils s’y exposassent. Les avalanches destructrices de bâtiments et autres ouvrages étaient encore plus rares ceux qui y avaient été imprudemment exposés avaient disparu depuis longtemps et l’on ne construisait plus sur leurs emplacements connus pour être dangereux. Actuellement, elles sont à l’origine de fréquents accidents individuels souvent mortels, affectant des citadins, promeneurs ou skieurs imprudents, qui le plus souvent les déclenchent eux-mêmes et beaucoup plus rarement de destructions catastrophiques dans des sites où les aménageurs ont ignoré ou négligé le danger comme à Val-d’Isère le 10/02/70. En montagne, les avalanches étaient et demeurent les plus fréquents des phénomènes naturels dangereux mais leurs effets sont rarement catastrophiques. Naguère, les couloirs qu’elles parcourent habituellement étaient connus des montagnards qui n’en étaient que très rarement victimes la tradition et l’expérience évitaient qu’ils s’y exposassent. Les avalanches destructrices de bâtiments et autres ouvrages étaient encore plus rares ceux qui y avaient été imprudemment exposés avaient disparu depuis longtemps et l’on ne construisait plus sur leurs emplacements connus pour être dangereux. Actuellement, elles sont à l’origine de fréquents accidents individuels souvent mortels, affectant des citadins, promeneurs ou skieurs imprudents, qui le plus souvent les déclenchent eux-mêmes et beaucoup plus rarement de destructions catastrophiques dans des sites où les aménageurs ont ignoré ou négligé le danger comme à Val-d’Isère le 10/02/70. Entre le massif du Mont-Blanc et celui des Aiguilles Rouges, la haute vallée de l’Arve aux versants très élevés et très raides est un site particulièrement exposé aux avalanches ; on a recensé plus de 100 couloirs dangereux sur l’ensemble du territoire communal de Chamonix qui couvre la majeure partie de la vallée ; l’un d’entre eux se trouve en face de Montroc, écart de la commune de Chamonix, sur le versant du Peclerey en rive gauche de l’Arve côté Mont-Blanc, où le cirque sommital d’accumulation de neige du bec de la Cluy est un départ d’avalanches qui dévalent fréquemment ce couloir bien connu, caractérisé par la morphologie et la végétation, et s’arrêtent généralement soit sur le replat relatif de, Histoires édifiantes Peclerey, soit dans le lit mineur de l’Arve ; elles traversent beaucoup plus rarement le torrent, sans toutefois atteindre la route du Tour qui longe la rive droite ; du moins le croyait-on ; pourtant, les archives de la commune mentionnent qu’une de ces avalanches avait traversé la route en 1843, une carte établie en 1908 figure la même chose et certains habitants se souvenaient que le 12/02/45, l’avalanche que l’on appelait alors du Grand Lachy » avait atteint la route. Mais les documents d’urbanisme successifs relatifs au risque d’avalanche, Carte de localisation probable des avalanches CLPA, 1972 puis Plan de zonage d’exposition aux risques d’avalanche PZAE, 1977, Per 1992 et enfin PPR 1997 limitent la zone d’arrêt de l’avalanche à la route bien qu’en 1991, une révision négligée de la CPLA ait figuré cette zone au-delà de la route. Figure - Le site de l’avalanche de Montroc Montroc est une station de sports d’hiver réputée qui, comme presque toutes ses semblables, a été le théâtre d’une urbanisation récente mal contrôlée sinon débridée sur le Pos approuvé en 1997, le secteur de Montroc était toujours constructible. Il est maintenant totalement inconstructible, car le 9 février 1999, après trois jours d’enneigement quasi continu sur plus de2md’épaisseur, une avalanche nébuleuse très rapide de poudreuse a tracé le chemin à une avalanche de neige dense, écoulement subhydraulique violent qui a traversé l’Arve et la route à contre-pente sur une largeur d’environ 200 m et une vingtaine de mètres de dénivelée pour ensevelir sous une épaisseur dépassant localement 6 m, la majeure partie du lotissement des Poses, détruisant 14 chalets sur 17 et tuant 12 personnes. Ce lotissement était pourtant situé dans la zone blanche du PPR et donc réputé sans risque. La thèse de la fatalité n’a pas résisté à l’enquête judiciaire le couloir et les effets de l’avalanche étaient connus et le risque était patent, mais on n’en avait pas tenu compte dans les documents d’urbanisme au titre de ses responsabilités administratives dans l’élaboration et l’approbation de ces documents, dans la commission de sécurité..., le, 1 – Des risques de toutes natures maire de Chamonix a été personnellement mis en examen puis condamné en juillet 2003 par le tribunal correctionnel de Bonneville. Photo –Le couloir de l’avalanche de Montroc et le monument En bordure de la zone dévastée, il reste maintenant deux chalets épargnés par l’avalanche ; le rez- de-chaussée en béton d’un autre dont l’étage a été emporté, a été couvert par un merlon de remblais et il a été réaménagé ! - VOUS AVEZ DIT CATASTROPHE NATURELLE » ? Est naturel ce qui fait partie de la nature, qui lui est conforme, qui vient d’elle seule, sans que l’homme intervienne ou soit seulement présent ; un phénomène peut être naturel, un risque non et une catastrophe, encore moins un séisme est un phénomène naturel qui ne devient une catastrophe tellurique que quand, comme à Kobe en 1995, il ruine une ville. En France, une catastrophe naturelle » est un état constaté sous certaines conditions rarement prises en compte, par le préfet sur proposition du maire d’une commune sinistrée, et qui a fait l’objet d’une décision interministérielle, généralement plus politique que technique ; vous avez dit naturelle » ? On peut ainsi dévoyer le système d’indemnisation des catastrophes naturelles » qui ne devrait concerner que des cas effectivement catastrophiques, en homologuant des catastrophes » dont le seul fondement est le clientélisme politico-administratif. LES EFFETS DE LA SÉCHERESSE SUR LES CONSTRUCTIONS FRAGILES Les alternances saisonnières répétées d’humidité/sécheresse ou de gels/dégels produisent des mouvements verticaux incessants de la surface de sols argileux plus ou moins sensibles aux variations de leur teneur en eau, qui monte plus ou moins quand elle augmente ou en cas de gel, ce qui provoque leur gonflement, puis descend plus ou moins quand elle diminue ou au dégel, ce qui provoque leur retrait. Ces mouvements naturels diffèrent des tassements ; on les considère abusivement comme des catastrophes naturelles » car ils sont bien connus, quasi permanents et facilement évitables; ils peuvent, Histoires édifiantes causer d’importants dommages à des ouvrages inadaptés, légers, fondés superficiellement sur de tels sols et dont la structure fragile manque de continuité et de rigidité, qui sont mal drainés et surtout mal entretenus ; dans des contrées au climat rigoureux dont le sous-sol est constitué de matériaux très sensibles, ils peuvent aussi affecter des ouvrages lourds. Quoi que l’on en dise et décrète, ces mouvements sont plutôt rares en France, car son sous-sol recèle peu de sols réellement sensibles et parce que des conditions climatiques saisonnières très contrastées ne règnent habituellement que dans le Sud-Est pour l’humidité/sécheresse, en montagne et dans l’Est pour les gels/dégels. Figure - Mouvements saisonniers des fondations superficielles Néanmoins, au tournant des années 80/90, l’application laxiste de la loi 82-600 du 13/07/82 qui a institué l’indemnisation des victimes de catastrophes naturelles » cf. a créé un type étonnant de telles catastrophes », les mouvements de terrains dus à la sécheresse ; ces mouvements entraînent effectivement la fissuration de toutes sortes de bâtiments généralement légers et/ou anciens, mais heureusement, ces, 1 – Des risques de toutes natures catastrophes » d’un nouveau type n’ont jamais ruiné ni même sérieusement endommagé le moindre d’entre eux, ni causé de dommage corporel à quiconque elles sont donc pratiquement ignorées du public, car elles ne font pas la une des journaux et la télévision n’en montre pas les prétendus ravages. Avant la loi, il s’en produisait de temps en temps un peu partout et le rebouchage des fissures qu’ils provoquaient habituellement était considéré comme de l’entretien courant maintenant souvent décrétés comme des catastrophes naturelles », leur constatation légale est dans de nombreux cas le moyen politico-social de contribuer à l’entretien socialisé de la partie la plus médiocre du parc immobilier d’une commune, réparations au- delà de la période décennale de très nombreux pavillons mal construits, rénovations de non moins nombreux immeubles vétustes, mal entretenus... Les arrêtés ministériels de déclaration de l’état de catastrophe naturelle », un par commune sinistrée », concernant ces mouvements plus que confidentiels avant la loi ont occupé après elle des pages entières du Journal officiel ; il s’en est publié plus de 400 un même jour d’avril 1988 et plus de 10% des communes françaises ont un jour ou l’autre été déclarées sinistrées, et pour pas mal d’entre elles, plusieurs fois ; ainsi, par le nombre des arrêtés c’est désormais la deuxième de toutes les catastrophes qui affectent légalement le territoire français, derrière les inondations considérées comme telles depuis longtemps et qui le sont réellement et bien avant les séismes, chez nous beaucoup plus médiatiques que dangereux. En moyenne, on indemnise une douzaine de sinistres individuels par commune, pour environ 10 000 € chacun, mais l’indemnité peut dépasser 100 000 € si l’expert décide la reprise en sous-œuvre du bâtiment sinistré. Les montants annuels des indemnisations sécheresse sont passés de 400 M€ millions d’euros en 1993à2500 M€ en 1999, alors que le coût annuel moyen des indemnisations de toutes les autres catastrophes, les vraies, est d’environ 300 M€ ; cette catastrophe » est ainsi devenue permanente et s’amplifie régulièrement, ce qui est assez surprenant pour une catastrophe, événement en principe aléatoire et d’intensité exceptionnelle. Cela grève lourdement le fonds du régime national de couverture des catastrophes naturelles alimenté par les surprimes de tous les contrats d’assurance dommages, en fait géré par les assureurs sous le contrôle de la Caisse centrale de réassurance au nom de l’État ; ils peuvent faire appel à sa garantie si la charge des sinistres devient trop lourde pour eux ; pour amoindrir sinon éviter cette obligation latente, l’État a augmenté par deux fois les surprimes, presque triplées en vingt ans, 12 % actuellement pour 5,5 % à l’origine ; malgré ces augmentations supportées par tous au bénéfice indu de quelques-uns uns, le fonds est insuffisant quand une vraie catastrophe se produit ; l’État doit alors intervenir financièrement, ce qu’il voulait éviter par la loi de 1982 ce fut le cas pour l’indemnisation des dommages causés par les tempêtes/inondations de l’hiver 1999/2000 qui ont été de véritables catastrophes majeures, de très loin les plus graves et les plus coûteuses des vingt dernières années en France, au total environ 15 milliards d’euros sur lesquels l’État a dû apporter 450 M€ au titre de sa garantie. Selon la loi de 1982, l’indemnisation des sinistres Catnat est subordonnée au respect dans certaines conditions des mesures de prévention prescrites par les Per ; depuis la loi de 1995, l’obligation du respect de celles prescrites par les PPR cf. n’est plus qu’une possibilité laissée à l’appréciation du préfet, mais jusqu’à présent, l’indemnisation, Histoires édifiantes a toujours été accordée sans contrôle ni restriction. Cela fait négliger la prévention et même ignorer la prise de risque. Pour responsabiliser les assurés et inciter les communes à la prévention et à la publication de leurs PPR, trois arrêtés de septembre 2000 ont augmenté les montants des franchises par sinistre à la charge des assurés, davantage pour la sécheresse, 1 520 €, que pour les autres catastrophes, 380 €, et les ont modulés en fonction des actes de prévention ; il les augmente aussi de plus en plus sur les communes non pourvues de PPR dans lesquelles deux arrêtés concernant le même risque ont été pris depuis 1995 ainsi, en 2003, sur 6 600 communes demandeuses, seulement 815 ont été déclarées sinistrées par la commission interministérielle qui prépare les arrêtés ; les autres s’estimant lésées ont évidemment engagé des actions politiques. Cela ne permettra sans doute pas d’inverser ou même seulement de stabiliser la tendance actuelle ; pour y parvenir, il faudra sûrement réserver l’indemnité de catastrophe- sécheresse aux cas extrêmement rares de bâtiments menaçant ruine et/ou impropres à leur destination. Confrontés au même problème, les assureurs d’autres pays qui ne bénéficient pas du système français de garantie par l’État et se trouvent donc en première ligne, ont multiplié les franchises, les primes, les clauses restrictives, les expertises préalables et les études statistiques pour circonscrire les zones les plus affectées. Là où le risque naturel» n’est pas assuré et comme naguère en France, les gens entretiennent leurs biens immobiliers et se protègent. - LA MÉMOIRE DES CATASTROPHES Dans une zone à risque ignoré ou même connu, un événement normal mais peu fréquent, inattendu, crée une véritable surprise et provoque des dégâts à peu près analogues à ceux d’événements analogues oubliés ; après, en consultant les archives, on s’aperçoit que ces dégâts auraient pu être évités si l’on avait gardé le souvenir des précédents et pris les précautions qui auraient pu les limiter sinon les éviter. Sur les lieux même d’une catastrophe, le souvenir de l’événement se perd en une ou deux générations pour quelques gens informés ou dont l’entourage à été affecté ; pour les autres, il n’excède pas la dizaine d’années et ses particularités deviennent de plus en plus floues, des rumeurs de toutes sortes et en tous sens dont il finit par ne rester que quelques bribes de mémoire confuse chez des ruraux assez stables et relativement proches de la nature et plus rien chez des citadins beaucoup plus mobiles et sans contact suivi avec elle. L’INONDATION DE NÎMES DU 3 OCTOBRE 1988 À première vue, aucun cours d’eau ne parait traverser Nîmes ; on n’imagine donc pas que cette ville puisse être inondée. C’est ignorer que la violence de certains orages méditerranéens sur un petit versant à forte pente peut entraîner une crue éclair qui sursature ses réseaux d’écoulement tant naturels qu’artificiels et s’il se trouve tout ou partie dans une zone urbaniser, transformer pour quelques heures un quartier en lac et/ou des rues en torrents parce que l’on a sous-calibré ou même négligé leurs aménagements hydrauliques. La ville est établie sur le glacis de piedmont de la bordure du plateau des Garrigues, échancrée par des petits vallons sinueux très raides, drainés par les cadereaux, ravines à fortes pentes dont les thalwegs sont presque toujours secs ; à l’amont, à leur arrivée dans l’agglomération sur cette bordure, ils sont plus ou moins endigués, mais aussi, 1 – Des risques de toutes natures plus ou moins obstrués par des rues, des constructions et mal ou pas entretenus ; leurs ouvrages de franchissement anciens sont plutôt largement calibrés ce qui montre que le risque de très forts débits était connu, alors que les tirants d’air des plus récent sont presque tous ridiculement faibles à des vieux ponceaux à double arche succèdent des petites buses modernes rapidement saturées puis plus ou moins obstruées par les débris charriés par le courant ; dans le glacis, ils traversent la ville en aqueducs souterrains récents ou anciens comme celui qui relie le canal de la Fontaine au Petit Vistre à travers la vieille ville ; à l’aval, au-delà de la voie ferrée en haut remblai qui constitue un vrai barrage pour les ruissellements de surface, ils sont à ciel ouvert, coupés de leur émissaire, le Vistre, par une rocade et une autoroute, autres barrages occasionnels. Le Cadereau est le plus important d’entre eux ; il borde à l’ouest la partie ancienne de l’agglomération dans son étroite et sinueuse descente du plateau, la route d’Alès joue à saute-ruisseau avec son thalweg étroit, encombré par de nombreuses constructions et pas entretenu ; à son déboucher sur le glacis, il traverse le cimetière protestant ; au-delà, il est souterrain sous plusieurs rues qui occupent l’emplacement de son thalweg jusqu’à l’aval de sa traversée de la voie ferrée où il repasse à ciel ouvert. La plupart des nîmois ignoraient tout cela et même s’ils en étaient plus ou moins informés, les techniciens des administrations concernées n’en tenaient aucun compte. Figure - le site du Cadereau à Nîmes Depuis plusieurs jours, la résurgence de la Fontaine était en crue ; un bulletin météorologique spécial du 2 octobre 1988 avait averti le service départemental d’annonce des crues d’un risque de violentes précipitations dans la région ; ignorant le risque nîmois et comme il en avait l’habitude, ce service s’est alors consacré à suivre l’évolution des, Histoires édifiantes niveaux du Vidourle et du Gard dont les crues sont habituellement dangereuses en pareil cas. Dans la nuit du 3 octobre, 400 mm de pluie ciblée sur la bordure du plateau ont déclenché tôt le matin dans la ville une crue éclair dont on dit maintenant qu’elle était à peine plus que centennale, souvent constatée, mais aux effets oubliés. Son débit total a été estiméà2000 m3/s ; dans certaines rues, le débit dépassait 300 m3/s, la vitesse du courant atteignait 7 m/s et la hauteur d’eau allait de1à3m. En quelques heures, il y eut 9 noyés et 2 sauveteurs décédés par accident, d’innombrables boutiques, ateliers et habitations de rez- de-chaussée ravagées, un millier de véhicules noyés et/ou emportés..., environ 600 M€ de dommages selon les sources. Le plan de secours n’a pu être activé que tardivement, car Nîmes est une préfecture où se trouvaient les quartiers généraux et les centres opérationnels de crise, eux-mêmes surpris par l’extrême rapidité d’un phénomène insoupçonné et plus ou moins sinistrés. Pour l’opinion publique, les média et même certains spécialistes, les cercueils enlevés au cimetière protestant, éventrés et disséminés un peu partout, quelques dizaines de voitures peut-être occupées, immergées dans le canal de la Fontaine, les innombrables dégâts visibles dans les rez-de-chaussée des rues parcourues par le flot... ont transformé Nîmes, antique cité romaine, en une nouvelle Pompéi Une cité engloutie par le déluge », Un fleuve de boue meurtrier »... sont des titres de la presse d’alors. Cette crue à peine centennale a causé d’énormes dommages matériels mais heureusement très peu de victimes ; cela n’est pas conforme au cliché médiatique que l’on se fait des catastrophes ; il fallait donc corriger cette image atypique en inventant un nombre important de victimes ; la rumeur et même l’erreur s’en sont chargées quinze ans après, on trouve encore dans un très récent ouvrage universitaire de géographie qu’il y aurait eu 30 victimes, confusion/assimilation avec le Grand-Bornand 23 victimes ou Vaison-la- Romaine 32 victimes ? Le bruit et la fureur plutôt que le bilan ! – LES LIMITES DES MODÈLES DE PRÉVISION Les 26 et 27 décembre 1999, une grande partie de la France, l’ouest de l’Allemagne et de la Suisse ont été balayées par deux ouragans, Lothar et Martin, qui ont provoqué une centaine de victimes et des dommages considérables aux bâtiments, aux forêts et aux réseaux aériens d’électricité et de téléphone ; dans la Gironde où la vitesse du vent a dépassé 198 km/h en rafale, ilyaeu un tsunami barométrique qui a provoqué la submersion et la rupture d’une partie des digues de protection de la centrale nucléaire du Blayais, ce qui a imposé son arrêt. Les deux ouragans ont eu des effets analogues à ceux de grandes tornades leurs traces au sol ont été des coupes claires très sinueuses de plus de 5 km de large dans lesquelles tous les arbres, toutes les toitures… étaient arrachés. D’abondantes précipitations, de neige pour Martin, ont précédé et suivi les vents tourbillonnants. Le montant total des dommages de toutes natures pour les deux ouragans a été estimé à plus de 10 milliards d’euros dont 1,5 pour EDF Électricité de France ; dans l’ensemble du monde, il n’avait été dépassé que par l’ouragan Andrew au USA en 1992 et par le typhon Mireille au Japon en 1991, jusqu’à Katrina sur la Nouvelle-Orléans le 29 août 2005 cf. 1 – Des risques de toutes natures – LOTHAR Lothar a abordé le Finistère le 26 vers 2 heures et il est arrivé à Strasbourg en ligne directe vers 11 heures ; il a donc traversé la partie nord de la France à environ 100 km/h. La dépression très profonde a atteint 960 hPa ; les vents maximum instantanés ont localement atteint 200 km/h et ont presque partout dépassé 140 km/h. C’est lui qui a ravagé le parc de Versailles et toutes les forêts de la périphérie de Paris, qui a arraché des plaques de la couverture de plomb du Panthéon... – MARTIN Martin a abordé l’île de Ré dans l’après-midi du 27 et, après avoir contourné le Massif central et les Alpes du nord, s’est évacué vers le SE et la Méditerranée au matin du 28, provoquant un petit tsunami barométrique sur la côte ouest de la Corse ; sa vitesse de déplacement a été proche de 100 km/h. La dépression a atteint 965 hPa ; les vents à peine moins violents ont localement atteint 180 km/h et environ 130 en moyenne. – LES PRÉVISIONS Ces deux ouragans ont été des événements exceptionnels à divers titres les trains de dépressions sont la règle en hiver sur l’Atlantique nord et l’Europe de l’ouest, mais il est rare que deux dépressions aussi profondes se suivent d’aussi près ; ces dépressions ont généralement une trajectoire SW/NE et affectent plutôt le nord de l’Europe de sorte que la plupart d’entre elles ne font que frôler la France par leur bordure sud ; or, la trajectoire de Lothar était W/E et celle de Martin, WNW/ESE ; les tempêtes sont violentes en mer puis s’atténuent rapidement sur les terres, ce que n’ont pas fait les deux ouragans ; ils se sont produits dès le lendemain de Noël, alors que de nombreux prévisionnistes et décisionnaires administratifs ou politiques étaient en vacance… Ainsi, les prévisions les concernant ne pouvaient être qu’imprécises et les alertes, mal relayées. Les modèles de prévision météorologiques cf. effectuent des calculs de mécanique des fluides et de thermodynamique permettant de suivre l’évolution de paramètres caractérisant l’état local et temporaire de l’atmosphère d’une zone, d’une région, d’un pays... que les prévisionistes interprètent. À court terme, ces modèles représentent bien cet état si on peut le considérer comme normal, c'est-à-dire habituel dans des conditions semblables et donc bien observé et programmé ; mais il était exceptionnel quand les deux ouragans se sont produits le modèle Arpège de Météo-France dont la maille est de 100 km a simulé correctement le phénomène général, normal pour lui, de tempêtes atlantiques abordant successivement les côtes françaises, mais a largement sous-estimé l’ampleur du creusement des dépressions et donc la violence des vents à terre il n’était pas programmé pour calculer les conséquences de l’amplification ou du moins de la permanence de la force des tempêtes à l’intérieur des terres ; les données en temps réel qui l’alimentaient étaient tellement surprenantes qu’elles étaient même éliminées par le programme et/ou par les météorologues. À l’intérieur, il aurait pu être relayé par le modèle Aladin dont la maille est de 10 km, mais ce dernier n’était pas programmé pour traiter les ouragans., Histoires édifiantes Figure – Trajectoires des deux ouragans Tant pour Lothar que pour Martin, des bulletins d’alertes ont bien été diffusés la trajectoire et la chronologie de Lothar qui parcourait en ligne droite une zone au relief peu accidenté, ont été assez bien prévues mais la force des vents à été largement sous-estimée, car elle dépassait les limites du modèle et elle a surpris les prévisionistes ; Martin parcourait une zone au relief très accidenté, de sorte que sa trajectoire était particulièrement sinueuse et sa chronologie, assez élastique ; mais les prévisionistes l’ont mieux suivi car ils venaient de vérifier qu’il ne fallait pas trop faire confiance aux modèles au cours d’événements exceptionnels. On peut donc dire que la part normale de ces événements a été correctement représentée par le modèle, mais qu’il a largement sous- estimé leur part exceptionnelle ; par contre, les prévisionnistes ont su s’adapter très rapidement pour Martin et ont pu améliorer leurs prévisions à mesure que le temps passait. Un indispensable retour d’expérience est donc nécessaire pour perfectionner les modèles et leur faire prendre en compte les événements qu’ils ignoraient. On obtient ainsi des modèles de plus en plus performants, mais si perfectionné que soit le dernier dont on dispose, il est clair qu’il sera un jour dépassé par un événement d’ampleur inattendue la prévision assistée par ordinateur est certes plus efficace que la seule intuition du prévisionniste, mais celui-ci sera toujours indispensable pour interpréter ce que le modèle ne lui présente que sous une forme convenue ; à lui de repérer les situations douteuses et de les interpréter correctement ; c’est un art très difficile. - LES INFORTUNES DU PARASISMIQUE Le nombre des victimes d’une catastrophe dépend évidemment des particularités locales du phénomène naturel qui la cause, l’aléa, mais aussi du niveau de connaissance que l’on a du phénomène et de la qualité des aménagements du territoire affecté, la vulnérabilité. Le génie parasismique est la technique de prévention qui propose et met en œuvre des, 1 – Des risques de toutes natures solutions constructives pour éviter ou au moins amoindrir les effets des séismes sur les ouvrages, mais surtout pour protéger les personnes. La disparité des dommages affectant les immeubles d’un même secteur est l’observation technique qui frappe le plus dans une ville moderne qui vient de subir un séisme catastrophique ; certains sont plus ou moins inclinés, totalement ou partiellement effondrés..., d’autres paraissent intacts ; la plupart de ceux-là le sont effectivement et ce sont souvent des immeubles anciens ; ceux qui ont le mieux résisté ont été bien conçus et bien construits, parasismiques ou pas, car les règles parasismiques adoptées localement s’avèrent souvent inefficaces à la suite d’un séisme pas forcement plus violent que celui attendu. En effet, si l’on sait assez bien circonscrire les régions sismiques, on ne sait pas prédire ni même prévoir la venue, la localisation et la magnitude des séismes attendus et donc définir quantitativement les vibrations, durée, accélération, périodes de résonance, spectre élastique... principaux paramètres qui régissent le comportement des ouvrages existants et permettent de fixer les caractéristiques de ceux à construire. De plus, dans le cas d’immeubles récents, on s’aperçoit souvent qu’elles n’ont pas été scrupuleusement respectées voire même sciemment négligées ou ignorées. LE SÉISME D’ITMIZ TURQUIE, LE 17/08/99 ML 7,4 La façade pontique de la Turquie est une zone de très forte sismicité quasi permanente car elle marque la très active faille transformante nord-anatolienne longue d’environ 1 500 km la côte et la chaîne Pontique, en arc ≈ E-W convexe vers le nord, lui sont plus ou moins parallèles ; les vallées des fleuves qui descendent du plateau anatolien vers la mer Noire comme la Sakarya qui passe à Adapazari présentent des tracés en zigzag, avec une direction principale ≈ N-S selon l’inclinaison générale du plateau et des tronçons plus ou moins longs ≈ E-W dans les zones de failles. Décrochement dextre entre la petite plaque Anatolie mobile vers l’ouest à ≈ 2 cm/an de vitesse moyenne et l’énorme plaque Europe fixe, la faille, en fait un système dense mais relativement simple de failles de cisaillement échelonnées, subverticales et parallèles, quasi linéaire dans ses parties est et centrale, se ramifie vers l’ouest dans la mer de Marmara. La paléosismique indique qu’elle est active depuis une quinzaine de millions d’années ; aux abords du golfe d’Izmit, on la repère à partir ≈ 5 Ma ; la sismicité historique rapporte une dizaine de séismes destructeurs en un millier d’années le long de la faille et une vingtaine en 2 000 ans aux abords du golfe d’Itmiz. Entre 1939 à Erzinçan, ML 8,5 à l’est, et 1999 à Izmit, ML 7,4 à l’ouest, une série de 11 grands séismes de magnitude ML >6,8, séparés par des laps de temps de quelques mois à quelques années, se sont succédés le plus souvent d’est en ouest le long de la faille ; en moyenne unitaire, ils ont provoqué des coulissages de l’ordre de5met des affaissements de l’ordre de2mvisibles en surface, sur des segments de l’ordre de 200 km ; leurs foyers étaient à une quinzaine de kilomètres de profondeur., Histoires édifiantes Figure - La faille nord-anatolienne et le site du séisme d’Izmit Le 17/08/99 à 0h01 TUC, 3h01 locale, le glissement d’un tronçon d’environ 250 km de long à l’extrémité ouest de la faille, a provoqué un séisme ML 7,4 M 6,8 pour les Turcs, 7,8 pour les Américains ! cf. qui a gravement affecté les régions de Kocaeli Izmit, de Sakarya Adapazari et de Bolu Düzce, entre Düzce et Yalova. Son épicentre était à Izmit ; les vibrations destructrices ont duré une quarantaine de secondes pour des accélérations ≤0,4 g. Le 12/11, il a été relayé à l’est par un séisme un peu moins violent ML 7,2 dont l’épicentre était au sud de Düzce, là où la faille se ramifie vers la mer de Marmara. Les zones affectées, les magnitudes observées et les spectres d’accélérations calculés en font des événements que l’on peut dire normaux dans ces régions classées au maximum de l’échelle sismique turque publiée en 1997 pour appuyer des règles parasismiques publiées en 1975 et modifiées en 1998. Les effets de ces séismes auraient donc pu être en grande partie prévenus. Ils firent pourtant environ 17 000 victimes officielles et peut-être 40 000 réelles, endommagèrent environ 120 000 constructions, en détruisirent plus de 2 000, coupèrent en d’innombrables endroits les réseaux d’eau, d’assainissement, d’électricité, de gaz, de télécommunication, routiers et ferroviaires, soit au moins 20 milliards d’euros de dommages matériels directs ; la région d’Izmit est en effet l’un des plus grands centres industriels et commerciaux de Turquie, très peuplé, en urbanisation rapide et désordonnée depuis le début des années 60. La zone la plus affectée est située au fond d’un golfe aux rivages marécageux prolongé par l’étroite vallée du lac Sapanca dans l’axe de laquelle se sont produits les déplacements horizontaux et verticaux qui marquent l’affleurement de la faille ; le très épais remplissage, 1 – Des risques de toutes natures alluvial de son sous-sol est constitué de matériaux aquifères peu consistants, dans lesquels les vibrations sismiques s’amplifient et provoquent facilement des mouvements de terrain, glissements terrestres et sous-marins, tassements, liquéfaction... Les effets de site ont donc été déterminants, mais les marécages avaient été en grande partie hâtivement remblayés puis sommairement aménagés et construits ; la plupart des constructions récentes des quartiers populaires étaient affectées de défauts impardonnables qui les ont rendus particulièrement vulnérables, mauvaises conceptions, absence de contrôle technique, mauvais matériaux, mauvais travail, non-respect voire ignorance et en tous cas violation des règles parasismiques... Les installations en bord de mer ont été durement touchées disparition totale par glissements sous-marins de quais, de bâtiments de la base navale, d’un hôtel... à Gölcük. Dans l’ensemble, les installations industrielles, mieux conçues, construites et entretenues, ont été moins affectées directement. Les raisons de cette catastrophe sont donc multiples ; aucune n’est naturelle la prise en compte d’un risque connu, le respect des règles parasismiques et plus simplement celui de règles de l’art universelles, sans négligence ni tricherie en auraient en grande partie atténué les effets. On peut en donner entre autres pour preuve, le bon comportement de 3 immeubles de 15 étages en cours de construction sur le coteau d’Izmit et surtout l’état du quartier le plus touché de Gölcük où, à coté d’une vieille mosquée et de son minaret étroit et très élancé ainsi que de quelques rares bâtiments modernes pratiquement intacts, il y avait quelques immeubles plus ou moins inclinés et de nombreux autres partiellement ou totalement effondrés ; et c’est évidemment dans ceux-là que se trouvaient les victimes. - LE PIRE DES CATACLYSMES NATURELS HISTORIQUES N’A PAS ÉTÉ UNE CATASTROPHE Les risques que l’on dit naturels ne sont qu’humains dans un désert, un cataclysme naturel n’est pas une catastrophe, mais il peut lourdement perturber l’environnement. LA MÉTÉORITE DE LA TOUNGOUSKA PIERREUSE SIBÉRIE Le 17 russe ou 30 grégorien juin 1908, à 7h 17mn 11s et par 60° 55’ N et 101° 57’ E selon les sismographes d’Irkoustk et d’autres lieux plus lointains, la vallée moyenne de la Toungouska pierreuse Podkamennaïa Tunguska, affluent RD de l’Ienisseï au sud du plateau central de Sibérie, a subi un cataclysme longtemps méconnu puis qualifié d’invraisemblable ; il est maintenant considéré comme le pire des cataclysmes naturels historiques, mais on ne sait toujours pas très bien ce qui s’est réellement passé. Des études tardives, longtemps superficielles et désordonnées ont peu à peu révélé que son épicentre se trouvait au NW du village de Vanovara dans l’oblast de Krasnoïarsk, vers un millier de kilomètres au NNW du lac Baïkal ; autour de lui, une zone de près de 25 km de rayon de taïga et marécages quasi désertiques où n’évoluaient que quelques troupeaux de rennes et de rares bergers avait été totalement ravagée tout avait été brûlé dans un rayon d’une dizaine de kilomètres ; au-delà, en dehors de ceux protégés par des reliefs, les arbres avaient été défoliés et la plupart avaient été déracinés et couchés radialement par une onde de choc atmosphérique ; jusqu’à plus d’une centaine de kilomètres vers le sud, des parties de cours d’eau sortis de leur lit avaient provoqué des inondations, des constructions, Histoires édifiantes s’étaient écroulées, quelques hommes et des animaux avaient été plus ou moins commotionnés. À plus de 400 km, entre Ienisseï et Lena au nord du transsibérien, des témoins avaient observé une traînée lumineuse NW-SE dans le ciel, et entendu des déflagrations en chaîne puis une formidable explosion après laquelle s’était développé un énorme champignon de poussière flamboyante ; l’explosion avait été entendue jusqu’à plus d’un millier de kilomètres. Dans le monde entier, l’événement avait marqué les enregistrements barométriques et sismographiques et durant près de deux mois, on a observé les habituels phénomènes provoqués par la présence d’importantes quantités de poussière dans l’atmosphère, telles qu’en produisent les grandes éruptions volcaniques pliniennes, baisse de transparence de l’air, nuits claires, aurores et crépuscules somptueux... Figure - Localisations approximatives des points d’impacts des météorites de la Toungouska, de l’Angara et du Vitim Les événements internationaux et nationaux beaucoup plus graves qui ont suivi, l’éloignement et l’isolation de la zone affectée, le défaut de références scientifiques n’ont permis les premières études qu’en 1921 et la première expédition qu’en 1927 ; le cataclysme a pu alors être plus ou moins correctement décrit mais pas expliqué, en dehors de sa cause première manifestement extraterrestre, ce qui a suscité pas mal de science- fiction médiatique, atterrissage d’un trou noir, d’antimatière, de petits hommes verts... Certains pensent maintenant qu’il aurait été provoqué par un fragment de la comète d’Encke dont l’orbite marquée par l’essaim des Taurides croise celle de la Terre au mois de juin ; d’autres opposent à cela qu’un fragment de comète, glacée très peu dense, ne saurait traverser l’atmosphère terrestre ; ils pencheraient plutôt pour un astéroïde pierreux, 1 – Des risques de toutes natures de 50 à 100 m de diamètre et plusieurs centaines de milliers voire millions de tonnes, qui aurait atteint l’atmosphère terrestre par le NW, sous une incidence d’environ 45°, à 15/30 km/s ; en la traversant, il se serait consumé entre 100 et 10 km, d’altitude, puis aurait explosé en se fragmentant vers 10à5km. La discussion scientifique est loin d’être terminée, car à l’épicentre on observe bien une dépression marécageuse, le marais Sud, qui n’a pas la morphologie d’un astroblème et malgré des sondages, on n’a pas trouvé de météorite ; la présence de fragments microscopiques de verre et de métal, Ni, Co... dans la tourbe de la dépression est toujours discutée. On attribue maintenant à l’explosion l’énergie d’un millier de bombes d’Hiroshima, référence médiatique en la matière. Ce cataclysme aurait pu être un épouvantable désastre s’il s’était produit n’importe où vers le 60° parallèle et en particulier quelques heures après, sur Saint-Pétersbourg, Helsinki, Stockholm, Oslo, Bergen... Une autre chute de météorite nettement plus petite, environ 10 m de diamètre, et moins ravageuse, environ 100 km2 de taïga détruits tout de même, s’est produite le 24/25 septembre 2002, plus au SE dans la région montagneuse de Potomskoïe Nagorie, oblast d’Irkoustk, au nord du Tarim affluent RD de la Lena, proche de la Toungouska à l’échelle de la Sibérie ; toujours dans l’oblast d’Irkourtsk, il s’en était produit une en 1976, près d’Oust-Ilimsk à l’est de l’Angara ; assez curieux, plutôt inattendu et même improbable dans trois zones désertiques relativement proches, cela montre qu’il se produit peut être assez fréquemment des chutes de météorites dans de telles régions ou en mer ; la surveillance spatiale permanente à laquelle on se livre maintenant permet de repérer les gros astéroïdes et d’en suivre la trajectoire , cela accroîtra notre connaissance de ce phénomène, le plus énigmatique de tous les phénomènes naturels. – DES CATASTROPHES PRÉVUES, PAS PRÉVENUES Certaines métropoles sont situées dans des zones où l’on sait qu’un événement naturel paroxystique, un big one, est susceptible de se produire, éruption volcanique à Naples, séisme à Tokyo, cyclone à Brisbane, inondation à Dacca… Mais prévoir une catastrophe majeure ne veut pas dire qu’elle sera prévenue, que le site exposé sera efficacement protégé, que la crise sera correctement gérée, que les secours seront adaptés, rapides, efficients… même si l’on en avait théoriquement les moyens techniques ; ceux que l’on s’était donné peuvent se révéler impropres, insuffisants, inefficaces… pour de nombreuses raisons, souvent peu avouables, moyens financiers insuffisants, volontairement limités, impréparation, confusion, incompétence… ; on peut aussi être dépassé par un événement s’écartant du scénario prévu, pire que celui attendu, différent de lui… KATRINA SUR LA NOUVELLE-ORLÉANS LE 29 AOÛT 2005 Après une traversée de l’Atlantique Fig. peu remarquée, Katrina est arrivé sur les Bahamas vers le 25 août 2005 ; ce n’était alors qu’un cyclone préoccupant, de 3e catégorie et de direction ≈ E-W ; mais au matin du 29 août, quand il a abordé le delta du Mississippi après avoir dévié vers le nord, il avait atteint la 5e catégorie, la plus élevée de l’échelle de Saffir-Simpson cf. , pour revenir à la 4e en pénétrant dans les, Histoires édifiantes terres ; son œil d’une cinquantaine de kilomètres de diamètre se déplaçait à environ 25 km/h sur une trajectoire N-S, à peu près perpendiculaire à la côte ; à sa périphérie, la hauteur totale des précipitations dépassait 300 mm, la vitesse du vent dépassait 300 km/h et sur la côte, l’onde barométrique et les vagues de tempête dépassaient8mde haut. Le 29 vers 4 heures, il ravageait les côtes très basses de l’Alabama, du Mississippi et de la Louisiane jusqu’à plus de 2 km du bord bateaux projetés à l’intérieur des terres, toits, lignes aériennes et arbres arrachés, constructions fragiles détruites, ponts emportés, inondations…, rien d’inhabituel dans ces contrées souvent parcourues par des cyclones ; renseignés puis tenus en alerte par les autorités, les habitants savent habituellement à quoi s’en tenir et agissent en conséquence autant que faire se peut, en se calfeutrant chez eux ou en partant. Quand le cyclone est passé et le calme revenu, généralement au bout d’une dizaine d’heures, il reste habituellement à constater les dégâts, déblayer la boue et les déchets, tout remettre en état, estimer les dommages et les indemniser ; on déplore malheureusement presque toujours quelques victimes. Figure – Les cyclones Katrina et Rita Vers 10 heures, Katrina frôlait La Nouvelle-Orléans par l’est et endommageait assez modérément la ville et ses abords quelques toits arrachés, quelques bâtiments légers détruits, quelques incendies…, la routine ; il semblait qu’on l’avait échappé belle. Mais après le passage du cyclone et quelques heures de calme, une catastrophe qui n’avait rien de naturel s’est produite dans la nuit du 30, et n’a fait que s’aggraver pour devenir le pire désastre que les États-Unis aient subi depuis leur origine la majeure partie de la ville a été inondée et l’est restée durant près d’un mois ; ce qui avait été épargné par le cyclone a été détruit par l’inondation. Les crues du Mississippi lui-même sont contrôlées par les berges naturellement surélevées du fleuve, un talus large d’au plus 2 km dont la crête est vers3mau dessus du niveau de la mer, couronnée par des digues et des quais ; les anciens quartiers de la ville dont le French Quarter historique et Downtown, le quartier des affaires, y sont en principe à l’abri d’inondations catastrophiques, parfois au prix d’ouvertures volontaires de digues en amont comme en 1927 cf. Par contre, les crues du lac Pontchartrain sont moins fréquentes et moins hautes car le lac est une lagune communiquant avec la mer à l’est ; mais elles sont plus dangereuses car elles menacent directement les bas quartiers de la ville moderne qui occupent le fond de la partie sud asséchée du lac, 1à3msous le, 1 – Des risques de toutes natures niveau de la mer ; le solyatassé de près de1men une cinquantaine d’années sous l’effet de l’assèchement, des constructions, de l’extraction de pétrole… ; cette zone est isolée du lac qui la domine par une digue dont la crête est aussi vers3mau-dessus du niveau de la mer ; elle est parcourue et dominée par des canaux de drainage reliés au lac, aux minces berges totalement artificielles ; en cas de forte crue, cette situation n’est tenable que si les digues du lac et des canaux résistent et si la pérennité de fonctionnement d’une vingtaine de stations des pompages est assurée cette fois, la crue du lac et des canaux due à l’onde barométrique maritime et aux précipitations du cyclone a ouvert trois brèches dans les digues des canaux ; les stations de pompages se sont arrêtées par manque de courant électrique puis ont été submergées… ; la majeure partie de la ville a été noyée en quelques heures. La vulnérabilité de la ville était parfaitement connue et de nombreux spécialistes avaient produit des rapports alarmants ; on considérait néanmoins que pour un cyclone de 3e catégorie, la ville ne risquait pratiquement rien et que pour un de 5e, les digues pourraient être localement submergées mais pas détruites ; considérant ainsi que le risque n’était pas bien grand, l’Administration et le Congress n’avaient accordé qu’une faible partie des crédits demandés pour 2001/2005 par l’Army Corps of Ingineers responsable de l’entretien des digues ; pourtant en 2004, une simulation avait indiqué que si le niveau de l’eau dans le lac atteignait 3 m, l’inondation était probable et l’évacuation des bas quartiers impérative, mais que celle des personnes empêchées, vieux, malades, pauvres…, ne pourrait pas être assurée ; et c’est bien ce qui s’est passé. Il aurait au moins fallu loger, nourrir, abreuver, soigner… ceux qui étaient resté ; les hésitations des décideurs, l’impréparation des organismes spécialisés comme le Fema Federal Emergency Management Agency ne l’ont pas permis trois jours pour réaliser l’ampleur de la catastrophe et prendre les mesures indispensables, inorganisation et extrême lenteur des secours, insuffisance et inadaptation des moyens… Contre 500 M$ en 5 ans qui n’ont pas été attribués pour réparer les digues, il a fallu engager 62 G$ pour les opérations de première nécessité, il faudra peut-être 20 G$ pour réparer et sécuriser les digues et 200 G$ pour réparer de la totalité des autres dommages dont environ 250 000 bâtiments plus ou moins détruits… sans compter les très nombreuses victimes, au moins 1 300 morts et 6 500 disparus ! Vers le 21 septembre Rita, cyclone de 5e catégorie, menaçait Houston ; les secours ont été organisés et la ville a été évacuée ; mais revenu en 3e, Rita l’a évitée par l’est ; là encore il semblait qu’on l’avait échappé belle ; mais quand les gens qui savaient qu’ils n’avaient rien perdu, ont voulu retourner chez eux au plus vite, ils ont provoqué le plus grand embouteillage connu catastrophe mineure, certes, mais tout aussi imprévue. Il n’y a pas que dans le tiers-monde que les événements naturels paroxystiques se transforment en catastrophes non prévenues ! - ADAPTATION D’UN SITE INGRAT On peut pourtant vivre dans un site ingrat sinon dangereux, sans prendre trop de risques, et même sans que la plupart des occupants s’en rendent habituellement compte on peut assumer ces risques si l’on adapte bien son comportement et ses ouvrages aux particularités de ce site. Les exemples précédants ne sont pas très convaincants, mais ce, Histoires édifiantes que l’on a fait dans le site de Venise depuis le VIIe siècle l’est davantage ; ce que l’onyafait récemment l’est beaucoup moins. VENISE On dit que la pérennité de la lagune et la sécurité de la ville dépendent de la terre, de la mer et des hommes de la terre parce que les alluvions des rivières l’ensablent et parce que le sol descend par subsidence et tassement ; de la mer parce que les tempêtes érodent les lidi, parce que les courants côtiers et ceux de marée dans la lagune y déplacent les bancs de sable, et à cause de l’eustatisme ; des hommes qui perturbent son fragile équilibre par leurs aménagements maritimes et leurs installations industrielles, dragages, remblayages, pompages d’eau souterraine, pollution... Pour se défendre de la terre et de la mer, les Vénitiens me paraissent être ceux qui, en Occident, se sont montrés les plus extraordinaires géotechniciens ; ils ont fondé, développé et maintenu durant plus de treize siècles, une ville et ses annexes dans l’un des sites les plus inhospitaliers qui soient, une lagune de piedmont, particulièrement instable. Cette lagune borde en effet le fond d’un golfe aux marées sensibles et aux tempêtes impressionnantes, érodant sans cesse un fragile cordon littoral, un lido, privé des alluvions des fleuves côtiers détournés, qu’il a donc fallu protéger tout en préservant les chenaux intérieurs et les passes navigables, les porti du Lido, de Malamocco et de Chioggia, car Venise n’existait que par le commerce maritime. Jusqu’au XVe siècle, le Piave, le Brenta et d’autres petits fleuves torrentiels alpins aux crues énormes et violentes susceptibles de bouleverser tout le réseau hydrographique du fond du golfe adriatique, aboutissaient de façon permanente ou occasionnelles dans la lagune et leurs alluvions la comblaient progressivement ; poursuivant des travaux qui avaient débuté au XIVe siècle, Fra Giocondo puis Christoforo Sabatino au milieu du XVIe les ont fait détourner au nord et au sud de la lagune pour préserver des chenaux de navigation et de drainage, tout en maintenant un apport d’eau douce nécessaire à la vie on pense que le Canal Grande et surtout le canal de la Guidecca qui traverse la lagune de Fusina au Lido, sont des reliquats de bras de l’ancien delta du Brenta ; pour les mêmes raisons, l’Adige et plusieurs bras du delta du Pô lui-même ont dû aussi être détournés vers le sud au début du XVIIe siècle... Depuis l’origine, le sous-sol de la lagune est affecté d’une subsidence tectonique et diagénétique permanente aux effets de laquelle s’ajoutent ceux de l’eustatisme, et sous la ville elle- même, le tassement de consolidation dû à son poids ; il résulte de tout cela une irrésistible montée » apparente des eaux qui imposa plusieurs fois sinon continûment, de changer le niveau de base de la ville. Le Canaletto a mis en place ses nombreux tableaux à la boite noire, ce qui a permis de mesurer le niveau de l’eau au XVIIIe siècle dans tout Venise et dans diverses situations ; des observations archéologiques l’ont permis à plusieurs endroits, pour diverses époques, notamment dans la crypte de San Marco dont le niveau relatif du dallage a baissé de près de2m; actuellement, la montée eustatique des eaux est d’environ 1,5 mm/an, mais il n’est pas constant le niveau de l’eau aurait monté vers la fin du premier millénaire puis descendu durant le XIe siècle, de nouveau monté par saccades jusqu’au XVIe, serait reste stable jusqu’au XVIIe, aurait descendu jusqu’à la fin du XIXe pour remonter jusqu’à aujourd’hui et pour peut-être encore longtemps, sans que l’on sache trop pourquoi., 1 – Des risques de toutes natures Par l’ampleur des travaux entrepris et par leur durée, l’aménagement du site de Venise doit être l’un des plus considérables que l’homme n'ait jamais entrepris et mené à bien avant de disposer des moyens techniques et scientifiques de ce siècle. La détermination des Vénitiens a largement appuyé l’obligation dans laquelle ils se trouvaient d’expérimenter sans cesse en hydraulique fluviale et maritime il leur arrivait aussi de détruire eux-mêmes les ouvrages qu’ils avaient construits, si les faits montraient que les effets de ceux qu’ils avaient crus bénéfiques, étaient au contraire désavantageux, voire nuisibles ; on verra plus loin que, malgré l’arsenal de moyens théoriques et pratiques dont nous disposons, les effets de nos propres aménagements de cours d’eau et de littoraux sont toujours aussi incertains, et que si, beaucoup moins humbles et lucides qu’eux, nous ne détruisons plus les ouvrages qui se révèlent inadéquats, voire dangereux à l’usage, les crues et les tempêtes le font pour nous en provoquant des accidents ou des catastrophes qui n’ont en rien de naturels. La ville couvre un groupe d’îlots dont la pérennité n’est due qu’à l’activité incessante des hommes ; il a fallu le protéger à la fois de l’érosion et de l’envasement, compenser la lente montée des eaux par des apports quasi permanents de remblais, de telle sorte que la partie artificielle du sous-sol de Venise est stratifiée. Et pourtant, ce petit archipel avait été judicieusement choisi comme le mieux adapté aux besoins de ses occupants, parce que situé dans la partie la plus sableuse et donc la plus stable de la lagune, sans doute le delta du Brenta. Toute la ville est évidemment construite sur ce que l’on appelle maintenant fondations spéciales. Le système change selon la nature locale du sous-sol, l’époque de construction, le poids et les dimensions de l’édifice. On connaît trois types de fondations à Venise, le radier, les pieux courts et quasi jointifs compactant la couche superficielle très peu consistante du sous-sol, ou les pieux longs et espacés transmettant les charges à une couche sous-jacente sableuse, plus compacte. Nous n’avons rien inventé ; les pieux étaient en bois, ils ont été en acier, ils sont en béton ; les longrines et les radiers étaient des enchevêtrements de troncs couchés et/ou de fascines, ils ont été des poutres d’acier ou des voûtes renversées maçonnées, ils sont en béton armé, coulé ou injecté. Les matériaux ont changé, mais la technique est la même ; elle a seulement évolué avec les progrès techniques des matériaux et de leur mise en œuvre., Histoires édifiantes - Le site de Venise Comme tous les maîtres d’œuvre vénitiens, Sansovino était aussi un habile géotechnicien qui, évidemment, attachait un soin particulier à fonder ses constructions et à réparer celles des édifices qu’il restaurait ; chef des Procurateurs, c’est-à-dire architecte en chef de la République, tout ce qui s’est entrepris à Venise durant une bonne moitié du XVIe siècle, l’a été sous son contrôle ou avec son concours ; il est ainsi un des premiers hommes de l’art à avoir entrepris une étude systématique des techniques de fondation. Par leur travail incessant, ses successeurs et leurs collègues hydrauliciens ont réussi à conserver, d’abord pour eux, ensuite pour nous, la ville extraordinaire qui émerge des brumes matinales quand on franchit le pont della Libertà, puis dont on découvre les somptueuses façades des palais qui bordent le Canal Grande, à bord du vaporetto qui conduit à la place San-Marco. Lors d’acque alte, marées hautes exceptionnelles de plus en plus fréquentes, environ 50 en 100 ans, mais 6 en 1960, une dizaine actuellement, ou aucune de 1886 à 1906, cette place et une partie plus ou moins grande de la ville, sont hélas transformées durant4à5heures, le temps d’une marée haute de plus de 0,8 m, en un pittoresque, mais pernicieux lac que l’on parcourt sur des passerelles démontables ; une station météorologique située à environ 12 milles du rivage du Lido, donne l’alerte quand la marée montante y dépasse 1,1 m. Pour l’acqua altissima du 4/11/1966, marée haute de vives eaux associée au sirocco, à une basse pression atmosphérique, à une seiche par résonance du fond du golfe et aux fortes crues des fleuves, a dépassé la hauteur de 1,9 m, pénétrant partout dans la ville, tandis que la tempête associée ruinait de longues sections de murazzi, les digues à la mer du rivage de l’Adriatique construites durant tout le XVIIIe siècle, après la destruction des premières, 1 – Des risques de toutes natures défenses par les tempêtes de 1686 et 1691. De façon courante actuellement, le marnage d’acqua alta peut atteindre 1,5 m auquel les fragiles quais des petits canaux et les pieds des façades de bâtiments résistent d’autant plus mal qu’ils sont incessamment sapés par les vagues de sillage des vaporetti et autres innombrables embarcations à moteur qui sillonnent les canaux et la lagune. Dans des conditions différentes il se produit aussi des secche, marées basses exceptionnelles qui peuvent dépasser - 1,2 m ; on en parle moins mais elles sont aussi très pernicieuses car elles assèchent la plupart des canaux et affouillent les fondations des ouvrages riverains, quais, ponts, bâtiments... Sauver Venise ? Ainsi, Venise est toujours aussi fragile ; elle l’est même davantage, car aux effets de la terre et de la mer s’ajoutent ceux des hommes, essentiellement de l’occupation moderne, touristique, indifférente aux effets du temps, plutôt que résidentielle, attentive à préserver son milieu ; la ville a du reste perdu une grande partie de ses habitants la plupart de ceux qui y travaillent, arrivent le matin, pour en repartir le soir. Mais les effets néfastes prépondérants sont surtout ceux de l’énorme zone industrielle et des installations portuaires de Marghera sur le bord terrestre de la lagune, ainsi que ceux des canaux de navigation qui les relient au porto du Lido, en longeant la Giudecca et directement, à celui de Malamocco ouvert en 1970, long de 18 km dont 15 en mer, large de 140 m, profond de 15 m ; ces aménagements ont débuté au cours des années 20 et se sont amplifiés à partir de 1970. L’érosion du rivage marin entre Chioggia et l’embouchure du Piave est très active malgré les murazzi, qui sont fréquemment bousculés voire ruinés par les tempêtes littorales. Pourtant, la montée des eaux est le phénomène le plus redoutable ; l’eustatisme est toujours actif, mais c’est surtout l’affaissement du sol, subsidence et tassement, qui la détermine, environ 12 cm/siècle en moyenne pour la période historique, 3 mm/an en moyenne pour la période actuelle avant Marghera, plus de5à10 mm/an après, principalement à cause de l’exploitation industrielle des eaux souterraines qu’il a bien fallu limiter, puis interdire ; on est alors revenu vers 5 mm/an ; ainsi, la basilique de San Marco ne sera pas de sitôt noyée jusqu’au bas de ses coupoles comme l’a récemment montré une image télévisuelle de synthèse, affolante mais totalement irréaliste. De nombreux bâtiments de Venise sont plus ou moins gondolés ou inclinés sous l’effet de tassements différentiels, inévitables dans ce site dont tout le sous-sol alluvial peu compact est très compressible, ainsi que sous l’effet de la dégradation des matériaux de construction, tant par l’air marin et l’eau saumâtre que par les pollutions industrielles ; il arrive heureusement assez rarement qu’en général faute d’entretien, certains s’écroulent tout ou partie ; il s’agit alors d’ouvrages abandonnés dans des zones peu fréquentées. Le campanile de San-Stefano penche mais parait stable ; haut d’une centaine de mètres, celui de San-Marco était à peu près vertical ; construit en 1512, il s’est écroulé en 1902, alors que son faux aplomb n’atteignait pas 1% de sa hauteur ; il était fondé sur un massif de maçonnerie de 13 x 13 m de surface et 3,2 m d’épaisseur, reposant sur des pieux jointifs de 2,5 m de long, une technique courante de fondation à l’époque de sa construction. On a calculé que la pression ultime de rupture du matériau d’assise était d’environ 20 bars alors que la pression effective que lui transmettait l’ouvrage était d’environ 6 bars, soit un coefficient de sécurité supérieur à 1/3, valeur que l’on considère maintenant comme, Histoires édifiantes suffisante ; géomécaniciens sans le savoir, les anciens vénitiens faisaient comme nous ! Donc, l’écroulement n’était dû ni à l’inclinaison, ni au poinçonnement des fondations tel que la géomécanique le prévoit habituellement, car dans ce cas il se serait produit peu de temps après l’achèvement de la construction, mais sans doute à la dégradation des matériaux de construction de la base de l’édifice ; son écroulement aurait alors été provoqué par un événement secondaire aléatoire, acqua alta, secca, petit séisme... qui l’aurait déséquilibré il a été reconstruit à l’identique au même emplacement, avec des matériaux plus légers, sur les mêmes fondations simplement renforcées la géomécanique n’est peut-être pas la science exacte que l’on croit et l’étude du risque naturel» sera toujours plus ou moins... risquée ; après l’incendie qui l’a détruite, la Fenice a été reconstruite apparemment à l’identique, mais en fait, c’est un bâtiment dont la structure est moderne, avec des sous-sols étanches et sur de nouvelles fondations. Sauver Venise est donc une œuvre qui dépasse les moyens de ce qui reste de Vénitiens et même de l’ensemble des Italiens ; patrimoine de l’humanité, c’est à nous tous, sous l’égide de l’Unesco, d’écarter le risque de le perdre, en l’entretenant pour le conserver. En 1984, un groupement d’entreprises et de spécialistes de l’hydrologie marine a lancé l’étude d’un vaste projet de prévention de l’acqua alta qui a abouti à un dispositif automatique de panneaux mobiles pour fermer les trois porti lors de marées dépassant la hauteur de1mconsidérée comme courante sinon normale le MOdulo Sperimentalo Elettromeccanico, Mose, Moïse en français, acronyme en jeu de mots technocratico- biblique, Moïse écartant les eaux de la mer Rouge pour faire passer les Juifs pourchassés par Pharaon puis les laissant revenir pour noyer ce dernier et son armée ; il est estiméà2à3milliards d’euros et sa construction durerait une dizaine d’années ; parallèlement, on construirait des récifs au large des porti pour les protéger des tempêtes... Le projet étudié depuis près de trente ans est très critiqué par les experts du Consorzio Venezia nuova sous l’autorité du Magistrato all’Acqua, héritier du deuxième personnage hiérarchique de la République après le Doge pendant plus de 500 ans, car il modifierait d’une autre façon aux effets inconnus l’état actuel de la lagune et n’aurait évidemment pas d’effet sur l’eustatisme. Un autre projet, théoriquement moins traumatisant pour l’environnement, mais pratiquement irréalisable avec les moyens techniques dont on dispose, dans un délai et pour un coût raisonnables, serait de rehausser tout ou partie de la ville de plus de 1 m. Il serait moins spectaculaire, mais plus réaliste et plus efficace de rétablir autant que possible la lagune dans son état d’avant l’aménagement industriel en plaçant au large des bouées de déchargement des pétroliers qui seraient reliées à Marghera par pipe-line, ce qui permettrait de supprimer les grands chenaux de navigation, et aussi en rehaussant les quais, les berges et les ouvrages les plus affaissés, en nettoyant les canaux et les chenaux..., ce que les anciens vénitiens faisaient sans cesse. Moïse devrait pourtant être de nouveau sauvé, mais cette fois par la politique des grands travaux, pas par la fille de Pharaon. On pourrait aussi éviter d’attendre qu’un ouvrage soit en ruine pour le reconstruire, en intervenant systématiquement, selon un plan général fixant un ordre de priorité en fonction de l’état réel des ouvrages menacés., 1 – Des risques de toutes natures - EFFICACITÉ DE L’ENTRETIEN Dans des conditions géotechniques plus délicates, la tour de Pise est heureusement toujours debout ; elle existe depuis plus de huit siècles au cours desquels elle a été régulièrement entretenue, ce qui assurément, a évité sa ruine c’est l’exemple le plus caractéristique de la nécessité de surveiller et entretenir un ouvrage exposé à un risque naturel». Car les ouvrages dont la ruine a été évitée ou du moins retardée fort longtemps, sont nombreux et variés, de tout temps et de tous lieux ; s’il n’en était pas ainsi, rien de durable n’existerait ; leurs exemples sont convaincants et instructifs pour éviter la ruine, il faut et il suffit d’être attentif, compétent, consciencieux et actif. Autre affirmation apparemment évidente et/ou stupide, qui mérite aussi d’être illustrée. LA TOUR DE PISE La pérennité de cet ouvrage célèbre, qui est aussi un chef-d’œuvre géotechnique, montre qu’un aléa, inconnu et impossible à comprendre à l’origine, n’entraîne pas nécessairement la ruine, pour peu que l’on soit attentif à en corriger les effets en temps voulu et que l’on accepte d’entretenir l’ouvrage durant toute sa vie. En arrivant sur le campo dei Miracoli, en fait une vaste prairie couverte de touristes moutonniers, par la porte Santa-Maria d’où la vue de la tour est la plus spectaculaire, on se prend à vouloir courir pour aller vite l’empêcher de tomber tant son inclinaison est impressionnante, environ 5° vers le sud, soit environ5mde faux aplomb pour environ 20 m de diamètre à la base et environ 57 m de hauteur mais ne vous pressez pas, quoi que l’on en dise, elle n’a pas encore été près de s’écrouler spontanément ! En effet, en la regardant attentivement de l’est ou de l’ouest, vous verrez qu’elle penche moins en haut qu’en bas, car son aplomb a visiblement été progressivement corrigé au cours de son édification ses constructeurs successifs savaient sans doute que le sous-sol du site n’était pas stable, car ils avaient dû observer les effets des tassements sur le duomo voisin, construit depuis près de cent ans ; ils surveillaient donc attentivement leur ouvrage dont la construction a duré près de deux siècles, de 1173 à 1350, en deux ou trois phases d’une dizaine d’années chacune ; ils l’arrêtaient quand les mouvements devenaient inquiétants comme vers 1180 au niveau du quatrième étage et en 1278, au niveau de la terrasse du sixième, et la reprenaient en rectifiant un peu l’inclinaison quand les mouvements s’atténuaient. Ainsi, grâce à cette pratique qui permettait la lente consolidation des matériaux du sous-sol de son assise sous l’effet de son propre poids, grâce à sa surprenante silhouette de banane, la tour ne s’est pas encore écroulée Cela a sûrement beaucoup plus contribué à sa survie que les projets issus des innombrables et savantes études théoriques sur son comportement depuis que l’on a inventé la géomécanique et même avant jusqu’à présent, les seuls travaux efficaces ont été ceux de consolidation de sa structure ; car en fait, tant que sa structure sera solide, ce qu’elle est depuis l’origine, la tour ne pourrait s’écrouler que si l’aplomb de son centre de gravité sortait plus ou moins de son polygone de sustentation ; il en est encore très loin. Par contre, les travaux entrepris sur ses fondations n’ont jamais ralenti son mouvement ; ils l’ont même souvent aggravé ; ce mouvement n’est du reste pas plus continu que tout autre phénomène naturel, ce qu’il est comme eux, selon l’époque, suivant les variations climatiques et hydrologiques saisonnières, annuelles..., il accélère, ralentit ou même, Histoires édifiantes s’arrête un temps, selon un comportement que l’on qualifie maintenant de chaotique, mais la tendance est bien toujours à un lent accroissement de l’inclinaison et du tassement. Photo – La tour de Pise Son aplomb a été rectifié au cours de sa construction elle penche moins en haut qu’en bas. Il en va au contraire différemment quand on essaie de la redresser ou de sinon arrêter, du moins ralentir son mouvement ; jusqu’à la dernière trop récente pour que l’on puisse en apprécier le résultat définitif, toutes les interventions sur les fondations se sont soldées par une aggravation de l’inclinaison en 1838, lors du creusement du trottoir périphérique destiné à montrer la partie basse de la tour enterrée par le tassement, le mouvement qui était à peu près arrêté, a fortement repris, 40’ de plus d’inclinaison, soit 45 cm de plus de faux aplomb ; en 1934, injection de ciment dans les fondations + 31’’ d’inclinaison, soit + 8 mm de faux aplomb ; au cours des années 1960/70, pompages dans la nappe aquifère + 41’’ d’inclinaison, soit + 10 même de faux aplomb ; en 1985, intervention sur les fondations 10’’ d’inclinaison, soit + 2,5 mm de faux aplomb ;en 1995, encore des travaux sur les fondations dont le principal résultat a été une véritable panique, car on a craint un moment l’effondrement !Ce monument et ceux qui l’entourent, baptistère qui penche un tout petit peu lui aussi, duomo plus ou moins gondolé... sont en effet construits dans un site particulièrement ingrat, la plaine alluviale fluvio-marine subactuelle de l’embouchure de l’Arno, dont le sous-sol est constitué d’une couche épaisse de plus de 300 m de matériaux sablo-argileux aquifères peu consistants, très compressibles. Épais d’environ 10 m, les matériaux superficiels sur lesquels est directement fondée la tour sont plutôt sableux et auraient supporté sans poinçonner la pression moyenne d’environ 5 bars que son radier de fondation leur transmettrait si elle était droite ;l’inclinaison se traduit par des tassements d’environ 1,3 m au nord et de 2,8 m au sud, de sorte que la pression est, 1 – Des risques de toutes natures d’environ 0,5 b au nord et d’environ 10 b au sud. On pense que cela est dû d’abord au fait que ces matériaux sont un peu plus compacts au nord qu’au sud et à la présence d’une couche d’argile molle plus ou moins fluente au-delà de 10 m. Grâce à la géomécanique, on sait donc maintenant expliquer l’inclinaison de la tour par le tassement différentiel de sa fondation, mais plus simplement, on constate en descendant sur son parvis avant de la gravir, que ce tassement dépasse2mau total, ce qui est tout aussi ahurissant que son inclinaison ; on a fait aussi des mesures de faux aplomb très précises, moins de 1 mm/an d’accroissement au cours de ce siècle, mais ilyaprès de 400 ans, Galilée aurait déjà lâché divers objets du bord de la sixième terrasse pour établir sa loi de la chute des corps ; si comme on le dit maintenant, c’est une légende analogue à celle de la pomme de Newton, elle confirme néanmoins que la tour penche bien de façon très spectaculaire depuis très longtemps ; certains géomécaniciens ont pu néanmoins prétendre qu’actuellement elle serait devenue instable au point qu’ils ont prédit son écroulement dans un délai très proche ; le délai de certaines prédictions est même déjà écoulé depuis pas mal de temps ! De nombreuses commissions d’experts ont étudié le comportement de la tour en vue d’éviter cet écroulement tant de fois prédit, mais qui heureusement a jusqu’à présent refusé de se produire ; demeurées théoriques, leurs études n’ont longtemps servi qu’à alimenter des querelles...d’experts et la perplexité des décideurs. Après l’effondrement d’un campanile à Pavie en 1989, qui a fait 4 victimes, on a fermé par précaution l’accès à la tour en février 1990 et une 17e commission a repris les études de la 16e qui dataient de 1965. Sans attendre ses conclusions on a décidé de renforcer la structure de la tour, ce qui était une excellente chose, facile à faire ; on a ainsi cerclé ses parties les plus dégradées au moyen de câbles d’acier précontraints les fissures se sont alors un peu fermées. Selon le diagnostic de la commission publié en 1993, il importait de ralentir le mouvement, ce qui se fait plus ou moins naturellement à très long terme ; c’est difficile à réaliser comme l’ont montré diverses tentatives mais cela peut être une bonne chose à court terme pour rassurer les contemporains chercher à redresser un tout petit peu la tour est en fait la quête plus médiatique que technique du Graal de la géotechnique pisane ; c’est aussi un fantasme universel dans le film Superman III, Christofer Reeve s’y employait., Histoires édifiantes Figure – Site et mouvements de la tour de Pise Ce qui a alors été décidé ne rassurait pas vraiment en 1993, après modélisation et simulations multiples, on a placé au pied du côté nord qui a le moins tassé, un contrepoids de 600 tonnes de plomb pour diminuer de 1° 30’ soit environ 1,2 m de moins de faux aplomb cette curieuse façon de traiter le tassement différentiel général en surchargeant le côté qui tassait le moins et dont on disait même qu’il se soulevait, n’a pas eu l’effet escompté le gain d’inclinaison n’a été que de 52’’ et donc le faux aplomb n’a gagné que 13 mm mais... le tassement c’est accru de 2,5 mm ! En 1995, on a congelé le sous-sol du côté sud, ce qui a accru l’inclinaison jusqu’au risque d’effondrement ; on a alors arrêté les travaux et ajouté 230 t de lest au nord pour arrêter l’inclinaison mais, conséquence inévitable, on a encore accru le tassement. Avec la 18e commission, cela est devenu un peu surréaliste mais plus prudent elle a d’abord fait établir un modèle numérique très compliqué pour tester les effets possibles des différentes solutions envisagées, puis fait bâtir un modèle en vraie grandeur près du pignon ouest du cimetière pour valider la solution retenue, ancrer la partie nord par des tirants puis extraire par forage à la tarière un peu de matériau sous la partie nord de la fondation afin de faire tasser ce côté sans faire tasser l’ensemble et enfin injecter le sous-sol côté sud ; cette solution a été préférée à une autre envisagée, reprise en sous-œuvre au moyen de micropieux ancrés vers une cinquantaine de mètres de profondeur ; elle a ensuite fait haubaner la tour au niveau du 3e étage le temps d’exécuter les travaux. L’opération terminée après une dizaine d’années d’études plus ou moins farfelues et de travaux plus ou moins imprudents voire dangereux, et pour plus de 25 M€, on aurait arrêté pour un temps indéterminé le mouvement d’inclinaison, l’inclinaison aurait diminué de 0°- 15’ et le faux aplomb de 22,5 cm, soit un gain d’environ 4% alors que l’on visait au moins, 1 – Des risques de toutes natures 10% Much Ado About Nothing ! La tour n’en demandait pas tant, mais au moins, les touristes privés de monter durant près de douze ans, peuvent de nouveau faire l’ascension pour se dégourdir les jambes après un long parcours d’approche en autocar. On dit que cette réparation » doit assurer encore deux à trois siècles de vie à la tour de Pise, mais bien savant ou plutôt bien inconscient serait qui pourrait l’affirmer. Que durera encore la tour ? Un jour, un an, dix ans, un siècle, dix siècles ou même plus ? Tout dépendra en fait de l’intérêt que les hommes continueront ou non à lui témoigner et des bêtises qu’ils éviteront de faire en essayant de la conforter et surtout de la redresser inconsidérément. La plupart sinon la totalité des événements rapportés dans la suite cet ouvrage ont des histoires tout aussi édifiantes. - LE SYSTÈME TERRESTRE La manifestation intempestive de n’importe quel phénomène naturel, volet aléa du risque naturel », n’est qu’une courte et rapide péripétie parmi d’autres du comportement normal du système terrestre, la Terre. L’observation directe de ce système extrêmement complexe est en grande partie impossible puisque seule la surface du sol est visible et tangible. Ses éléments sont eux- mêmes très complexes leurs formes et leurs comportements sont rarement déterminables avec précision ; leurs dimensions très petites ou très grandes, n’ont généralement aucune commune mesure avec les dimensions facilement accessibles à l’homme sans le secours d’instruments ; ils ne sont pas immuables et la plupart des facteurs qui régissent leurs comportements, généralement très typiques, sont mal connus et ne peuvent pas être maîtrisés. Mais l’hétérogénéité considérable du matériau terrestre n’est pas aléatoire ; ce matériau est en effet structuré on ne confond pas un cristal d’orthose, une poche de vase, une dune de sable, un filon d’aplite, une couche de craie, une coulée de basalte..., mais d’autres structures, tectoniques en particulier, sont beaucoup moins évidentes. Ses comportements sont eux aussi extrêmement complexes mais tout aussi structurés ; les phénomènes naturels sont innombrables et leurs manifestations sont généralement spécifiques d’un lieu ce qui se passe à proximité d’un volcan lors d’une éruption n’a rien à voir avec ce qui se passe dans une plaine alluviale lors d’une inondation, sous un immeuble dont l’assise tasse... ; elles sont aussi spécifiques d’un moment chaque événement quel qu’il soit, où que ce soit, est unique ; ce qui se passe avant, pendant et après est certes coordonné, mais l’enchaînement est plus ou moins aléatoire ; on peut prévoir l’événement, pas le prédire., Le système terrestre L’étude de ce système ressortit plus ou moins et tout ou partie selon le cas, à de nombreuses sciences, astronomie et/ou planétologie, géodynamique interne et/ou externe, climatologie et/ou météorologie, hydraulique marine et/ou continentale... et met en œuvre de nombreuses techniques générales et/ou spécialisées, observations, mesures, modélisations, interprétations... Elle est donc particulièrement compliquée ; ses acquisitions en continuelle évolution ne sont jamais définitives ; la plupart des théories qui en découlent ne sont que des hypothèses ; les résultats qu’on en obtient sont des approximations n’exprimant que des ordres de grandeur. - ORGANISATION ET COMPORTEMENT Les formes et l’organisation du système terrestre ressortissent à la géomorphologie ; son comportement ressortit à la géodynamique ; l’une et l’autre sont dites internes quand elles concernent les profondeurs du globe et externes quand elles concernent sa surface. Figure - Le système terrestre Le système terrestre est d’une part un petit élément du système solaire dont il dépend étroitement parce qu’il lui impose sa structure et son comportement propres, et d’autre part un ensemble spécifique, quasi-autonome, particulièrement complexe, structuré en sous- systèmes, lithosphère, hydrosphère, atmosphère et biosphère qui sont eux-mêmes les ensembles de sous-systèmes de rang inférieur, continent, inlandsis, océan..., jusqu’aux roches, minéraux, cristaux, molécules, atomes, particules... qui ont des comportements spécifiques, tout en interagissant d’innombrables façons, à d’innombrables niveaux, en, 1 – Des risques de toutes natures d’innombrables endroits. Depuis que la croûte terrestre existe, c'est-à-dire depuis plus de 4 Ga, des reliefs se créent et se détruisent incessamment à la surface du globe ; l’eau s’évapore de l’océan pour tomber sur les continents et retourner à l’océan par les fleuves ; à un endroit donné, le temps qu’il fait varie plus ou moins d’un jour à l’autre et le climat fait de même à plus long terme système dynamique instable, animé par l’énergie thermique interne, la gravité et l’énergie solaire, le système terrestre évolue continuellement et de façon plus ou moins coordonnée à toutes les échelles d’espace et de temps qui passe. À l’échelle du temps de la Terre, cette évolution paraît continue et monotone, mais elle semble ne pas l’être à l’échelle du temps humain, car on n’en observe que des événements de très courte durée à partir d’un certain seuil d’intensité qui dépend à la fois de la nature du phénomène considéré et de nos sens ou de nos instruments ; la fonction intensité/temps de n’importe quel phénomène est continue, mais dans un certain intervalle de n’importe quelle échelle de temps, elle est apparemment désordonnée voire incohérente, successivement plate, croissante ou décroissante avec des minimums et des maximums relatifs plus ou moins individualisés et parfois des paroxysmes. Pour le peu que l’on en sait, car le temps historique humain est court et la géologie historique est imprécise, cette évolution montre aussi des tendances à la hausse, à la baisse ou une stabilité durant des périodes plus ou moins longues et plus ou moins espacées mais jamais cycliques. Les événements naturels intempestifs voire paroxystiques sont uniques, contingents, mais normaux et généralement explicables ; ce ne sont pas des anomalies. Le temps du système terrestre est orienté et irréversible ; l’état final d’un site affecté par un phénomène n’est jamais identique à son état initial ; il en va de même pour l’ensemble du système terrestre ce qu’il est et ce qu’il s’y passe aujourd’hui n’est ni ce qu’il était et ce qu’il s’y passait hier, ni ce qu’il sera et ce qu’il s’y passera demain. Contrairement à ce que dit l’Ecclésiaste, inspiré par les anciens Égyptiens, et que beaucoup d’autres ont cru et croient encore, rien de ce qui s’y est produit ne s’y reproduira. Contre l’avis de Cuvier, catastrophiste convaincu qui le savait, Lyell, uniformitariste doctrinaire, a fait admettre le contraire à des générations de géologues ; Maxwell, qui n’était pas un savant révolutionnaire, a clairement affirmé que, dans ce monde, les antécédents ne se retrouvent pas et que rien ne se reproduit deux fois ; Poincaré a dit à peu près la même chose ; Valéry a écrit que l’histoire était la science des choses qui ne se répètent pas... On parle néanmoins de cycles à propos d’événements et/ou d’états successifs analogues que l’on observe de temps en temps, mais il ne s’agit jamais de cycles strictement périodiques, au cours desquels le même événement et/ou le même état se reproduisent régulièrement. - ORGANISATION Le matériau dont est fait le système terrestre, se compose d’arrangements locaux et spécifiques, emboîtés à toutes les échelles d’espace, de minéral en majeure partie et d’organique non vivant en moindre partie ; ce sont les minéraux, les roches, les formations... Ainsi, ce matériau est structuré, presque ordonné, même si la connaissance de certaines de ses formes extrêmement complexes, dépasse souvent nos moyens d’information et notre pouvoir de compréhension., Le système terrestre Ces arrangements et leurs liaisons sont les éléments de structures instables issues de dispositions transitoires antérieures ; ils dépendent de la nature du matériau et des phénomènes qui l’ont affecté au cours de son histoire. Sans remonter jusqu’aux particules élémentaires, le nombre des atomes et des phénomènes naturels qui peuvent les concerner, radioactivité essentiellement, est relativement peu élevé. Les minéraux et les corps organiques naturels fossiles, groupements d’atomes sont bien plus nombreux comme le sont les phénomènes susceptibles de les affecter, altération particulièrement. Les arrangements et les phénomènes connexes, érosion, transport, sédimentation... se diversifient considérablement quand on passe aux roches, groupements de minéraux ou de corps organiques, puis aux formations, groupements de roches présentant certaines affinités stratigraphiques ou structurales, puis aux massifs, régions, provinces... À mesure donc que s’accroît l’échelle d’observation ou d’analyse du système terrestre, la complexité apparente de son organisation augmente. - COMPORTEMENT Le comportement de la Terre est historique les événements de tous les phénomènes naturels sont aléatoires ; ceux qui se produisent sont uniques ; ceux qui se succèdent sont analogues, jamais identiques ; l'état actuel du système terrestre est le résultat contingent de son passé profond, d’une évolution qui aurait pu être différente, de sorte que cet état serait lui aussi différent ; les systèmes solaire et terrestre vieillissent ; l’entropie thermodynamique du système terrestre croît ; il est donc beaucoup moins stable qu’il paraît à l’échelle de temps de notre très court passage en son sein ; son entropie statistique est énorme, mais n’est pas incommensurable puisqu’il est fini ; son instabilité est donc loin d’être désordonnée ; il évolue de façon cohérente. Le matériau terrestre est le siège ou l’élément d’actions dont les causes sont naturelles, gravité, électromagnétisme, radioactivité... et dont les effets sont de plus ou moins le modifier sans cesse à différents niveaux ; ce sont les phénomènes naturels ; la plupart sont connus leurs cours sont compliqués mais intelligibles ; leurs paroxysmes sont plus ou moins fréquents, irrépressibles mais normaux ; certains produisent des événements violents qui peuvent être plus ou moins destructeurs de vies et/ou d’ouvrages ; ce sont les aléas. Les évolutions de ces phénomènes sont spécifiques, localisées et généralement peu sensibles à l’échelle du temps humain ; le fait qu’ils évoluent parfois intempestivement n’est pas anormal. On ne peut pratiquement pas en influencer le cours et empêcher la réalisation de leurs événements intempestifs ; on peut par contre constater leurs effets, essayer de comprendre leurs mécanismes et se prémunir de ceux qui sont à la source des risques, par des actions qui peuvent prendre des formes très différentes et être plus ou moins possibles selon le phénomène considéré. Les événements intempestifs sont extrêmement rapides à l’échelle de l’histoire de la Terre ; à l’échelle d’une vie humaine, ils sont presque instantanés et rarement observés, sauf s’ils provoquent des catastrophes, mais alors, l’observation scientifique n’est pas le souci principal de ceux qui les subissent. On les caractérise plutôt indirectement par leurs effets, en constatant l’état résultant du site affecté, dont la stabilité acquise n’est qu’apparente. Explicables mais plus ou moins imprévisibles, possibles mais non certains,, 1 – Des risques de toutes natures ces événements sont des péripéties et non des épisodes ; on ne peut donc les appréhender qu’en termes de probabilité. Les phénomènes internes sont ceux dont l’origine est dans les entrailles de la Terre, essentiellement volcanisme qui amène en surface du matériau profond, et sismicité qui résulte des mouvements incessants de la lithosphère ; leurs manifestations les plus violentes sont très destructrices. Avant la tectonique globale, on savait que séismes et volcans étaient plus ou moins associés sans bien en connaître la raison ; on sait maintenant comment ils fonctionnent. Leurs modèles généraux sont bons ; leurs modèles spécifiques, moins. Les phénomènes externes sont ceux dont l’origine est à la surface de la Terre. La désagrégation et l’altération désorganisent les roches et en facilitent l’érosion, déblayage et transport de blocs, graves, sable, limon, argile, ce qui permet à la désagrégation et à l’altération de se poursuivre. Quelles qu’en soient les causes, la gravité est le moteur principal de ce processus ; l’air et l’eau sous toutes leurs formes, le déclenchent, le facilitent, l’entretiennent et en transportent les produits. Écroulements, glissements, effondrements... sont innombrables, se produisent à peu près partout dans le monde et à tous moments ; mais généralement moins spectaculaires que les phénomènes internes, ils sont moins médiatiques. Leurs manifestations les plus violentes peuvent être néanmoins très destructrices. Leurs modèles généraux sont assez bons, mais on dispose rarement de modèles spécifiques acceptables. La sédimentation et la diagenèse sont les phénomènes inverses qui accumulent les produits de l’érosion et les transforment en roches en les compactant, par l’effet de la gravité sur des grains juxtaposés, évidemment pesants, que la sédimentation d’autres grains charge progressivement ; elle est très lente et les sols récents sont généralement peu compacts ; son mécanisme de base est la réduction de la porosité des sédiments et l’expulsion de l’eau qu’ils contiennent. Les ouvrages que supportent ces matériaux peu compacts sont très souvent affectés de dommages qui peuvent aller jusqu’à la ruine et sont particulièrement sensibles aux effets des séismes qui peuvent liquéfier ceux qui sont sous-consolidés. - LES CYCLES NATURELS Par analogie avec les cycles astronomiques, on considère généralement que tous les phénomènes naturels ont des cours cycliques, et donc que les événements naturels dangereux ont des périodes de retour annuelles, décennale, centennale, millennale... sur lesquelles est imprudemment bâtie la prospective du risque naturel », car la périodicité de ces événements n’est qu’apparente les jours se suivent et ne se ressemblent pas, pas plus que les saisons, les années... - LES CYCLES ASTRONOMIQUES Connus depuis la plus haute Antiquité, les mouvements des astres ne sont en fait cycliques que vus de la Terre, pour des laps de temps relativement courts et à condition de négliger de nombreuses perturbations les éphémérides de tous les corps du système solaire doivent être révisées de temps en temps ; la précession des équinoxes modifie sans cesse l’aspect du ciel, la durée des saisons et peut-être aussi les climats..., Le système terrestre - Les cycles extraterrestres Copernic, Kepler et Newton ont expliqué comment et pourquoi les mouvements des corps du système solaire nous paraissent cycliques ; avant eux et malgré Épicure, leur belle régularité apparente a été à la source de l’irrationnel dont souffre encore la prospective du risque naturel ». Les comètes et les astéroïdes se montrent à nous à peu près régulièrement et bombardent la Terre de météorites quand leurs orbites croisent la sienne. Les éclipses de Lune sont de beaux spectacles assez fréquents et partout visibles ; celles de Soleil moins fréquentes et beaucoup plus localisées déplacent les foules ou les passionnés selon les endroits d’où on pourra les voir ; le cycle lunaire gouverne celui des marées, peut-être aussi quelques cycles biologiques et influencerait plus ou moins le temps... - Les cycles de la Terre La Terre tourne sur elle-même et autour du Soleil, par définition en 24 heures et en un an ; elle ne le fait pas aussi régulièrement qu’il parait ces cycles courts sont plus ou moins perturbés par des cycles longs, variations de l’excentricité de l’orbite de période ≈ 100 000 ans, variations de l’inclinaison de l’axe sur l’écliptique, l’obliquité, de période ≈ 40 000 ans, rotation conique de l’axe qui produit la précession des équinoxes, la plus irrégulière des trois puisque ses périodes » varient de 13 000 à 25 000 ans... cf. Courts comme longs, tous ces cycles régissent plus ou moins les climats et le temps qu’il fait comme celui qui passe. - LE CYCLE GÉOLOGIQUE L’enchaînement des phases interne d’orogenèse, surrection, et externe d’érosion, altération, ablation, transport, de sédimentation et de diagenèse, constitue un cycle géologique dont la durée se mesure en dizaines voire centaines de millions d’années ; en France métropolitaine, on observe les effets de quatre d’entre eux, cadomien, calédonien, hercynien et alpin, les deux premiers avec difficulté ; nous assistons à l’achèvement de l’orogenèse alpine, première phase du cycle en cours. Le cycle géologique est le modèle schématique du comportement du système terrestre selon lequel, depuis l’origine de la Terre, des reliefs se créent et se détruisent incessamment à la surface du globe. C’est aussi une belle illustration du mythe de Sisyphe ; les entrailles de la Terre épuisent leur énergie à remonter des rochers que la gravité fait inéluctablement redescendre ; les planètes mortes sont les preuves que ce petit jeu n’a qu’un temps. Cette conception de l’évolution du système terrestre a été proposée par Hutton dès la fin du XVIIe siècle ; Lyell l’a systématisée ; d’autres l’ont sacralisée. Les géomorphologues structuralistes la considèrent maintenant comme archaïque, à cause de son aspect anthropomorphe ; pourtant, il faut bien considérer comme une histoire l’enchaînement des phases d’un cycle géologique dont le personnage central, le relief, a un début, une vie et une fin, comme nous. Ce cycle n’est évidemment pas périodique au sens mathématique ; ceux qui se sont succédé depuis l’origine n’ont pas eu la même durée ni la même histoire et l’état du système terrestre au début d’un cycle n’est jamais le même qu’à la fin le supercontinent de la Pangée issu de l’orogenèse hercynienne, qui a commencé à se fragmenter à la fin du, 1 – Des risques de toutes natures Permien était totalement différent de celui issu de l’orogenèse calédonienne qui a commencé à se fragmenter à la fin de l’Ordovicien, comme le supercontinent qu’est en train de construire l’orogenèse alpine sera sûrement très différent de la Pangée et de ce que nous pouvons sinon prévoir, du moins imaginer ; certains événements qui jalonnent un cycle sont analogues, jamais identiques ; les phases n’y ont pas été strictement distinctes et enchaînées mais y sont plus ou moins simultanées ; le relief commence à se détruire avant que sa surrection soit terminée et le cycle suivant débute avant que le précédent soit achevé ; l’évaporation est continue sur l’océan mais la pluie ou la neige tombe de façon intermittente aussi bien sur le continent que sur l’océan ou sur l’inlandsis ; le régime de la rivière caractérisé par son débit moyen, ses crues et ses étiages, varie selon les conditions climatiques régionales et atmosphériques locales... – Géodynamique interne la production des reliefs Le comportement interne, souterrain, du système terrestre résulte en majeure partie de la dissipation de l’énergie que libère le matériau profond, nucléaire du matériau lui-même et gravitationnelle accumulée lors de la période d’accrétion de la Terre en formation ; il régit l’orogenèse, surrection discontinue de reliefs successifs, les chaînes de montagnes qui ont peu à peu construit les continents par juxtaposition. L’orogenèse est maintenant modélisée de façon particulièrement efficace par la théorie de la tectonique globale ou des plaques. On ne peut évoquer ici que les grandes lignes de cette théorie dont les détails et même le vocabulaire ne sont pas fixés au début du cycle de tectonique des plaques, la majeure partie des terres émergées est rassemblée en un supercontinent ; au cours du déplacement de ce dernier, des fractures s’y développent par divers processus très hypothétiques, panaches volcaniques, météorites... ; elles s’élargissent peu à peu et deviennent des océans qui séparent de plus en plus les morceaux du supercontinent devenus des continents autonomes ; puis certaines limites océan/continent rompent et les plaques océaniques s’enfoncent sous les plaques continentales ; quand les plaques océaniques se sont entièrement enfoncées, les continents forment un nouveau supercontinent qui ne va pas tarder à se rompre... On connaît en gros le moteur thermique interne qui anime tout cela, mais on est tout à fait incapable d’expliquer et a fortiori de prévoir ces déplacements de plaques qui ont l’apparence de lents mouvements browniens ; à court terme, si l’on peut dire, ils paraissent effectivement ne pas en être, car les positions actuelles des plaques dépendent manifestement de leurs positions antérieures et des directions apparemment constantes des mouvements qui les animent ; à long terme, c’est moins évident l’ouverture de l’Atlantique n’était sans doute pas inscrite dans le passé de la Pangée, dernier des supercontinents qui a commencé à se rompre ilyaenviron 200 Ma millions d’années ; personne ne sait si l’ouverture de la mer Rouge qui a débuté ilyaenviron 3 Ma se poursuivra jusqu’à créer un nouveau grand océan entre l’Afrique et l’Arabie., Le système terrestre Figure - Géodynamique interne Au cours de leurs déplacements, les plaques surmontent parfois des points chauds, panaches isolés de magma profond qui les perforent ; si la plaque est océanique et libre comme à Hawaii, ils produisent des volcans basaltiques alignés dans le sens du déplacement ; si la plaque est continentale et en extension, des alignements de points chauds se forment sous des zones de fractures qui peuvent s’effondrer en rifts associés à des volcans andésitiques comme dans le Massif central. Si l’extension et l’afflux de magma persistent, le rift peut évoluer vers un nouvel océan comme semble le faire la mer Rouge. De la lithosphère basaltique se crée en continu dans l’axe des dorsales médio- océaniques jalonnées de volcans actifs comme l’Islande, Tristan-da-Cunha, Amsterdam... Fig. Cette création entraîne l’écartement de plaques semi-rigides qui constituent le puzzle mouvant de l’écorce terrestre et portent les continents. Puisque le diamètre du globe n’augmente apparemment pas, il se détruit autant de lithosphère qu’il s’en crée, soit dans des zones de subduction, enfoncement d’une plaque sous une autre, d’abord soulignées par un arc d’îles volcaniques andésitiques parallèle à la suture comme celui des Antilles, puis par une chaîne de montagne comme les Andes et enfin par une zone d’obduction, chevauchement d’une plaque par une autre, aboutissant à l’écrasement d’un océan entre les deux plaques, ce qui édifie une chaîne de montagne d’un autre type comme celle des Alpes, entre l’Europe et l’Apulie, digitation de l’Afrique. Deux plaques peuvent être en contact actif sans que se crée ni se détruise de croûte ; elles coulissent alors le long de failles transformantes comme la faille nord-anatolienne cf. ou celle de San Andreas en Californie. Outre les déplacements de plaques, mesurables mais insensibles à l’échelle de temps humains, le comportement interne du système terrestre se manifeste en surface par les séismes et les éruptions volcaniques, événements naturels des plus dangereux. - Géodynamique externe la destruction des reliefs Le comportement externe, superficiel, du système terrestre est en grande partie déterminé par l’énergie que le Soleil lui dispense à travers l’atmosphère, selon la position et l’inclinaison du globe sur l’écliptique les climats et le temps, particulièrement variés et extrêmement instables, associés à la gravité monotone et stable, ont un rôle déterminant dans la destruction incessante, l’érosion du relief continental qui se pénéplanise progressivement. L’érosion commence dès que les reliefs émergent et se trouvent affrontés à l’atmosphère ; à son début, elle se superpose donc à leur production., 1 – Des risques de toutes natures Figure - Géodynamique externe L’altération physico-chimique affecte les minéraux des roches, préparant ces dernières à l’érosion en les désagrégeant. L’ablation, accessoirement chimique sur des roches plus ou moins solubles dans l’eau comme le gypse ou le calcaire, est plus généralement mécanique, régie par la gravité associée à un autre agent comme le ruissellement, le vent, la glace, la mer littorale ou même profonde les phénomènes spécifiques sont les mouvements de terrain terrestres, reptations, glissements, éboulements, écroulements, effondrements, ou marins, courants de turbidité... Le transport plus ou moins long d’éléments plus ou moins volumineux selon l’état de fragmentation et l’agent, les amène plus ou moins rapidement dans des zones de calme plus ou moins durable où ils sédimentent. À mesure qu’ils sédimentent, les amas généralement stratifiés de façon plus ou moins horizontale qu’ils constituent, se compactent sous l’effet de la gravité, essentiellement par expulsion d’eau, et au bout d’un temps très long, peuvent atteindre le stade de roche sédimentaire par la diagenèse. Selon les lieux et les circonstances, tous ces phénomènes sont susceptibles d’être des facteurs de risques naturels » ; on rattache entre autres les glissements et les écroulements à l’érosion, certaines subsidences et les tassements à la diagenèse que la géomécanique appelle consolidation. - LES CYCLES ATMOSPHÉRIQUES Les états global et local de l’atmosphère actuelle dépendent des cycles terrestres courts, annuel pour les saisons, deux ou quatre selon la latitude, mensuel à journalier pour les météores. À l’échelle du temps humain ils paraissent à peu près réguliers ; aux échelles de la géologie, de l’archéologie et même de l’histoire, les zones climatiques et les climats types ne le sont pas l’atmosphère est de très loin le sous-système le plus instable du système terrestre, et c’est en grande partie pour en comprendre l’évolution à court comme à long terme que la théorie du chaos à été développée. - LE CYCLE DE L’EAU Conditionné par les climats et le temps, le cycle de l’eau dont la durée est pluriannuelle à pluricentennale, provoque et entretient en grande partie la destruction des reliefs. Très schématiquement, il débute par l’évaporation, en majeure partie océanique ; sur les continents, les précipitations, rosée, pluie, neige alimentent les eaux de surface dont la majeure partie retourne directement à l’océan par les fleuves ; une autre partie s’infiltre, alimente les nappes souterraines dans les roches perméables et au bout d’un parcours plus ou moins long, surgit pour rejoindre les eaux de surface., Le système terrestre Figure - Le cycle de l’eau - LES PHÉNOMÈNES NATURELS Les phénomènes naturels dont certains événements sont des facteurs de risques naturels » ont tous au moins un caractère commun, leur évolution entraînant une série de transformations successives affectant plus ou moins le système terrestre, en partie ou en totalité. L’évolution de n’importe quel phénomène naturel dépend d’un nombre plus ou moins grand de facteurs que l’on est généralement loin de connaître tous et dont on ignore souvent l’importance relative. Ces facteurs résultent d’évolutions spécifiques de phénomènes secondaires indépendants, moins complexes que lui, mais ils sont très rarement simples ; ils évoluent eux-mêmes indépendamment les uns des autres ; ils ont des hauts et des bas, des paliers, leurs intervalles de monotonie sont plus ou moins longs, leurs changements de tendances sont brusques ou lents. Le phénomène dont ils sont les éléments est en stase quand tous le sont aussi, ce qui est très peu fréquent, plus ou moins intense quand au moins l’un d’entre eux évolue, et à son paroxysme quand ils sont tous à leur maximum, ce qui peut n’arriver que très rarement. En fait, rien n’est aussi simple ; les événements qui animent le système terrestre et jalonnent son évolution, ou ses éléments de niveaux inférieurs sont, quelle que soit l’échelle à laquelle on les observe, uniques, spécifiques d’un lieu et d’une époque, imbriqués, interdépendants, co-influents. Ils font partie de l’évolution normale de systèmes complexes structurés, et ainsi, ne sont pas aléatoires mais chaotiques, c'est-à-dire qu’ils sont régis par le hasard et la nécessité ; la nécessité contrôle l’évolution et lui impose une tendance générale plus ou moins proche de la stabilité selon le type de phénomène, l’inertie du système est convenable et/ou les flux entrant et sortant s’équilibrent et/ou l’effet de la réaction à une variation perturbatrice s’oppose au sien et/ou les réactions de deux sous-systèmes s’annihilent... Si le hasard perturbe plus ou moins ceci et/ou cela en y introduisant un grain de sable, de fantaisie, le système se dérègle, éventuellement s’emballe, parfois jusqu’au cataclysme. Le régime de la plupart des rivières du monde est bien connu, quel que soit le niveau culturel des riverains ; sa connaissance est en effet liée à l’agriculture, activité collective de base de l’homme, l’une des plus anciennes, et partout les vallées sont des sites d’occupation privilégiés où la densité humaine est la plus grande ; il est enseigné dès l’école primaire. Les étiages sévères et les fortes crues comptent parmi les grandes, 1 – Des risques de toutes natures catastrophes et sont sans doute les plus fréquentes partout et de tout temps ; on ne connaît donc pas si bien que cela le phénomène naturel le mieux connu puisque l’on ne sait pas le prévoir et en prévenir les effets efficacement. La raison réside dans la multiplicité et la diversité des phénomènes en jeu et dans la difficulté d’en préciser les relations d’influence on peut considérer avec prudence comme immuable, à l’échelle du siècle, la morphologie du bassin versant ; dans ce bassin, la part du ruissellement, de l’absorption et de l’évaporation, la végétation, le climat... sont des phénomènes à évolutions lentes, plus ou moins liées mais asynchrones ; le nombre, l’intensité, la durée, le volume, la répartition des précipitations au cours d’une période donnée, sont des paramètres dont les évolutions rapides sont pratiquement aléatoires pour s’en convaincre, il suffit d’écouter les bulletins météorologiques puis de comparer les observations aux prévisions. Or l’évolution de chacun de ces phénomènes est individuellement assez bien connue ; ce que l’on ne connaît pas, c’est la part de chacun dans l’évolution du régime et ce que l’on ne sait pas faire, c’est la combinaison raisonnée de l’évolution de chacun d’eux. À très court terme, les orages violents et les longues périodes de pluies persistantes sont les facteurs apparemment les plus influents du régime d’un cours d’eau ; les météorologistes effectuent à peu près partout sur le globe des mesures quasi continues de température, pression, humidité, vent..., exploitent les photographies satellites, utilisent les ordinateurs les plus puissants dont on dispose actuellement pour prévoir le temps et donc, entre autres, les précipitations ; on ne peut pas vanter la précision des résultats qu’ils obtiennent. Si donc on n’est pas plus avancé que cela dans la connaissance de l’évolution du phénomène naturel le plus connu et l’un des plus dangereux pour l’homme, que dire de celle des autres ? À partir de l’historique fiable d’un phénomène à un endroit donné, on peut, dans les limites de cet historique et de cet endroit, se représenter son évolution en estimant les fréquences d’événements d’intensités données ; on suppute alors plus ou moins qu’ilyad’autant moins de chances de voir se produire une certaine intensité qu’elle est plus forte, et qu’ilyad’autant plus de chances d’observer une intensité plus forte que la période d’observation est plus longue. Ce n’est pas grand-chose et on n’en est même pas certain ; c’est déjà beaucoup et on ne peut pas faire mieux. On peut illustrer ce type d’évolution stochastique par celui d’un phénomène météorologique particulièrement bien connu, la variation de la pression atmosphérique, tant locale que globale ; elle est mesurée en permanence et abondamment publiée, partout dans le monde, depuis plus de deux siècles, tant par des professionnels que des particuliers ; on dispose ainsi de très longues séries d’observations qui en permettent l’exploitation statistique satisfaisante, situation quasi unique en matière de phénomène naturel. Ses variations de tous ordres sont très rapides et donc observables et significatives à l’échelle du temps humain ; à un instant donné, elle varie d’un endroit à un autre, de façon continue et assez cohérente pour qu’on puisse la figurer sur une carte d’isobares présentant des creux, des replats et des bosses, dépressions, thalwegs, marais, anticyclones... ; à un endroit donné, elle varie continuellement dans d’assez larges limites, avec des minimums, des paliers et des maximums journaliers, hebdomadaires, mensuels, saisonniers, annuels... qui pourtant ne sont jamais strictement cycliques. Les enregistrements barométriques montrent très bien cela et peuvent être considérés comme des modèles réduits d’enregistrements des variations dans le temps des autres phénomènes naturels, impossibles à faire eu égard à la lenteur de leurs évolutions. Il n’est, Le système terrestre malheureusement pas possible de les extrapoler Lorenz a montré que même à très court terme, on ne peut, au mieux, discerner que des tendances dans l’évolution des paramètres météorologiques ; au départ, les renversements de tendances ne sont jamais très caractéristiques et par la suite, ils peuvent s’affirmer ou s’annihiler, rendant toute prévision contingente. Figure - Évolution d’un phénomène naturel C’est du reste un caractère constant de tout ce qui évolue les courbes de tendance de la Bourse trompent régulièrement les naïfs qui les exploitent. Dans le cours normal des phénomènes naturels, tendance moyenne plus ou moins proche de la stase, les événements intempestifs générateurs éventuels d’accidents sont spécifiques et contingents ; cette tendance ne renseigne donc pas sur le risque de leur manifestation ; des événements plus modérés que l’on appelle précurseurs se produiront-ils ? où et quand ? à quelle distance spacio-temporelle du paroxysme ? On peut expliquer a posteriori un événement et ce qui l’a provoqué et éventuellement annoncé, mais on ne peut pas discerner dans la tendance la situation qui en provoquera un autre analogue. - LES PHÉNOMÈNES NATURELS DANGEREUX » Classer, décrire et étudier n’importe quel phénomène naturel n’est pas simple, car jamais isolé, son évolution est rarement spécifique ; elle est toujours plus ou moins influencée par celles d’autres phénomènes, pas forcément proches une chute de grosse météorite ou une violente éruption volcanique peut durablement troubler le climat terrestre ; un séisme, une tempête littorale, de fortes précipitations... peuvent provoquer des mouvements de terrain... Cela devient inextricable si on amalgame aléa et vulnérabilité, car, intrinsèquement, pas plus que les risques et les catastrophes sont naturels, que certains sols sont vicieux, certains phénomènes naturels sont dangereux dans certaines circonstances qui ne dépendent que de nous, certains événements naturels sont plus ou moins dangereux pour les personnes et/ou les ouvrages vulnérables qui y sont exposés ; d’autres événements de nature et d’intensité analogues le sont peu ou même ne le sont pas, parce que ceux qui y sont exposés sont efficacement préparés et protégés, ou parce qu’il n’y a rien là où ils se produisent., 1 – Des risques de toutes natures On peut classer, décrire et étudier les phénomènes naturels susceptibles d’être dangereux en ne distinguant pas comme on le fait habituellement, les événements implacables qui affecteraient des personnes et des ouvrages passifs, là par inadvertance, de ceux qui affecteraient des ouvrages, facteurs actifs de leurs propres dommages un pont enlevé lors d’une crue l’a-t-il été inévitablement par l’effet propre de l’événement ou parce que le tirant d’air du pont était insuffisant, ses fondations mal assurées, le lit de la rivière surcreusé par une exploitation de grave en aval ? Leffet est bien le même, seul le point de vue change. Pourquoi le séisme a abattu cet immeuble et a épargné cet autre ? L’événement était le même, mais la vulnérabilité des immeubles ne l’était pas l’un était très fragile et l’autre était bien construit. - LES CHUTES DE MÉTÉORITES En plus de la lumière et de la chaleur, le système solaire envoie des météorites sur la Terre. Il peut se produire de telles chutes partout, n’importe quand, de n’importe quel volume ; elles seront sans doute toujours imprévisibles. - LES PHÉNOMÈNES D’ORIGINE INTERNE Les effets superficiels des mouvements lents, 1 à 20 cm/an, mais continus des plaques lithosphériques sont les éruptions volcaniques et les séismes ; ils se produisent essentiellement sur les marges actives des plaques comme à la périphérie du Pacifique qui sont donc des bassins de risques telluriques importants. - Éruptions volcaniques Environ cinq cents volcans localisés à proximité immédiate d’endroits très particuliers de la lithosphère tant océanique que continentale sont le siège d’éruptions plus ou moins violentes ; ces éruptions sont des aléas très spécifiques, relativement rares même près de volcans actifs, impossibles à expérimenter. - Séismes On appelle séismes les vibrations terrestres naturelles, mais il est très facile d’en produire lors d’expériences nucléaires ou de violentes explosions, évidemment très localisées, en effectuant des terrassements rocheux ainsi que d’autres travaux et ouvrages dont certains effets entraînent des modifications plus ou moins importantes des contraintes naturelles du sous-sol, exploitations et travaux souterrains, mises en eau de barrages, machines fixes ou roulantes... - Tsunamis Ce sont des ondes isolées du large qui s’amplifient démesurément à l’approche des côtes et pénètrent souvent très loin du rivage, provoquant alors des dommages bien plus considérables que les tempêtes ; ils sont produits par des phénomènes affectant les fonds marins, séismes, explosions volcaniques ou effondrements de caldeiras, mouvements de pentes de rivages ou de bords de talus continentaux, courants de turbidité..., Le système terrestre - LES PHÉNOMÈNES ATMOSPHÉRIQUES Les événements atmosphériques, cyclones, tempêtes, tornades... et les événements naturels qui en sont les sous-produits, inondations, mouvements de terrains... sont les aléas les mieux connus et les plus suivis car ils concernent partout toutes les activités humaines de base et évoluées, agriculture, pêche, navigation, industrie, loisir... quel temps fera-t-il demain, pour le week-end, pour les vacances ? le prochain hiver sera-t-il froid et humide, doux et humide, froid et sec ? le prochain printemps sera-t-il pluvieux ou sec ? ... On ne sait pas répondre à ces questions les paramètres qui régissent l’évolution des phénomènes atmosphériques sont extrêmement nombreux ; ils varient très rapidement de façon apparemment aléatoire, en fait chaotique ; ils sont loin d’être tous connus. - Les phénomènes climatiques Les phénomènes climatiques glaciations, eustatisme, sécheresse... affectent une partie voire l’ensemble du globe pour des durées qui dépassent largement le temps humain et même historique. Ils paraissent en partie régis par les cycles longs de la Terre, excentricité, obliquité, précession des équinoxes,... mais aussi par des événements aléatoires de courtes ou de longues durées, chutes de météorites, éruptions volcaniques, orogenèses... - Les phénomènes météorologiques Les phénomènes météorologiques, moussons, cyclones, tornades, orages, enneigement puis fonte des neiges... n’affectent jamais l’ensemble du globe et n’ont pas des effets aussi radicaux et durables que ceux liés au climat. Ils sont plus ou moins saisonniers mais pas strictement réguliers ; il s’en produit d'intempestifs hors saison. Ils sont régis par les cycles terrestres courts et par les interactions continents/océans/atmosphère. - PHÉNOMÈNES LIÉS AUX CONDITIONS ATMOSPHÉRIQUES Les inondations, les crues, les tempêtes littorales, les avalanches..., ainsi que, dans une large mesure la plupart des mouvements de terrain, sont des conséquences régionales et/ou locales de cyclones, orages, pluies persistantes, fontes de neige... - Inondations, crues, tempêtes littorales Associés à la gravité, ces phénomènes provoquent et entretiennent l’érosion, le transport et la sédimentation à l’échelle régionale, et des déplacements de lits, de côtes, des modifications de paysages... à l’échelle locale ; ils ruinent parfois les ouvrages riverains et ceux construits pour s’en prémunir, comme les digues, ce qui peut accentuer leurs effets jusqu’à d’amples catastrophes. - Avalanches En montagne, les avalanches sont des aléas naturels extrêmement fréquents et souvent très graves. Elles se produisent dans des zones prédisposées par la topographie et l’exposition, notamment lors d’un redoux suivant rapidement une chute abondante, par surcharge de, 1 – Des risques de toutes natures chutes successives sur de fortes pentes, sous l’effet de vibrations dues au vent, à une chute de bloc de glace ou rocheux, au passage d’un animal ou d’un homme, lors de la fonte... - LES MOUVEMENTS DE TERRAIN Ce sont les effets de la gravité sur le matériau terrestre, associée à des événements déclencheurs, séismes, fortes précipitations, excavations naturelles ou artificielles... - Mouvements de pente Tant par leurs localisations quasi globales que par le nombre et la variété de leurs formes, de leurs manifestations et de leurs effets les mouvements de pente constituent la classe la plus vaste d’aléas. Ce sont des mouvements obliques qui affectent les pentes tant naturelles qu’artificielles, écroulements, glissements, coulées... ; partout où ilyaune pente de la surface topographique, naturelle ou artificielle, on peut être sûr qu’à plus ou moins long terme, elle se modifiera pour s’amoindrir, de façon continue ou épisodique, imperceptible ou intempestive. Un talus, un coteau, une paroi, un versant... peuvent demeurer très longtemps stables puis glisser ou s’écrouler à la suite de séismes, de fortes précipitations, de redoux, du dégel, de crues, de tempêtes littorales... À l’exception de certains de ceux provoqués par les séismes ou les terrassements mal étudiés et/ou mal exécutés, qui peuvent n’avoir que des causes purement mécaniques, la plupart des mouvements de terrains sont donc des phénomènes liés au temps ; l’oublier, les étudier et les contrôler du seul point de vue mécanique ne peut conduire qu’à de graves déboires. - Mouvements verticaux Les affaissements, effondrements, poinçonnements, tassements... sont aussi des mouvements naturels ou provoqués ; naturels, ils résultent de la consolidation progressive de sédiments, sous l’effet de leur propre poids, à laquelle s’ajoute parfois la subsidence, d’effondrements de voûtes de cavités de formations karstiques, gypseuses... Ils peuvent être provoqués soit par surcharge locale de la surface du sol, comme celle résultant de la construction d’un ouvrage, soit par extraction de matériau du sous-sol, comme lors de l’exploitation de pétrole, d’eau, de matériaux, de minerai, la construction de galeries... - L’ACTIVITÉ HUMAINE Même quand elle est bénéfique, l’activité humaine a bien des effets pervers on ne saurait penser à tout. Les innombrables activités, aménagements et ouvrages humains, presque tout ce qui se creuse, construit, exploite ou rejette partout dans le monde sont concernés par des risques, une région par un séisme, une ville par une inondation, une nappe d’eau souterraine par une pollution, les environs d’une carrière par un tir intempestif, une galerie par un éboulement, un immeuble par un tassement excessif... Ils peuvent subir les effets dommageables de phénomènes auxquels ils sont étrangers, éruption volcanique, glissement de terrain... aggraver ou déclencher le phénomène qui les endommage, éboulement de paroi de fouille, poinçonnement de fondation... Dans les deux cas, les phénomènes, évidemment naturels, sont les mêmes et les dommages susceptibles d’affecter les ouvrages ont des formes analogues ; ils dépendent de la façon dont ils ont été, Le système terrestre étudiés, construits et entretenus. Les mêmes causes ultimes provoquent un glissement dans la nature ou sur un chantier de terrassement ; les mêmes particularités de structure rendent un immeuble apte à subir sans grand dommage, un séisme, un mouvement naturel de terrain, un tassement qu’il provoque... L’activité humaine est évidemment à l’origine des pollutions, quelles qu’elles soient et quel milieu qu’elles touchent ; mais celles qui affectent le sol et le sous-sol, ont une influence géotechnique incontestable, notamment sur la qualité des eaux souterraines qui les concentrent et les véhiculent ; les parades et les traitements ressortissent en grande partie à l’hydrogéologie. Il en va de même pour le stockage des déchets et en particulier pour ceux qui sont quasi indestructibles ou qui ont une très longue durée de vie ; la fiabilité à long terme de certains stockages est loin d’être assurée. Les effets pervers de certains aménagements et pratiques, les comportements et décisions aberrants en temps de crise sont des conséquences moins connues mais tout aussi dangereuses de l’activité humaine. Aussi insolite que cela puisse paraître, il semble donc normal de considérer l’activité humaine comme une source d’aléas. - LE PARADOXE DU RISQUE NATUREL » Le système terrestre est très complexe, mais il n’est pas désordonné et son comportement n’est pas erratique ; il n’y a pas n’importe quoi n’importe où, il ne s’y passe pas n’importe quoi n’importe où, n’importe quand et n’importe comment. Les risques naturels » sont donc étroitement localisés et, assez paradoxalement, les aléas sont en grande partie déterminés et plus ou moins prévisibles ; si, à un certain endroit et dans certaines circonstances, l’un d’entre eux paraît possible, l’événement se produira à peu près sûrement dans un délai que l’on peut en principe estimer par sa probabilité, mais parmi toutes les situations imaginables, la probabilité de celles susceptibles d’être très dommageables est relativement faible. La probabilité de réalisation d’un risque naturel » nous paraît donc à peu près déterminée à plus ou moins long terme et pratiquement indéterminée à court terme ; ce paradoxe peut être atténué en considérant d’abord que l’évolution du bassin de risque, sous-système du système terrestre, est modélisable de façon autonome si on lui attribue des conditions aux limites acceptables, ensuite, si l’on admet, ce qui est probable mais pour le moment indémontrable, que le temps caractéristique du sous-système est très petit à l’échelle humaine mais très grand à l’échelle géologique ; cela voudrait dire que ce qui peut paraître plus ou moins déterminé à l’échelle géologique, ne l’est pas à l’échelle humaine. Et en fait, on sait où et comment se manifeste n’importe quel phénomène naturel, mais on ne sait pas quand il atteindra une intensité éventuellement génératrice d’accident, qui ne sera pas une anomalie dans le cours du phénomène. Cela explique que l’on puisse clairement caractériser un risque naturel » sans que l’on sache le localiser précisément et en prédire ni souvent même en prévoir la réalisation ; on ne peut pratiquement jamais modifier l’évolution d’un phénomène en empêchant la production d’un événement intempestif par une action directe, ni s’en protéger totalement ; par contre, on peut en prévenir les effets après avoir positivement identifié et analysé le risque, établi la probabilité de sa, 1 – Des risques de toutes natures réalisation, prévu ses conséquences, notamment en diminuant la vulnérabilité des aménagements ; mais on préfère toujours s'évertuer à prédire un événement redouté plutôt que se préparer à en subir les effets, parce qu’on a l’arrière pensée irrationnelle qu’il ne se produira jamais. Pourtant, la meilleure sinon la seule façon, toujours possible, nécessaire mais malheureusement pas toujours suffisante de juguler un risque naturel » est la prévention, car si structurellement, la prévision nous est plus ou moins accessible ; la prédiction ne l’est pas. - LES CHUTES DE MÉTÉORITES Les effets esthétiques des arrivées de météorites dans l’atmosphère, les étoiles filantes, sont très fréquents et connus de tous ; on sait moins que leurs chutes sur terre qui s’ensuivent parfois, sont des aléas dont la probabilité est à peu près inconnue, sans doute extrêmement faible mais non négligeable ; en fait, elles ne sont pas si rares que l’on croie. À ce jour, elles semblent ne nous avoir causé que d’insignifiants dommages, mais la chute d’une grosse météorite est sans doute le pire événement naturel qui puisse affecter la Terre les dinosaures ont peut-être été victimes de l’un d’entre eux à la fin du Crétacé. Depuis un quart de siècle, la connaissance du phénomène a énormément progressé, en particulier grâce aux hommes et aux engins qui observent l’espace et qui y vont. Les promenades sur la Lune ont permis de ramener sur Terre des échantillons rocheux, de les dater et ainsi de dater les cratères lunaires après les avoir photographiés et topographiés. Ce sont les effets des impacts de météorites demeurés en l’état depuis leur formation, car en l’absence d’atmosphère, il n’y a pas d’érosion sur la Lune ; on connaît donc maintenant à peu près le mécanisme et l’histoire de ces événements. Ce qui suit fait état de nos connaissances actuelles, sans prétendre être exhaustif, car elles évoluent très vite. - LE PHÉNOMÈNE Selon les lois de la mécanique céleste, le comportement du système solaire est apparemment simple ; en fait, les innombrables objets gros et petits qui gravitent autour du Soleil ont des mouvements réels qui paraissent plus ou moins instables voire chaotiques d’une part, plus ou moins perturbés par les effets thermiques du Soleil, l’accumulation des effets gravitationnels de Jupiter, leurs influences gravitionnelles réciproques, les chocs entre eux..., tous ces objets évoluent dans des plans plus ou moins proches de l’écliptique, sur des orbites plus ou moins elliptiques qui s’allongent parfois brusquement, selon des périodes plus ou moins variables... ; d’autre part, ils sont bien plus nombreux que les trois corps limite de nos moyens de calcul sans le secours de la méthode des perturbations dont les résultats doivent néanmoins être plus ou moins adaptés à l’observation, ce qui avait découragé Newton qui l’a inventée pour préciser le comportement réel de la Lune, mal décrit par ses calculs de base ; enfin, si l’ordinateur a facilité des calculs longs et compliqués, les résultats que l’on en obtient, entachés d’erreurs, Les chutes de météorites systématiques d’autant plus grandes que l’on va dans le futur lointain, sont plus ou moins rapidement chaotiques. Ainsi, la période de Saturne perturbée par Jupiter est incertaine à plusieurs jours près ; les trajectoires des petites planètes comme Pluton ou Mercure, paraissent instables ; pour décrire le mouvement réel de la Terre, on a dû préciser son mouvement newtonien par des composantes annexes comme la rotation des apsides, l’excentricité, l’obliquité, la précession, la nutation... En fait, il faut constamment remettre à jour toutes les éphémérides. Les très petits objets, comètes et astéroïdes qui finissent parfois en météorites, sont évidemment les plus instables. Une chute de météorite est un événement naturel quasi instantané, achevant une histoire qui a commencé dans l’espace ilyaenviron 4,6 Ga milliard d’années, quand le système solaire s’est organisé. Depuis cette époque, des objets de toutes dimensions et de toutes compositions gravitent un peu partout dans le système, à peu près dans le plan de l’écliptique ; entre Mars et Jupiter, ils constituent la Ceinture principale d’astéroïdes à laquelle appartiennent les petites planètes, Cérès, Pallas, Junon, Vesta, Astrée... ; au-delà de Neptune, la ceinture de Kuiper dont fait partie Pluton est le réservoir des comètes à petites périodes, qui ont donc une histoire comme celle de Halley figurant sur la tapisserie de Bayeux, présage » de la bataille de Hasting en 1066 et que les Chinois semblent avoir observée depuis 240 av. ou peut-être dès 466 et même 1057 ; à une à deux années- lumière du soleil, le nuage de Oort serait celui, hypothétique, des comètes à grandes périodes qui nous apparaissent incidemment puis disparaissent peut-être à jamais. Le cours des astéroïdes est plus ou moins instable, car ils ont des influences gravitationnelles réciproques, entrent en collision... Certains acquièrent ainsi des orbites telles que leurs périodes sont dans un rapport simple avec celle de Jupiter, 1/3, 2/5... ; on dit qu’ils entrent en résonance avec elle ; par accumulation de l’effet gravitationnel de cette planète, l’orbite de certains d’entre se déforme de plus en plus, ils changent d’orbite et/ou de période, ils se fragmentent..., leur mouvement devient chaotique. Ceux qui sont ainsi susceptibles de s’approcher de temps en temps de la Terre sont les géocroiseurs, NEA Near Earth Asteroids ou NEO Near Earth Objects. Des phénomènes analogues perturbent le cours de certaines comètes qui peuvent ainsi s’approcher plus ou moins de la Terre. À certains moments, certains objets peuvent s’en approcher assez pour entrer dans son champ de gravitation, ricocher ou tomber sur elle. En commençant à brûler dans la haute atmosphère, vers 150 km d’altitude, ces derniers forment alors les étoiles filantes, parfois en essaims périodiques comme les Taurides en juin, les Perséïdes en août, les Léonides en novembre, les Géminides en décembre... ; la plupart se vaporisent rapidement entre 80 et 60 km, créant des anomalies thermiques qui ont parfois ému la surveillance nucléaire. Ceux qui arrivent au sol sont les météorites, pour la plupart issues de la Ceinture principale d’astéroïdes. La traversée de l’atmosphère terrestre est une rude épreuve pour les objets qui la tentent ; peu d’entre eux y parviennent jusqu’au bout ; tous ceux-là y laissent des plumes par ablation et fragmentation, heureusement pour nous ! - FORMES ET COMPORTEMENTS Selon sa nature pierreuse, métallique ou un peu des deux, sa masse de quelques grammes à des milliards de tonnes, sa vitesse relative de 10 à 70 km/s 40 ± 30, son angle, 1 – Des risques de toutes natures d’incidence... l’objet qui pénètre dans l’atmosphère peut entièrement y brûler, exploser à haute altitude et produire des fragments de toutes tailles qui eux-mêmes brûlent en totalité ou en partie, exploser à basse altitude, atteindre à peu près intact la géosphère... Les plus dangereux sont évidemment ceux qui explosent à basse altitude et ceux qui atteignent la terre ferme, les météorites, petites ou grandes ; on a cependant la quasi- preuve que de gigantesques météorites tombées en mer ont eu des effets catastrophiques à l’échelle planétaire. Les plus petits objets, pierreux ou métalliques, perdent pratiquement toute leur énergie cinétique extraterrestre dans l’atmosphère et tombent en chute libre, comme de vulgaires pierres ; leur vitesse finale est de1à3km/s et leur énergie en fin de course est relativement peu élevée la plupart s’enfoncent d’à peine un mètre dans des sols peu consistants ; leurs impacts sont locaux et les dégâts qu’ils occasionnent éventuellement sont limités à la zone de chute. De façon à peu près analogue, ceux qui se sont fragmentés dans l’atmosphère font pleuvoir des blocs et des pierres sur des surfaces elliptiques plus ou moins grandes en 1969 à Allende, au Mexique, des milliers de fragments dont les plus gros atteignaient la centaine de kilogrammes, se sont répartis sur une ellipse d’environ 50 × 10 km. Les plus gros, presque toujours métalliques, ne sont pratiquement pas ralentis ; leur vitesse finale dépasse donc toujours 10 km/s ; leur énergie cinétique considérable se transforme au choc en énergie thermique et mécanique ; ils produisent des ondes de choc terrestres et atmosphériques, des flashes lumineux ; à plus de 10 000 degrés, ils métamorphisent les roches percutées, creusent des cratères plus ou moins grands, les astroblèmes, achèvent de se volatiliser en dévastant d’immenses zones et en saturant l’atmosphère de poussières jusqu’à modifier plus ou moins longtemps le climat local ou global... Certains ont ainsi provoqué les pires des cataclysmes quasi instantanés qu’a subi la Terre, enchaînements d’effets secondaires suivant le choc lui-même, violents séismes, énormes et durables éruptions volcaniques, gigantesques tsunamis, incendies généraux saturant l’atmosphère de particules, fumées et gaz, obscurcissant la Terre, provoquant des pluies acides, accroissant l’effet de serre, perturbant lourdement et durablement la physico-chimie de l’océan... ; seul, le volcanisme de trapps pourrait avoir eu des effets analogues, mais avec des durées incomparablement plus longues. L’extinction en masse de la limite Crétacé/Éocène a vu entre autres, la disparition des dinosaures ; elle est généralement attribuée à la gigantesque météorite qui aurait creusé le plus grand astroblème repéré à ce jour, le cratère-fantôme de Chicxulub au Yucatán, plus de 200 km de diamètre, 65 Ma, associé à un immense champ de tectites s’étendant au delà des grandes Antilles ; on suppose que les poussières qui en étaient issues contenaient de l’iridium ; il y en aurait aussi dans des sédiments répartis sur l’ensemble du globe, au toit du Maestrichtien, ce qui montrerait l’extension planétaire de l’événement, par l’intermédiaire de l’atmosphère. On aurait trouvé un autre astroblème dans l’océan Indien, à peu près contemporain, deux à trois fois plus grand ; il serait coupé en deux par la dorsale de Carlsberg, actuellement une moitié vers Bombay, l’autre vers les Seychelles ; on lui attribuerait le déclenchement de l’extraordinaire volcanisme des trapps du Deccan qui, en quelque 500 000 ans, a déposé environ 2 000 m d’épaisseur de basalte sur environ 500 000 km², à peu près la superficie de la France ; en lui affectant conjointement la fin des dinosaures, on réaliserait une belle synthèse des deux théories concurrentes de l’extinction, météorite et/ou volcanisme ; la théorie du déclenchement du volcanisme du, Les chutes de météorites Deccan par l’effet de l’onde de choc aux antipodes, proposée par certains géophysiciens, paraît peu probable en raison de la position incompatible de l’Inde à l’époque de l’événement. Figure - Chicxulub On dit également que la fragmentation de la Pangée aurait été déclenchée par l’impact d’une gigantesque météorite, tombée quelque part au sud du vieux continent ou au NW de l’Australie, à la fin du Permien, vers 250 Ma ; mais à cette époque, il y eut aussi le plus grand volcanisme de trapps connu, au NW du plateau central de Sibérie ; on attribue donc aussi son déclenchement à la météorite, et à l’un et/ou à l’autre, la plus grande extinction de masse que la vie terrestre ait subie. On rapproche aussi l’extinction de la fin du Trias aux chutes quasi simultanées des fragments d’une énorme météorite dans ce qui est maintenant le Canada et l’Europe, à Rochechouart entre autres. Pour finir sur le grandiose d’un temps à peu près sûrement révolu, on raconte même que vers la fin de la phase d’accrétion de la Terre, aux débuts du système solaire, au moins deux impacts de météorites géantes auraient, pour l’un, provoqué l’arrachement de la Lune et pour l’autre, l’inclinaison de l’axe de rotation de la Terre sur le plan de l’écliptique, ce à quoi l’on devrait le phénomène des saisons ; il est à peu près certain que de tels objets ne se promènent plus dans le système solaire l’Apocalypse ne se produira pas ainsi. - ÉTUDE Les astronomes, les planétologues et les géologues étudient les météorites pour en tirer des renseignements sur la constitution et l’évolution de l’Univers, du système solaire et de la Terre ; cela leur permet de poser de graves questions existentielles auxquelles ils ne répondent pas plus que ceux qui les ont posées depuis la nuit des temps. Rares sont ceux qui s’intéressent spécifiquement à leurs chutes et aux dangers qu’elles constituent, sinon à écrire par-ci par-là que l’atterrissage d’une énorme météorite produirait un cataclysme inimaginable, pour ajouter tout de suite, afin de rassurer, que la probabilité de l’événement est infime, sans dire pourquoi ni comment ils peuvent l’affirmer., 1 – Des risques de toutes natures Figure a- L’aire d’atterrissage des fragments de la météorite de L’Aigle Le fer dont sont faits quelques rares outils préhistoriques est issu de météorites. La pierre de lune du temple d’Artémis à Ephèse était une météorite ; une autre se trouvait dans le temple solaire de Baal, à Émèse ; Rome en a longtemps vénéré une trouvée en Phrygie et dédiée à Cybèle, censée lui avoir donné la victoire finale sur Carthage ; la pierre angulaire noire de la Kaaba de La Mecque est une météorite ; il y en a aussi une dans le temple japonais de Suga Jinga, tombée à Nagata Kyushu en 961, une autre dans l’église d’Ensisheim, environ 150 kg à l’origine, tombée le 16 novembre 1492 ; il y en a sans doute dans bien d’autres lieux de culte et maintenant dans les musées, comme les fragments de L’Aigle au Muséum d’Histoire Naturelle, la sidérite de 30 t d’Anhighito, tombée ilyaenviron 10 000 ans au Groenland où l’on en a longtemps tiré des outils et des armes, et maintenant devenue new-yorkaise... De tout temps et partout, leur caractère exceptionnel sinon surnaturel et en tous cas extraterrestre n’a donc échappé à personne. On a longtemps admis qu’elles tombaient miraculeusement du ciel et qu’elles étaient des présages ; cela ne convenait évidemment pas aux rationalistes du XVIIIe siècle pour lesquels la mécanique céleste ordonnait strictement le cours des astres ; Lavoisier y voyait les effets de la foudre sur les roches terrestres il avait en effet constaté que la composition chimique de la pierre de Lucé, tombée en 1777, était effectivement la même que celle d’une espèce de grès pyriteux ; Laplace considérait les météorites comme des projections de volcans lunaires. Mais en 1794, Chaldni a établi la nature réelle des météorites après avoir recueilli un grand nombre de témoignages. La description précise par Biot en 1803, de la pluie de deux ou trois milliers de fragments de météorites de 10 kg à 10 g pour un total ramassé de 37 kg, dans, Les chutes de météorites une zone elliptique d’environ 10x6 km au nord de L’Aigle, a clos le débat ; elle a montré, ce qui depuis ne s’est jamais démenti, que, fort logiquement, le grand axe de l’ellipse était dans la direction de la météorite et que le classement des fragments était granulométrique, les plus petits au début de la chute et les plus gros à la fin. Après cela, on a pratiquement oublié ces objets qui ne retenaient l’attention que des musées, des collectionneurs, des entrepreneurs imaginatifs, comme Barringer qui voulait exploiter le fer hypothétique de la météorite pulvérisée de Meteor Crater à Coon Butte dans le désert d’Arizona, astroblème d’environ 1 200 m de diamètre, 180 m de profondeur, 25 000 et des pétrographes un peu marginaux qui s’intéressaient aux impactites et aux tectites. Figure b - Meteor Crater Le cataclysme de la Toungouska pierreuse cf. , environ 1 500 km² de taïga ravagés le 30 juin 1908, a longtemps été considéré comme invraisemblable, puis comme d’origine énigmatique ; son étude scientifique n’est toujours pas achevée. Les explorations lunaires et les sondes martiennes ont remis au goût du jour les astroblèmes ; la thèse des Alvarez a conduit une partie du petit monde des géologues en mal de travaux inédits à chercher des astroblèmes, essentiellement au moyen de photographies de satellites ; ils en ont trouvé un peu partout, de toutes tailles et de tous âges, essentiellement sur les cratons désertiques, Australie, Afrique du Sud... où, comme sur la Lune, ils ont le mieux résisté à l’érosion ; on en serait actuellement à plus de 150, de 0,5 à 200 km de diamètre, âgés de quelques milliers à quelques milliards d’années répartis partout dans le monde. La France a le sien à Rochechoirt, 200 km de diamètre, 200 Ma Fig. Depuis que l’on s’intéresse à elles, on aurait observé un millier de chutes et trouvé près de 3 000 météorites dont la plus grosse ne dépasse pas 100 t. - Moyens Les moyens d’observation des astéroïdes susceptibles de devenir de très grosses météorites, et d’étude de leurs effets se sont multipliés depuis que la Nasa a convaincu le, 1 – Des risques de toutes natures Congress que certains géocroiseurs étaient dangereux et que l’Agence spatiale européenne a fait de même avec la Commission ; ils sont d’abord classiquement terrestres, avec les innombrables observatoires astronomiques professionnels et amateurs, spatiaux, avec les explorations de la Lune, les télescopes satellisés, les sondes d’exploration comme Giotto, Stardust, NEAR Near Earth Asteroids Rendezvous... ; cette dernière est entre autres parvenu en juin 97 à environ 1200 km de Mathilde, astéroïde d’une cinquantaine de kilomètres de diamètre, de forme irrégulière, couvert de cratères d’impacts ; en février 2000, elle a été mise en orbite autour d’Éros et s’y est écrasé en février 2001 après l’avoir cartographié et analysé... On peut maintenant repérer, photographier et calculer les trajectoires des géocroiseurs et de certains objets plus petits à proximité de la Terre ; parallèlement, on utilise les radiotélescopes terrestres en radars d’approche. Au sol, on recherche et on cartographie les astroblèmes au moyen des photographies de satellites et d’avions ; on étudie le métamorphisme d’impact de ceux que l’on peut visiter et on les date par les radioéléments ; la géomorphologie et la pétrographie des régions alentour permettent de se faire une idée de leurs effets lointains... ; la Nasa a même fait des simulations de chutes de modèles réduits de météorites. Des spectateurs chanceux photographient et filment parfois les derniers moments très lumineux d’objets qui vont atterrir ; afin d’essayer de prévoir l’endroit de leur chute, on dispose des réseaux permanents de surveillance pour suivre les débris vagabonds et incontrôlés de satellites accidentés ou en fin de vie qui tombent un peu n’importe où, sans qu’on puisse le préciser, bien que leurs trajectoires finales soient à peu près connues et systématiquement suivies en phase ultime ; cela a permis au passage de calculer avec un succès relatif la trajectoire et le point de chute de quelques météorites. On collecte, pour les étudier, les poussières de micrométéorites dans les boues abyssales et les petites météorites principalement dans les déserts et sur les inlandsis où l’on fait maintenant de la prospection systématique, car l’écoulement de la glace les y concentre localement ; on cartographie les surfaces arrosées par les essaims de fragments que l’on recueille tant comme objets de collection que scientifiques ; on fait évidemment de même avec toutes les météorites trouvées et transportables ; on photographie et on décrit les points d’impacts spectaculaires comme les toits de maisons ou les automobiles... - Résultats On s’appuie sur tout cela et sur pas mal d’imagination pour présenter sérieusement des estimations plus ou moins fantaisistes du diamètre, de la masse, de la vitesse d’impact et donc de l’énergie dissipée, souvent exprimée en nombre de bombes d’Hiroshima, environ 10 kt de TNT, ≈ 1, j, attribués à la météorite pulvérisée qui a creusé l’astroblème étudié et dont on ne sait rien en dehors de cela ; des statistiques aussi fantaisistes proposent des probabilités de chute en fonction des dimensions soit de météorites, soit d’astroblèmes dont on est loin d’avoir fait l’inventaire et qui, de toute façon, ont sans doute presque tous disparus de la surface de la Terre par érosion, sédimentation, subduction... on a avancé sans preuve sérieuse et même avec quelque incohérence, qu’une météorite créerait un astroblème dix à vingt fois supérieur à son diamètre et dévasterait une zone cent fois plus grands que lui ; qu’une météorite d’environ 40 à 100 m de diamètre créerait un astroblème d’environ 1 km de diamètre comme Meteor Crater ;, Les chutes de météorites qu’une météorite d’environ 1 km de diamètre, environ 350 Mt, créerait un astroblème d’environ 20 km de diamètre... ; le diamètre de la météorite de la Toungouska aurait été de 50 à 100 m, environ1à10 Mt, et celui de la météorite de Chicxulub, environ 10 à 15 km, 4 000 Gt. La seule chose dont on soit presque sûr, grâce aux datations de radioactivité sur les échantillons de cratères lunaires qui, eux, sont tous demeurés à peu près intacts, est que, depuis le début des bombardements des deux astres, ilyaplus de 4 Ga, le nombre et le volume des grosses météorites ont décru sans cesse dans d’énormes proportions ; ce serait plutôt rassurant pour nous. Toutefois, le plus récent grand cratère lunaire ne daterait que de 2 Ma et un impact lunaire dont le cratère de 20 km de diamètre serait celui appelé Giordano-Bruno, aurait été observé de la Terre par cinq moines de Canterbury, en juin 1178. La comète SL9 repérée le 23/03/93 par les Schoemaker aurait été captée par Jupiter vers 1929 ; elle se serait alors fragmentée en une vingtaine de morceaux qui ont percuté Jupiter comme on l’avait calculé entre le 16 et le 29 juillet 1994, sous les yeux aidés d’instruments de toute la communauté des astronomes, créant d’énormes astroblèmes et perturbant durablement l’atmosphère et la magnétosphère joviennes. Ainsi, il est clair que les chutes de météorites sont permanentes dans le système solaire, mais la Lune et Jupiter sont peut-être des pièges gravitationnels qui protègent plus ou moins la Terre ; si la météorite de Giordano-Bruno était tombée sur la Terre, nous ne serions peut-être plus là pour en parler ! On a repéré plus d’une centaine de géocroiseurs d’au moins 1 km de diamètre ; Toutasis, constitué de deux fragments d’environ 3 km de diamètre, est passé à environ 3,5 Mkm de la Terre en 1992 ; il paraît susceptible de s’en rapprocher davantage lors de ses passages successifs, environ tous les 4 ans ; le temps caractéristique de ses pérégrinations serait d’un millier d’années ; au-delà, on ne sait donc pas très bien ce qu’il fera. Hermès, moitié plus petit, passerait de temps en temps à moins de 1 Mkm de la Terre ; une dizaine d’autres de taille comparable font à peu près de même. À leur sujet, quelques médias n’hésitent pas à annoncer des frôlements qui ne seraient préoccupants que si leurs prévisions reposaient sur des résultats sérieux d’observations et de calculs en mars 1998, on a ainsi prédit pour octobre 2028 le passage d’un astéroïde de 1,5 km de diamètre à moins de 40 000 km de la Terre, ce qui serait effectivement risqué ; mais quelques jours après, la distance est passée à plusieurs centaines de milliers de kilomètres, très au-delà de l’orbite de la Lune ; ouf ! Ainsi, la précision des observations n’est pas très grande et ne laisserait aucun délai de réaction s’il était possible d’en avoir repéré 12 jours avant, un astéroïde d’environ 300 m de diamètre est passé à 850 000 km de la Terre le 07/01/02 ; un autre d’une soixantaine de mètres de diamètre, n’a été repéré que3à4jours après son passage vers 120 000 km en juin 2002... Ceux qui croient que tout est réglé dans ce monde et ailleurs ont la manie des événements cycliques qui permettraient de tout prévoir sans effort et sans erreur ; c’est évidemment pardonnable quand on regarde le ciel depuis la Terre, ça ne le serait pas si on pouvait regarder la Terre depuis Sirius, ça ne paraît pas l’être quand on la regarde d’ici-bas. Leur vrai bonheur est de montrer une relation entre un événement astronomique cyclique et un événement terrestre marquant ; si l’on ne s’attache pas trop aux détails, c’est à peu près vrai pour le climat annuel. On constate aussi des essaims périodiques d’étoiles filantes et de chutes groupées de petites météorites quand la Terre passe dans des nuages identifiés et, 1 – Des risques de toutes natures localisés de queues de comètes ou sur certaines trajectoires de NEA. Pour extrapoler aux gros objets, on évoque ainsi une période d’une trentaine de millions d’années pour des événements de type Chicxulub, liée au passage périodique du Soleil dans le plan de la Voie lactée où il traverserait un nuage interstellaire dense, ce qui favoriserait les perturbations de trajectoire des astéroïdes et donc accroîtrait le bombardement de la Terre. Il ne semble pourtant pas s’être produit de chute analogue depuis la dernière, ilya65 Ma ; il ne nous reste donc plus qu’à attendre le prochain passage pour valider ou non cette théorie ; mais comme le temps caractéristique du système solaire ne paraît être que de 10 Ma et que, comme l’a ironiquement rappelé Keines, à long terme nous serons tous morts... Les télescopes et les satellites de surveillance ont révélé qu’il arrive bon an mal an dans la haute atmosphère, plusieurs milliers d’objets de l’ordre du kilogramme, un peu plus d’une centaine de l’ordre de la centaine de kilogrammes, mais que la plupart explosent ou se consument avant d’atteindre la géosphère ; le nombre de ceux qui atterrissent serait d’une dizaine par an en moyenne. On est à peu près sûr qu’il n’est rien tombé de comparable à la météorite de Chicxulub depuis environ 65 Ma, mais on connaît plusieurs astroblèmes terrestres de 10 à 20 km de diamètre qui ont moins de 10 Ma d’âge. Les impacts de petites météorites n’ont rien de spectaculaire sauf quand on y assiste, ce qui arrive de temps en temps. Les astroblèmes des grandes sont impressionnants ; d’après les observations lunaires, plus ou moins confirmées sur Terre, on en distingue plusieurs types selon leur diamètre et leur morphologie ; les plus petits, 2à4km de diamètre, ont une forme d’assiette creuse comme Meteor Crater ; les plus grands présentent des structures complexes, avec un fond bombé comme Steinheim en Bavière, parfois entouré de rides concentriques ayant figé l’onde de choc et un pourtour fracturé comme à Rochechouart ; tous sont à peu près circulaires. Peut-être que, comme pour le Déluge à propos de la fin du Würm, la chute d’une très grosse météorite est restée dans la mémoire profonde de l’humanité comme l’Apocalypse. Mais aucune chute connue ne paraît avoir fait de victime humaine et les ravages de la Toungouska n’auraient affecté que des arbres, des rennes et plus ou moins commotionné quelques hommes à une centaine de kilomètres plus au sud, ce qui est pour le moins étonnant. Le Deuxième ange n’a pas sonné ce jour-là ; nous l’avons en dormant, madame, échappé belle. - LE RISQUE Ainsi, selon la dimension de la météorite, sa chute serait un phénomène quasi anodin ou ravageur, toujours de probabilité très faible ; dans les cas extrêmes, la vulnérabilité des aménagements, quels qu’ils soient, serait totale, mais le risque de dommages serait infime. Tout cela n’est pas très sûr ; le très récent cataclysme de la Toungouska auquel on attribue une énergie d’environ 1 000 bombes d’Hiroshima, n’a peut-être ravagé que de la taïga, mais il aurait provoqué la plus grande catastrophe connue, quelle qu’en soit le facteur, s’il s’était produit dans une région d’occupation dense comme le nord de l’Europe occidentale ; à quelques heures près, cela aurait pu arriver entre Saint-Pétersbourg et Bergen. La chute de la météorite d’une soixantaine de tonnes, 2à3mètres de diamètre, dans le désert de Namibie en 1920, aurait fait beaucoup de dégâts si elle s’était produite sur n’importe quelle ville du monde., Les chutes de météorites - SCÉNARIO Le déroulement du scénario de chute est presque immuable, mais pas sa dernière scène qui dépend de l’énergie finale de l’objet et du point d’atterrissage. Une énorme quantité d’astéroïdes de toutes dimensions pénètre dans la haute atmosphère terrestre, mais très peu d’entre eux achèvent leur parcours sur la géosphère. La plupart de ceux qui y arrivent vont à la mer, apparemment sans déclencher de tsunamis parce que trop petits, et parmi les autres, presque tous tombent dans des zones inhabitées, déserts, inlandsis, forêts... ou de faible densité, rase campagne, zones agricoles... Cela résulte de la faible proportion de continents sur le globe, environ 30 %, de la non moins faible proportion d’occupation de ceux-ci, moins de 30 %, et de l’infime proportion des régions très peuplées, moins de 3 %. La plupart des astéroïdes sont très petits, mais de temps en temps, il y en a de gros, de très gros même, et ceux-là finissent leur course presque intacts ou seulement fragmentés. - PROBABILITÉ DE CHUTES Depuis le départ de l’objet de la Ceinture principale des astéroïdes, ou d’ailleurs, jusqu’à son atterrissage éventuel en un point précis du globe, le système dynamique météorite, bien qu’en grande partie régi par les lois de la mécanique céleste, est beaucoup trop complexe et instable pour que l’on puisse imaginer que l’on prévoira un jour quoi que ce soit de précis à son sujet aucune série d’observations ne permet d’établir même statistiquement la période de retour P des chutes de météorites en fonction de leur diamètre D ; on publie néanmoins des tableaux abusivement déterministes qui reposent sur des relations exponentielles inavouées comme P ≈ 0,01*D^2,5 pour les valeurs suivantes, les plus courantes dans les publications médiatiques et même scientifiques une étoile filante toutes les 30 s, une météorite d’environ5mde diamètre Namibie environ tous les ans, ≈ 10 m D ≈ 5 ans P, ≈ 50 m Toungouska ≈ 250 ans, ≈ 100 m Meteor Crater ≈ 20 000 ans, ≈ 500 m Bosumtwi, Ghana ≈ 80 000 ans, ≈ 1 km ≈ 450 000 ans, ≈ 5 km ≈ 25 Ma, ≈ 10 km Chicxulub ≈ 150 Ma... ; on oublie alors que le phénomène est historique et que le système solaire vieillit, de sorte qu’il contient de moins en moins de grosses météorites. On dit aussi qu’il atterrirait sur les continents environ 15 000 météorites d’environ 0,1 kg, 2 500 d’environ 0,5 kg, 200 d’environ 10 kg... et sur des zones peuplées de façon plus ou moins dense, moins de 10 % de tout ce qui traverse l’atmosphère ; la probabilité de dommage par l’impact d’une petite météorite sur un ouvrage humain important est effectivement à peu près nulle, car même dans une grande ville occidentale, ilyaencore beaucoup d’espace libre, comme un bord de rue à Chambéry en 1997... Pour la dernière décennie, on en est au total à trois automobiles plus ou moins endommagées, deux aux USA, une en France, et à guère plus de toitures percées ; pour toute la période historique, il semble qu’aucune personne n'ait été grièvement atteinte, même sous une averse dense de fragments ; la chance, peut-être, le manque d’information plus sûrement ! - VULNÉRABILITÉ Les petites météorites qui arrivent au sol comme des pierres, sans exploser, ne peuvent occasionner que des dégâts limités strictement à la zone d’impact ; s’il s’agissait d’une, 1 – Des risques de toutes natures météorite de 50 t et d’un immeuble de 40 étages entièrement occupé, ce serait néanmoins une vraie catastrophe. Par contre, dans une zone dont la surface serait considérable, rien ne résisterait à l’explosion d’une grosse météorite, une de celles dont on ne retrouve que l’astroblème. Bien que cela n’ait guère de sens, pour donner une idée de l’effet d’un tel événement, on peut indiquer que l’énergie libérée par la météorite évaporée de Fianarantsoa à Madagascar, qui a creusé deux astroblèmes d’environ 200 m de diamètre le 30 juillet 1977, correspondrait à celle de quelques dizaines de bombes d’Hiroshima, celle de Meteor Crater à une ou deux centaines de bombes, celle de la Toungouska à un millier de bombes, celle de Chicxulub à 400 millions de tels engins. Ainsi, les chutes de météorites de moins de 10 m de diamètre ne feraient que des dégâts locaux, celles d’une centaine de mètres feraient des dégâts régionaux, celles de quelques kilomètres feraient des dégâts planétaires, et celles de plus de 10 km détruiraient à peu près tout sur la Terre. - ACTIONS Les études ne peuvent évidemment être réalisées qu’a posteriori, sur les astroblèmes repérés, pour la plupart très anciens ; cela permet seulement d’imaginer une faible partie de ce qui pourrait se passer si une grosse météorite atterrissait. Dans de telles conditions, on ne peut pas envisager d’action réalisable les notions d’information, de prospective, de prudence, de protection, sont des non-sens. D’éventuelles actions directes dont les techniques restent à inventer ont été imaginées pour neutraliser en vol des astéroïdes repérés et considérés on ne sait pas trop par quel moyen comme susceptibles d’être destructeurs déviations et/ou destructions par modification de la vitesse, de la masse, au moyen d’engins moteurs, par impact ou explosion nucléaire... ; elles ressortissent pour le moment à la science-fiction et/ou à la préparation inavouée de guerres des étoiles » ; la masse et l’énergie des NEA sont telles que tout ce que l’on pourrait leur faire serait l’équivalent d’une chiquenaude qui ne troublerait même pas leur trajectoire et aurait des résultats incertains voire dangereux si des fragments arrivaient malgré tout sur Terre. Néanmoins, le Congress puis la Commission européenne ont décidé d’étudier les astéroïdes afin d’essayer de parvenir à les maîtriser Clementine II, vaisseau spatial financé par le Congress, devait avoir rendez-vous avec Toutasis en 1999/2000, le photographier et l’analyser au moyen d’une sonde qui s’y serait posé ; le projet à été arrêté par l’Administration, car il lui paraissait violer le traité sur les missiles antimissiles ; ce n’est sans doute que partie remise. L’Européenne Rosetta a pris le relais en janvier 2003 pour atteindre la comète Wirtanen. Restent les secours ; dans les meilleurs des cas, ils seraient à l’échelle d’accidents assez banals, traités par quelques sauveteurs locaux ; dans les pires des cas, ils seraient au moins à l’échelle d’une guerre mondiale au premier jour de laquelle les deux camps utiliseraient la totalité de leurs arsenaux nucléaires à peu près au même endroit. Mais alors, ce serait la notion de secours qui serait un non-sens., Les éruptions volcaniques - LES ÉRUPTIONS VOLCANIQUES Les éruptions volcaniques sont de loin les plus spectaculaires des événements naturels destructeurs ; elles fascinent en un mélange de peur et d’admiration. Elles sont beaucoup moins meurtrières qu’on le croit ; depuis que l’on sait à peu près estimer les victimes des catastrophes, le nombre total de celles qu’on leur impute ne dépasse pas 300 000 ; il est loin de celui d’un seul grand séisme, 600 000, ou d’une seule grande inondation, 1 000 000, comme il advient parfois dans de vastes régions très exposées, très peuplées et très vulnérables. Sur l’ensemble du globe, il se produirait une cinquantaine d’éruptions par an, en des endroits peu nombreux, bien inventoriés et sur des surfaces relativement petites ; tous les cinq à dix ans, l’une d’elles peut être très destructrice mais fait généralement peu de victimes sur les quelques éruptions bien documentées qui en ont fait plus de 20 000, seule celle de la montagne Pelée a directement agi par le feu, mais on l’a vu, à la suite d’une ahurissante aberration ; les autres ont agi indirectement, celles du Krakatoa dans le détroit de la Sonde en 1883 et du Nevado del Ruiz en Colombie en 1985, par l’eau, tsunami imprévu aux effets imparables pour la première et lahar attendu aux effets prévus mais pas prévenus pour la seconde, et celle du Laki en 1783, par la famine consécutive aux ravages que d’énormes émissions de gaz et de cendres ont causé à l’écosystème de l’Islande, aggravée par l’isolement et les conditions de vie précaires sur cette île ingrate, en plein Petit âge glaciaire. En effet, à de rares exceptions près, les volcans sont de bonne composition ils préviennent presque toujours avant de se déchaîner ; quand ils le font, rien ne leur résiste évidemment et ils peuvent provoquer des dommages matériels considérables, peut-être dans certains cas à l’échelle planétaire par l’intermédiaire de l’atmosphère. Mais ils ne font des victimes que parce que, consciemment ou non, généralement pour ne pas abandonner leurs biens, elles s’exposent inconsidérément à un danger évident qu’il est pratiquement toujours possible de fuir à temps ; à Pompéi, alors que la plupart des gens étaient partis quand il en était encore temps, certains étaient restés avec leurs biens ou, cupides et inconscients, étaient revenus pour en emporter davantage. On a vu qu’à la suite de l’éruption catastrophique du Vésuve en décembre 1631, une plaque érigée contre un mur du municipio de Portici recommande aux générations futures de fuir sans tarder, même en abandonnant les biens les plus précieux, dès que la montagne présente les signes précurseurs clairement énumérés d’une éruption, grondements, séismes, fumerolles, gerbes de feux... Fig. 1 – Des risques de toutes natures - GÉOGRAPHIE Figure – Les volcans dans le monde Le volcanisme est un phénomène planétaire on trouve des volcans partout dans le monde, mais seulement dans certaines zones-clefs de la tectonique globale, dorsales médio- océaniques, points chauds ou panaches, arcs insulaires de subduction, rifts... En raison de leur morphologie caractéristique, la plupart des volcans, actifs ou non, sont faciles à reconnaître et à localiser ; sur terre, les plus nombreux et les plus actifs sont autour du Pacifique où, entre le Terre de feu et la Nouvelle-Zélande en passant par les Aléoutiennes, ils dessinent une chaîne continue, la Ceinture de feu ; en mer, les dorsales sont en quelque sorte des volcans linéaires qui émergent de loin en loin comme en Islande, aux Açores, à Tristan-da-Cunha, Saint-Paul, Amsterdam... On a inventorié environ 1 500 volcans ; sous la mer, ils sont en fait innombrables ; environ 500 seraient actuellement actifs sur terre, 127 en Indonésie dont 35 sur Java ; une cinquantaine de volcans terrestres seraient particulièrement dangereux, tant en raison de leur type de comportement que de leur localisation à proximité de zones très habitées, voire de grandes villes. Il s’en crée parfois de nouveaux, en des lieux prédisposés, parfois terrestres, plus généralement marins ; en 1943, le Paracutín est ainsi venu au monde dans une région mexicaine parsemée de cônes inactifs ; en 1957, le Capelinhos ajouta une île aux Açores ; en 1963, l’île volcanique de Surtsey émergea au large de la côte sud de l’Islande et à la fin de l’éruption, en 1967, sa surface était de 2 km2 ; attestée depuis 10 av. l’île de Graham émerge épisodiquement entre Panteleria et Sciaccia au SW de la Sicile ; le plus récent est le Kavachi, volcan sous-marin des Salomons occidentales qui a émergé en 2002., Les éruptions volcaniques Un volcan est rarement isolé ; généralement, il fait partie d’une chaîne ou d’une aire plus ou moins vastes dans le sud de l’Italie, entre Panteleria et Naples, ilyal’île épisodique de Graham, l’Etna, le Vulcano, le Stromboli, la chaîne sous-marine du Marsili, le Vésuve, les Champs Phlégréens, sans compter tous ceux qui sont inactifs. - LE PHÉNOMÈNE Le volcanisme est un phénomène de géodynamique interne qui détermine en partie l’évolution du système terrestre ; c’est un des fondements de la théorie de la tectonique globale. Elle permet d’expliquer la répartition des volcans, de comprendre leur comportement éruptif, leur dynamisme. La plupart des volcans explosifs, les plus dangereux, sont dans les zones de subduction et de collision ou sur des marges de rift ; la plupart des effusifs, en général plus spectaculaires que dangereux, sont sur des points chauds océaniques ou sur les dorsales. Dans leurs environs immédiats, les volcans produisent des coulées de lave, des projections de bombes, pierres et cendres, les pyroclastites, des nuées ardentes, des émanations de gaz, des coulées de boue, les lahars... Les grandes éruptions explosives à ingnimbrites peuvent modifier le paysage environnant sur des centaines de km² et altérer plus ou moins le climat de la planète durant quelques mois à quelques années. Ceux qui explosent en mer provoquent des tsunamis particulièrement destructeurs la plus ancienne et sans doute la plus puissante explosion connue est celle du Santorin, en mer Égée, ilyaenviron 3 500 ans ; elle a produit une caldeira en partie sous-marine d’environ 85 km2, a émis au moins 30 km3 de pyroclastite et a provoqué un gigantesque tsunami qui aurait détruit la civilisation minoenne ; depuis environ 200 av. une activité explosive moins violente s’est manifestée au cours d’une quinzaine de périodes ; l’île centrale de Nea Kameni est sortie de l’eau en 1707 par 400 m de fond et l’activité se poursuit actuellement, avec encore une éruption en 1950. La plus puissante explosion historique fut en 1883, celle du Percuatan, le Silencieux ! , sur l’île de Krakatoa ; elle a provoqué l’un des pires tsunamis connus qui a ravagé les rivages du détroit de la Sonde ; à partir de 1923, dans la caldeira d’environ 25 km2 et 270 m de profondeur qui est résulté de l’explosion, son Fils, l’Anak Krakatau dont l’activité est permanente, a émergé ; il accroît constamment sa surface et sa hauteur qui atteint actuellement 200 m au-dessus de l’eau ; il provoque souvent de petits tsunamis. Le mont Fuji est très médiatique mais relativement calme ; il a produit sa dernière éruption en 1707. Le Vésuve est très médiatique et très agité depuis deux millénaires au cours desquels il a produit au moins deux catastrophes en 79 et en 1631 ; pourtant, on ne sait toujours pas très bien comment il fonctionne., 1 – Des risques de toutes natures Figure – Les volcans actifs italiens - FORMES ET COMPORTEMENTS Un volcan est un édifice naturel, terrestre ou sous-marin, produit par l’afflux, à travers la croûte et l’empilement sur la géosphère, de matériaux en fusion et gazeux provenant généralement du manteau, sous hautes température et pression. Sa forme classique est un cône percé par une cheminée axiale débouchant au sommet par un cratère rempli de lave incandescente et duquel s’échappent des fumerolles ; ce n’est pas toujours ni même souvent qu’il se présente ainsi. En fait, volcan » est un terme générique ; il n’en existe pas deux semblables et aucun ne se comporte de la même façon lors d’éruptions successives. Certains ont une activité pratiquement permanente, régulière ou saccadée, d’autres restent assoupis durant des années ou des siècles, voire des millénaires, et se réveillent sans cause apparente, brusquement ou progressivement, de façon anodine ou cataclysmique et demeurent plus ou moins actifs de façon permanente ou intermittente, pendant plus ou moins longtemps. Ainsi, le réveil du Vésuve, qui était assoupi depuis un peu plus d’un millénaire, a été marqué par un séisme violent en 63 ap. ; apparemment éteint, il n’était pas considéré comme un volcan par les Romains avant l’éruption de 79 qui a détruit Pompéi et Herculanum ; par la suite, il eut des éruptions, dont quelques-unes plus ou moins catastrophiques, datées avec plus ou moins d’exactitude et de certitude en 203, 222, 235, 379, 395, 472, 512, 536, 685, 787, 798, 968, 991, 999, 1007, 1036-1037, 1049, 1068, 1138, 1150, 1270, 1347, 1430, 1440, 1568, soit en moyenne une éruption tous les 50 ans,, Les éruptions volcaniques mais pour un retour minimum de 8 ans et maximum de 170 ans. Il semble s’être fait oublier jusqu’en 1631, quand il surprit de nouveau les riverains du fond du golfe de Naples Fig. ; il eut ensuite des éruptions plus ou moins violentes, notamment en 1660, 1694, 1698, 1707, 1712, 1737, 1760, 1767, 1779, 1794, 1822, 1834, 1850, 1858-61, 1868, 1871-72, 1874, 1880-83, 1885-86, 1891-94, 1895-99, 1900-06, 1913-19, 1929, 1932 et 1944, soit en moyenne une éruption tous les 35 ans, mais pour un retour minimum d’un an et maximum de 63 ans. Il est calme depuis plus de 60 ans, ce qui ne veut pas dire qu’il va se déchaîner à nouveau dans quelques années, car aucune prévision statistique n’est possible à partir de cette série d’une cinquantaine d’éruptions en une vingtaine de siècles ; son panache de vapeur, des fumerolles permanentes et des petits séismes fréquents rappellent maintenant qu’il n’est qu’assoupi. Ignorant généralement qu’une éruption du Vésuve serait la pire des catastrophes susceptibles de se produire en Europe, car la région de Naples qui compte près d’un million d’habitants, serait dévastée en quelques heures, les touristes peuvent ainsi compléter leur visite d’Herculanum et de Pompéï par une promenade au fond de sa caldeira. Figure a – Les volcans dans la tectonique globale Il arrive encore, sans que l’on ait pu encore l’expliquer, que des volcans voisins, généralement situés sur un même arc de subduction, entrent en éruption presque en même temps ; ce fut le cas de la Soufrière de Saint-Vincent et de la montagne Pelée en 1902 sur l’arc des Antilles, de l’Unzen sur Kyushu et du Pinatubo sur Luçon, en juin 1991, sur l’arc Japon-Philippines. Un volcan a plus ou moins la forme d’un cône cycloïdal plus ou moins régulier et pentu, souvent drainé par un réseau rayonnant de ravins, dont le sommet est parfois occupé par un lac, enneigé ou même coiffé d’un glacier jusque sous l’Équateur les neiges du Kilimandjaro et les splendides parois glacées de sa caldeira sont célèbres, mais il semble qu’actuellement elles se résorbent à cause du réchauffement climatique cf. environ 75 % depuis 1912., 1 – Des risques de toutes natures Un appareil volcanique résulte de l’accumulation de tout ce qu’il a expulsé lors d’éruptions successives ; la forme d’un volcan dépend donc étroitement de son comportement, conditionné par sa position structurale. Très schématiquement, lors de sa montée, généralement dans une cheminée et/ou à travers un réseau de fissures, depuis une chambre intermédiaire, le magma qui alimente le volcan est plus ou moins modifié par les matériaux, croûte océanique basaltique ou croûte continentale granitique, sédiments, qu’il traverse en les fracturant, ce qui provoque des séismes précurseurs, et qui se mêlent à lui ; ainsi, les volcans de points chauds océaniques produisent presque en permanence des coulées de basalte très fluide, tandis que ceux d’arcs insulaires,

fouiller des glacières ou des machines à glaçons